Ce lundi
matin, à 7h30, comme tous les lundis matins, et désormais les dimanches soirs, et d'autres jours de la semaine, des
citoyens de Nanterre, à l’initiative du Secours catholique, avec le soutien du
MRAP, avaient rendez-vous au 37 rue Ernest Renan, devant le siège de l’entreprise
FACEM, à laquelle la préfecture a dévolu la plate- forme de pré-accueil (PPA)
départementale.
C’est le
passage obligé pour les demandeurs d’asile qui y obtiennent un rendez-vous à un
« guichet-unique » préfecture-OFII, une possibilité de se soigner,
et, après plusieurs semaines, environ 350 euros par mois, puisque qu’ils n’ont
pas le droit de travailler, somme divisée par deux s’ils sont hébergés dans un
Centre d’Accueil pour Demandeurs d’Asile (CADA). Pour survivre, l’aide d’associations
comme le Secours populaire ou le Secours catholique, les initiatives solidaires
de centres sociaux, leur sont indispensables. Une situation peu enviable, mais
espérée souvent depuis des mois par ces exilés qui ont dû quitter leurs pays en
proie à des guerres et/ou des dictatures, à des états de misère. Et beaucoup
ont connu ou connaissent, après un voyage dangereux et éprouvant, en France la
vie de SDF sans cesse délogés par la police, les centres d’hébergement d’urgence
étant débordés.
Depuis plus d’un mois, c’est
dorénavant le Préfet de région qui coordonne, en fonction des fonctionnaires
disponibles dans les préfectures de toute l’Île de France : résultat, le
nombre de personnes prises a diminué ! Les associations proposent qu’un
récépissé numéroté soit donné à toute personne qui se présente à la FACEM, pour
éviter les absurdes et pénibles attentes de la nuit, mais les autorités de l’Etat
refusent. Pour autant, la situation est loin d’être la pire de toutes, dans les
Hauts-de-Seine, où il semble encore préférable de tenter sa chance qu’à Paris,
en Seine-Saint-Denis (départements complètement saturés) ou dans les Yvelines
(département pourtant le moins débordé)…
Ne croyez
pas que ces épreuves passées, toutes et tous obtiendront le statut de réfugiés !
70% seront déboutés : les données de l’OFPRA et de son instance d’appel,
la CNDA, pour 2016, le montrent. Et pour les personnes venues d’Afrique,
toujours très majoritaires dans les files d’attente devant la PPA et dans les CADA du
département, le pourcentage de celles qui obtiennent une protection de la France
est encore plus faible. La majorité deviendra, au bout de plusieurs mois d’angoisse,
des sans-papiers, à expulser le plus vite possible du territoire, selon les décrets
d’application des lois votée en 2015 et 2016 et les directives ministérielles
aux préfectures.
Faire connaître la vérité : un acte de solidarité et de résistance…
Ce matin, à
l’initiative du MRAP, un premier « micro-trottoir » était organisé
avec Radio-Agora. Le but : faire connaître la vérité pour renforcer, élargir
la solidarité citoyenne, interpeller les autorités. Ces enregistrements seront bientôt disponibles sur le site de Radio-Agora.
Ils serviront ensuite de support à une table ronde prévue en mai dans le cadre
du Mois de la Résistance à Nanterre. Le maître d’œuvre bénévole : Chitambo John
Lobe, journaliste zambien, anglophone et francophone, assisté d’un autre
résident -arabophone- du CADA. Car John est lui-même demandeur d’asile…depuis
trois ans ! L’OFPRA a eu plusieurs entretiens avec lui, souvent à sa
demande, qui n’aboutissent à rien malgré les preuves des violences policières
qu’il a subies après son arrestation en Zambie, son état de santé, et le sort
des personnes LGTB qu’il a défendues dans son pays, en tant que journaliste. Curieusement, quand il reçoit une convocation
de l’OFPRA, l’assistance d’un avocat ou d’un associatif, à laquelle la loi de
2015 lui donne droit, est omise. Investi dans la vie associative, John cherche
à financer son inscription à l’université de Nanterre en sciences politiques. Une
pétition vient d’être mise en ligne pour que sa demande d’asile en France soit
enfin prise en compte.
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