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40 mars 2016, Place de la République, Paris

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mardi 30 août 2016

A l'Université d'été du PCF : Racisme et discriminations selon l’origine


Avec Jean-Luc Primon, docteur en sociologie, maître de conférences au département de Sociologie-Ethnologie de l’université de Nice-Sophia Antipolis ; atelier animé par Maryse Tripier, professeure émérite de sociologie (université Paris 7 -Denis Diderot), membre du bureau de la commission Lutte contre le racisme, pour l’égalité du PCF.

Jean-Luc Primon concentre ses recherches sur la scolarisation et l’accès au monde du travail des « enfants d’immigrés ». Parmi ses publications récentes :
« Les enfants d’immigrés et l’école : un échec scolaire à relativiser », dans Migrations et mutations de la société française (La découverte, 2014) ; Une école discriminante ? (Pleins droits, n°103, 2014) ; présentation du livre Pourquoi moi ? L’expérience des discriminations de François Dubet, Olivier Cousin, Eric Macé, Sandrine Rui (Seuil, 2013) dans la Revue européenne des sciences sociales (2014/1) ; avec Yaël Brinbaum : Parcours scolaires et sentiment d’injustice et de discrimination chez les descendants d’immigrés (Economie et statistiques , 2013).

Il collabore actuellement à l’exploitation de l’enquête statistique Trajectoires et Origines (TeO) de l’Ined et l’Insee, à laquelle il fait référence dans son exposé (2008 ; une nouvelle enquête est programmée pour publication en 2018).



Synthèse de mes notes :

3 idées en introduction :

-       En France, les discriminations sont traitées, avec modération,  à part du racisme, comme des dysfonctionnements d’un système dont la norme serait l’égalité, alors que les discriminations sont structurelles, et que le racisme, mouvant et changeant dans ses formes, n’est pas seulement une idéologie, mais avant tout un rapport social historique de domination.
-       Les discriminations produisent des inégalités matérielles, socio-économiques ; lutter pour l’égalité sociale nécessite de lutter contre les discriminations, le racisme
-       Toutes les discriminations ne sont pas intentionnelles, on peut discriminer sans se référer consciemment à des stéréotypes racistes.



Les études objectives des discriminations (testing ; analyses statistiques ; modèles économétriques) montrent les discriminations dans l’accès à l’emploi au détriment des descendants d’immigrés (surchômage, précarité…). C’est une discrimination sélective (origine européenne/africaine) et genrée (sexisme et racisme interagissent). Il y a segmentation de l’intégration, des destinées, des trajectoires, selon les origines migratoires, au détriment de l’immigration post-coloniale et ses descendants pour lesquels le « creuset français » ne fonctionne plus, contrairement aux originaires de pays européens. 
Les originaires des TOM (déplacement en métropole organisé par l’Etat) et leurs enfants, sont en position intermédiaire quant aux discriminations et à la mobilité sociale ; ils sont sur- représentés dans des emplois non ou peu qualifiés de la fonction publique, auxquels les immigrés étrangers n’ont pas accès.



Les enquêtes de terrain qui permettent de comprendre le rapport subjectif aux discriminations vécues par ceux qui en sont victimes sont rares. L’enquête TeO repose sur un échantillonnage représentatif de 22000 personnes de 18 à 60 ans, immigrées, descendantes d’immigrés, originaires et descendantes d’originaire des DOM vivant en métropole. 75 % déclarent vivre le racisme au quotidien (espace public, école…), ce qui constitue une expérience sociale structurante. Les originaires des DOM sont « altérisés » par un déni de leur « francité » de la part de la « population majoritaire ». Ce sont des causes subjectives de la crise de la référence à la République, perçue comme inégalitaire. Les entretiens montrent des attitudes de déni (pas moi, mais d’autres…) ; de « faire avec », de composition car on sait que « ça peut nous arriver » d’être discriminés (par exemple certains choix de l’intérim, pour se faire un CV) ; et, très minoritaires, des postures critiques, de contestation, parfois d’hostilité en retour à l’égard de la population majoritaire (ce que certains, surtout à droite, dénoncent comme « racisme…anti-blancs »).



Jean-Luc Primon, en fin d’exposé, met en débat des questions soulevées dans la contribution de la commission Lutte contre le racisme, pour l’égalité du PCF, L’antiracisme, un défi à relever ! Celui de l’égalité et de l’unité du peuple ! -  sur lesquelles il donne son opinion.
Faut-il parler de racisme d’Etat en France ? Il est aussi réservé que le texte de la commission. Contrairement par exemple au régime d’apartheid, il n’y a pas de système législatif raciste. Il y a du racisme institutionnel, au quotidien, ensemble de pratiques, d’habitudes non intentionnellement racistes qui le sont en pratique dans leurs conséquences. Mais il y a de plus en plus de législations racistes, des circulaires contre les Roms aux arrêtés anti burkinis, qu’il faut dénoncer et combattre comme telles.
Faut-il parler d’islamophobie comme d’une forme de racisme ? Il le pense, malgré la controverse fallacieuse sur l’origine (coloniale) du mot. Pourquoi sinon ne pas critiquer d’autres termes, comme « antisémitisme » puisque sémite et sémitisme appartiennent au vocabulaire raciste ? Il invite à utiliser le terme islamophobie dans la définition qu’en donne la CNCDH. Plus que " racisme antimusulman", "islamophobie" cible le contenu d’une religion. Mais une critique rationnelle des religions ne peut justifier les discours essentialisant une partie de la population en raison de sa confession religieuse.



 Dans le débat, Jean-Luc Primon revient avec force sur l’idée que la lutte des classes, pour l’égalité, contre le néo-libéralisme anti-égalitaire, ne s’oppose pas, au contraire, à la lutte contre les discriminations, qui produisent de l’inégalité. Comment construire identité et conscience de classe, sans prendre en compte les différences de situations et d’affects que créent les discriminations, les racialisations ? Un accord interprofessionnel de 2006 oblige à une évaluation de l’application de la législation contre les discriminations, mais elle n’a jamais été faite, parce que le MEDEF refuse, et que les organisations, syndicales et politiques, antiracistes, ne sont pas à la hauteur de la mobilisation nécessaire pour l'imposer 

Autant de raisons, comme le dit Fabienne Halloui, animatrice de la commission,  de construire un « antiracisme politique », contre « les discriminations, qui sont une matérialisation du racisme », et d’opposer un discours communiste alternatif, notamment en direction de la jeunesse, contre celui de la droite extrême qui stigmatise une partie de nos concitoyens traités en « français de papiers », et contre celui de l’idéologie islamiste qui leur dit « vous ne serez jamais français, ils ne veulent pas de vous ».


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