Avec Carine Nilès, présidente de l’Amicale
de Châteaubriant-Voves-Rouillé-Aincourt ; Gwenn Herbin, conseillère
municipale déléguée à la mémoire à Nanterre ; animation : Camille
Ducrot, La Revue du projet.
La commémoration du martyr des résistants syndicalistes et
communistes, fusillés par les nazis dans la carrière de Châteaubriant, est un
temps fort du « devoir de mémoire ». Mais le mot « devoir »
est-il le meilleur terme pour exprimer la transmission du souvenir, la fidélité aux combats pour la liberté et l'émancipation humaine ?
Depuis le texte d’Aragon de 1942, Le
témoin des martyrs, le combat continue, et il est politique, au sens le
plus noble du terme, pour que les souvenirs fassent mémoire commune, pour que l’histoire
de la Résistance, sans cesse construite au présent, n’occulte aucun de ses
acteurs, et en particulier les communistes. Le rendez-vous du 75 ème anniversaire,
dimanche 23 octobre 2016, dans la carrière de Châteaubriant, est, dans la
situation que nous vivons en 2016, quand les monstres du passé ressurgissent, de
la plus grande importance pour qui veut en libérer l’avenir.
Carine Nilès, petite fille d’Odette et de Maurice Nilès, est
héritière directe de la résistance communiste.
Gwenn Herbin, très active
militante du Mouvement de la Jeunesse communiste, est, depuis les dernières
élections municipales, à 26 ans, conseillère déléguée à la mémoire à Nanterre.
Le débat a mis l’accent sur l’impérieuse nécessité de la transmission de la mémoire, quand les témoins disparaissent. Aujourd’hui, plus que jamais, résister se conjugue au présent, résistances et mémoires se vivent au pluriel, plus que jamais notre Histoire se construit et s’interroge à de multiples voix, en recherche de sens à l’engagement partisan, en quête de valeurs à vocations universelles pour vivre et lutter ensemble.
Le débat a mis l’accent sur l’impérieuse nécessité de la transmission de la mémoire, quand les témoins disparaissent. Aujourd’hui, plus que jamais, résister se conjugue au présent, résistances et mémoires se vivent au pluriel, plus que jamais notre Histoire se construit et s’interroge à de multiples voix, en recherche de sens à l’engagement partisan, en quête de valeurs à vocations universelles pour vivre et lutter ensemble.
Gwenn Herbin, à l'occasion d'une cérémonie du 8 mai, présente l'exposition Les jeunes et la Résistance au Préfet des Hauts-de-Seine |
L’expérience nanterrienne est de ce point de vue riche, et
pas seulement parce que le Mont-Valérien et la mémoire de ses fusillés dominent
la ville. Depuis deux ans, le 8 mai, on se rassemble à Nanterre, comme à Paris, pour commémorer la victoire
des peuples contre le nazisme, puis le souvenir des massacres coloniaux de
Sétif en Algérie, la même année 1945. Le mois de la Résistance à Nanterre prend
d’année en année de l’ampleur : en 2016, de multiples initiatives préparées
par une multitude d’associations ont essaimé dans les quartiers, avec des
anciens résistants et déportés, leurs descendants, avec des résistants d’aujourd’hui, avec des héritiers de l'immigration coloniale et post coloniale, avec les
cultures et les luttes d’une dizaine d’endroits du monde où le destin de notre XXIéme siècle saigne…
Ecouter l'enregistrement audio des interventions liminaires de Carine Nilès, de Gwenn Herbin, et des conclusions du débat.
Post-scriptum :
Qu’on me permette un ajout , en tant que militant communiste et
responsable local du Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples.
En mai, dans le cadre du Mois de la Résistance à Nanterre, j’ai organisé, avec
le centre social et culturel du quartier populaire où j’habite, une soirée de
lecture-hommage, par la comédienne Eve Dadiès, d’extraits des livres d’Henriette Kermann,
avec la participation de sa fille Yolande Traimond, et de Charles Palant, tous
deux communistes, résistants, déportés.
Parmi les textes lus, ces quelques lignes d’un des derniers grands
discours publics de Charles Palant (Compiègne, 2003), qui parlent toujours au présent pour notre avenir commun :
« Il y a quelques mois, j’étais allé témoigner, comme on dit, dans
un lycée, devant des élèves de classe terminale. Au cours du débat une jeune
fille me posa cette question, récurrente en vérité, entendue bien des fois dans
les mêmes circonstances : « Etiez-vous croyant avant d’être déporté ?
L’êtes-vous resté ou devenu après ? Avez-vous rencontré Dieu dans les
camps ? ». Pas facile de répondre à cette question quand on veut
rester soi-même et, comme il se doit, respecter la sensibilité de qui vous fait
face. Je vais me permettre de rappeler ce qu’a été ma réponse (…)
« Je crois fermement à l’au-delà.
Si je ne croyais pas aussi fermement à l’au-delà, je n’aurais probablement pas
le courage, ni la force de venir devant vous arracher à mon passé douloureux
les souvenirs qui sont les miens. L’au-delà auquel je crois, c’est vous, les garçons
et les filles d’aujourd’hui, vous, les hommes et les femmes de demain qui
devrez – sans distinction de chapelle – élargir et prolonger les pistes que vos
prédécesseurs ont ouvertes vers plus de justice, plus de liberté, plus de
tolérance entre les hommes, plus d’amitié entre le peuples ».
Charles Palant (
1922-2016), Je crois aux matins,
éditions Le Manuscrit, 2010
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire