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40 mars 2016, Place de la République, Paris

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Nanterre en colère

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En 2017, changeons la politique !

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lundi 6 mars 2017

Avec Radio-Agora, la parole aux demandeurs d'asile


Ce lundi matin, à 7h30,  comme tous les lundis matins, et désormais les dimanches soirs, et d'autres jours de la semaine,  des citoyens de Nanterre, à l’initiative du Secours catholique, avec le soutien du MRAP, avaient rendez-vous au 37 rue Ernest Renan, devant le siège de l’entreprise FACEM, à laquelle la préfecture a dévolu la plate- forme de pré-accueil (PPA) départementale.

C’est le passage obligé pour les demandeurs d’asile qui y obtiennent un rendez-vous à un « guichet-unique » préfecture-OFII, une possibilité de se soigner, et, après plusieurs semaines, environ 350 euros par mois, puisque qu’ils n’ont pas le droit de travailler, somme divisée par deux s’ils sont hébergés dans un Centre d’Accueil pour Demandeurs d’Asile (CADA). Pour survivre, l’aide d’associations comme le Secours populaire ou le Secours catholique, les initiatives solidaires de centres sociaux, leur sont indispensables. Une situation peu enviable, mais espérée souvent depuis des mois par ces exilés qui ont dû quitter leurs pays en proie à des guerres et/ou des dictatures, à des états de misère. Et beaucoup ont connu ou connaissent, après un voyage dangereux et éprouvant, en France la vie de SDF sans cesse délogés par la police, les centres d’hébergement d’urgence étant débordés.


Mais ce matin encore il y a eu peu d’"élus" : douze seulement (lundi dernier c’était sept), environ un quart de ceux qui attendent dès potron-minet, même pas autant que ceux qui ont passé la nuit, là, sur le trottoir, dans le froid et sous la pluie. Les autres devront retenter leur chance les jours ou la semaine suivants.  Les boissons chaudes, les viennoiseries, les fruits offerts par les citoyens de Nanterre, les quelques mots échangés, le sens de l’humain des salariés de la FACEM qui font ce qu’ils peuvent, sont des réconforts. Pour le reste, c’est « la préfecture qui décide » combien pourront être reçus à la PPA pour accéder dans la semaine aux guichets uniques où leur demande d’asile sera enfin enregistrée : on est loin de trois jours écrits dans la loi ! 


Depuis plus d’un mois, c’est dorénavant le Préfet de région qui coordonne, en fonction des fonctionnaires disponibles dans les préfectures de toute l’Île de France : résultat, le nombre de personnes prises a diminué ! Les associations proposent qu’un récépissé numéroté soit donné à toute personne qui se présente à la FACEM, pour éviter les absurdes et pénibles attentes de la nuit, mais les autorités de l’Etat refusent. Pour autant, la situation est loin d’être la pire de toutes, dans les Hauts-de-Seine, où il semble encore préférable de tenter sa chance qu’à Paris, en Seine-Saint-Denis (départements complètement saturés) ou dans les Yvelines (département pourtant le moins débordé)…

Ne croyez pas que ces épreuves passées, toutes et tous obtiendront le statut de réfugiés ! 70% seront déboutés : les données de l’OFPRA et de son instance d’appel, la CNDA, pour 2016, le montrent. Et pour les personnes venues d’Afrique, toujours très majoritaires dans les files d’attente devant la PPA et dans les CADA du département, le pourcentage de celles qui obtiennent une protection de la France est encore plus faible. La majorité deviendra, au bout de plusieurs mois d’angoisse, des sans-papiers, à expulser le plus vite possible du territoire, selon les décrets d’application des lois votée en 2015 et 2016 et les directives ministérielles aux préfectures.

Faire connaître la vérité : un acte de solidarité et de résistance…



Ce matin, à l’initiative du MRAP, un premier « micro-trottoir » était organisé avec Radio-Agora. Le but : faire connaître la vérité pour renforcer, élargir la solidarité citoyenne, interpeller les autorités. Ces enregistrements seront bientôt disponibles sur le site de Radio-Agora. Ils serviront ensuite de support à une table ronde prévue en mai dans le cadre du Mois de la Résistance à Nanterre. Le maître d’œuvre bénévole : Chitambo John Lobe, journaliste zambien, anglophone et francophone, assisté d’un autre résident -arabophone- du CADA. Car John est lui-même demandeur d’asile…depuis trois ans ! L’OFPRA a eu plusieurs entretiens avec lui, souvent à sa demande, qui n’aboutissent à rien malgré les preuves des violences policières qu’il a subies après son arrestation en Zambie, son état de santé, et le sort des personnes LGTB qu’il a défendues dans son pays, en tant que journaliste.  Curieusement, quand il reçoit une convocation de l’OFPRA, l’assistance d’un avocat ou d’un associatif, à laquelle la loi de 2015 lui donne droit, est omise. Investi dans la vie associative, John cherche à financer son inscription à l’université de Nanterre en sciences politiques. Une pétition vient d’être mise en ligne pour que sa demande d’asile en France soit enfin prise en compte.


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