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40 mars 2016, Place de la République, Paris

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Nanterre en colère

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En 2017, changeons la politique !

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lundi 17 août 2015

Réfugié-e-s, migrant-e-s, travailleurs/travailleuses avec ou sans papiers…Bienvenue à toutes et à tous

Ce billet est mis à jour régulièrement, sous forme de notes ou d'ajouts dans le texte. Les critiques et contributions sont les bienvenues. Pour suivre les mobilisations et les évènements au quotidien, voir des pages facebook, dont la mienne. Des liens permettent d'accéder facilement à des  propositions alternatives élaborées par des associations et des collectifs. Les contribution du PCF, depuis une dizaine d'années, sont publiées sur son site national. Le texte "Migrations, le monde en mouvement", adopté par le congrès de 2006 du PCF, reste une référence qui doit être actualisée. L'Humanité publie régulièrement articles et reportages de qualité .

Samedi 12 septembre, rendez-vous à 18h 
sur le stand du PCF 92
à la fête de l'Humanité
 pour une rencontre fraternelle 


Voici plusieurs années que la noyade est le sort, quand ce n’est pas l’asphyxie à fond de cale,  de milliers, de dizaines de milliers d’hommes , de femmes et d’enfants qui tentent la traversée de la Méditerranée, devenue un véritable cimetière marin. Personne ne peut dire  « Je ne savais pas » : les médias en publient régulièrement le spectacle, le plus souvent quand des survivants sont sauvés. De temps en temps, les souffrances, les blessures, les décès dans les déserts, contre les murs de barbelés, sont évoqués. Mais ces mises à mort-là se passent le plus souvent plus loin de chez nous, car des frontières sont gardées, de l’autre côté de la Méditerranée, par des Etats inféodés pour le faire, sous le chantage d’aides de riches pays d’Europe, qui ne profitent en fait qu’aux dirigeants de ces pays complices.

Quand les phobies tuent la solidarité humaine…

Voici plusieurs mois qu’au plus haut niveau de l’Union Européenne, les chefs d’Etat et de gouvernement, réunis en « sommets », et la Commission, s’inquiètent. Les passeurs sont les responsables désignés à l’opinion : des sommes considérables sont consacrées à renforcer l’armada de guerre contre eux, et il est question de les pouchasser jusqu’en Lybie. Puis des propositions sont faites pour que l’accueil soit réparti par quotas entre tous les Etats, ce que les dirigeants de la plupart d’entre eux, dont le gouvernement français,  refusent  immédiatement. C’est sur les côtes d’Italie et de Grèce que débarquent des milliers de réfugiés, que ces pays se débrouillent ! Gendarmes et policiers ferment le sas avec les pays du sud de l’Europe, de nouveaux murs s’érigent, aux frontières hongroises ou turques… FRONTEX perfectionne ses nouvelles technologies anti-migrants tout autour de l’ « Europe Forteresse ». Plus le passage est « clandestin » et difficile, plus les risques pris sont grands, plus prolifèrent  les mafias, pour lesquelles le passage et la force de travail des réfugiés et migrants ne sont que des marchandises, plus le nombre de vies détruites augmente.
Des associations, des forces politiques, notamment la Gauche Unie Européenne et Les Verts, dénoncent les mesures prises par l’Union Européenne et par la France comme inefficaces et même criminelles. Mais nous n’étions guère nombreux à nous rassembler, à manifester notre douleur et notre solidarité, notre indignation, ce printemps et cet été, même si le nombre d’organisations signant ou soutenant des appels comme Des ponts pas des murs est devenu significatif.


Toutes les propositions, même celles qui ne visent qu’à répondre à l’urgence humanitaire, et seraient possibles à mettre en place sans bouleverser les politiques migratoires de l’Union européenne et des Etats européens, paraissent irréalistes et dangereuses pour la majorité de l’opinion. La hantise de l’ouverture des frontières, la phobie d’être « envahis », ont été ancrées, pas seulement par les abjectes provocations du Front national et de la droite extrêmisée, mais aussi par les discours et la politique de ceux, qui, aujourd’hui au pouvoir, ne rompent pas avec les désastres  du Sarkozysme. L’arrivée de « boat peoples » serait un danger qui nous menacerait ? C’est le premier mensonge à dénoncer.

 Non, ce n’est pas « un appel d’air » venu d’Europe qui expliquerait le – très relatif - afflux de réfugiés qui parvient jusque « chez nous » !

Depuis plusieurs années, le nombre de personnes qui ont fui leur pays augmente. Elles étaient 11,7 millions dans le monde en 2013, recensées par  le Haut Commissariat aux Réfugiés de l’ONU . Ces réfugié-e-s survivent pour la moitié d’entre elles et d’entre eux en Asie, et pour presque un tiers en AfriqueLes guerres sont les premières causes de leurs exodes. Il faut ajouter  les 5 millions de Palestiniens qu’abritent une soixantaine de camps au Moyen Orient. D'autres sources avancent le nombre de 60 millions de réfugiés dans le monde. Leurs exodes, momntanés ou définitifs,  s’arrêtent pour la très grande majorité dans les pays limitrophes, eux-mêmes souvent pauvres et instables C'est une petite minorité qui a les moyens de tenter d'arriver en Europe. Par exemple, en 2015,  sur les 4 millions de réfugiés syriens,  le Liban en accueille 1,5 millions, soit le tiers de la population libanaise. Les Syriens ne sont que 270 000 à avoir fait une demande d’asile en Europe ces dernières années, très peu en France, pays qui refuse de les accueillir.
Le pillage des ressources, les guerres, les dictatures, dont les politiques colonialistes et impérialistes sont les premières responsables, ont mis des contrées entières à feu et à sang. Le nombre de réfugiés et de migrants augmente : comment s’en étonner ? Ce qui doit nous inquiéter, c’est que ceux qui gouvernent en notre nom continuent les mêmes politiques, et prétendent repousser quelques centaines de milliers de leurs victimes,  qui risquent leurs vies en Méditerranée et contre tous les murs de l’ « Europe forteresse ».
216 300 d’entre eux sont parvenus à déposer une demande d’asile en 2014 dans un pays de l’Union Européenne, qui compte 514 millions d’habitants. En France, la même année, seulement 14 589, sur les 45 454 adultes qui l’avaient demandé, sans compter leurs 13 845 enfants,  ont obtenu  un statut de réfugié. Certes, le nombre augmente. 100 000 migrants et réfugiés ont atteint les côtes de la Grèce et de l’Italie entre janvier et juin. La Macédoine, la Serbie...sont débordées par des afflux de réfugiés dans la dernière semaine d'août. L'allemagne s'alarme.  Mais on est loin d’une « invasion » : il faut en finir avec une législation européenne qui assigne, ou condamne à l’enferment et à l’expulsion, le demandeur d’asile dans le premier pays où il est « contrôlé ».(2.bis) (4) Ainsi, répartir l’accueil entre les Etats, et – pourquoi pas –  laisser le réfugié choisir le pays où il veut reconstruire sa vie, apporter son savoir et son travail, serait possible, et une répartition des fonds d’aides de l’UE (2,5 milliards annoncés début août) serait vraiment utile. 

Non au racisme et à la xénophobie



Rien ne saurait justifier
 l'expulsion brutale de campements de migrants et réfugiés à Paris
les indignes conditions de survie des 3000 de Calais
les refoulements illégaux vers l'Italie à Vintimille....

Le gouvernement Valls, avec le soutien des députés socialistes, emboîte le pas à la droite, qui joue la surenchère xénophobe, ce qui contribue  à banaliser les campagnes racistes du FN.
 La loi sur le droit d’asile, comme celle sur les « droits des étrangers », dénoncée par un très large collectif d’associations (1), mais votée par le PS à l’Assemblée nationale,  ne résolvent rien. Elles ne font que renforcer les dispositifs d’ « éloignement » du territoire, ce que confirme la circulaire du 22 juillet. (2)  Depuis 2012, pas plus pour les demandeurs d’asile (2), que pour les travailleurs sans papiers présents depuis des années, que pour les jeunes lycéens, pour les mineurs étrangers isolés, les personnes voulant rejoindre leurs familles,  rien n’a changé, sinon en pire, du côté du gouvernement.
Dans le contexte actuel, c’est la situation de tous les travailleurs  immigrés,  en situation régulière ou pas, et celle de leurs enfants,  qui sont rendues encore plus difficiles. Les pouvoirs publics font preuve d’une incapacité et d’un manque de volonté politique pour accueillir les migrants et réfugiés en détresse qui parviennent à atteindre nos villes. Ceux qui sont arrivés depuis plus longtemps sont eux aussi désignés comme envahisseurs et boucs émissaires. L’amalgame banalisé par la droite et son extrême, les désigne comme d’ « inassimilables » étrangers, impossibles à « intégrer ». Les enfants et petits enfants d’immigrés, qui sont français, surtout s’ils n’appartiennent pas aux couches sociales privilégiées, s’ils vivent dans des quartiers populaires, s’ils souffrent du chômage, des discriminations, de l’exclusion, sont mis dans le même sac. Stigmatisés à cause de leur culture, de leur religion d’origine, réelle ou supposée – l’islamophobie est devenue une des pires formes du racisme – ils sont présentés comme des dangers pour notre « identité  nationale », notre sécurité...Des politiciens se lâchent, passant du banalement raciste « on n’est plus chez nous » à l’appel à l’épuration ethnique : comment comprendre autrement la proposition de revenir au droit du sang, pour l’accès à la nationalité française ? L’air mauvais du temps est aux antipodes des espoirs soulevés par les mobilisations pour le droit de vote à tous les résidents, promesse abandonnée sans combat ni « pédagogie » par Hollande, même pour les municipales. D’ailleurs, il sera encore plus difficile de l’obtenir, la carte de résident (1) !
Plus que jamais, la lutte solidaire avec les réfugiés et les migrants, pour la régularisation des sans- papiers, et la lutte contre le racisme, contre les discriminations que subissent ceux, qui bien qu’installés parmi nous, sont toujours considérés comme des étrangers indésirables, sont à mener de front. (3)

 Ni la dérive du PS, ni les ignominies de la droite « lepénisée », n’empêchent, heureusement, les luttes solidaires.

Ainsi, dans les Hauts-de-Seine, des collectifs rassemblant des centres sociaux, des associations, des citoyens engagés – ou pas – au NPA, à EELV ou au Front de gauche, se sont constitués pour aider des réfugiés hébergés à  Colombes, Nanterre ou Clichy. RESF ne lâche rien, pour qu’à la rentrée tous les enfants, tous les jeunes soient présents, qu’eux et leurs familles aient des papiers. Plusieurs centaines de travailleurs sans papiers, dont des résidents du foyer de Courbevoie, mènent depuis deux mois une grève, avec la CGT,  et ils viennent d’obtenir de premiers succès.

 La fête de l’Humanité sera une occasion de nous rencontrer, entre acteurs de ces luttes diverses et convergentes, de reprendre et poursuivre le débat, pour qu’une politique humaine, avec et pour les migrants, devienne possible.


(1)    Voir l’analyse critique de fond du projet de loi gouvernemental voté à l’assemblée nationale en juillet, dont le site du GISTI donne une synthèse et fournit tous les liens utiles. Non seulement la revendication phare d’une carte de résident de 10 ans pour permettre de sortir de la précarité et une véritable insertion sociale n’a pas été obtenue, mais pratiquement, aucune des remarques et demandes d’amendement n’ont été prises en compte par la majorité des députés, le ministre de l’Intérieur, suivi par les députés socialistes, préférant  polémiquer avec la droite sur son terrain : la fermeté dans l’expulsion des migrants en situation irrégulière. Il est allé jusqu’à faire voter un amendement qui « légalise » l’enfermement des enfants dans les centres de rétention administratifs ! La composition du Sénat ne laisse rien présager de bon quant à la suite des travaux parlementaires, prévus dès la rentrée.
Voir aussi le compte rendu du débat au stand du PCF 92 lors de la fête de l’Humanité 2014, quelques semaines après la publication de la première mouture du projet de loi.

(2)    La loi sur le droit d’asile a été votée surtout pour se mettre en conformité avec les traités européens. L’accélération des procédures (neuf mois au lieu de deux ans en moyenne) serait positive, comme l’accompagnement des demandeurs devant l’OFPRA, ou la volonté affichée de garantir des hébergements,  si des moyens  suivaient. Voir l’interview d’Anicet Le Pors. Mais c’est surtout la facilitation des « éloignements du territoire » des déboutés, qui est la principale préoccupation. La circulaire du 21 juillet, censée répondre à l’urgence d’héberger les réfugiés à Calais et à Paris,  vise aussi et surtout à systématiser les expulsions du territoire.
 Un débat et des avancées concernant la notion d’asile aurait été utile : les textes actuels, obligeant chaque individu à prouver qu’il est personnellement victime ou en danger ne permet guère de faire face à des situations de massacres de masse. A tel point qu’actuellement l’administration hésite à expulser vers des pays tels que le Soudan l’Erythrée ou le Bangladesh des déboutés devenus "sans papiers". Mais ce débat n’a pas eu lieu.
 D’autre part, nombre de déboutés du droit d’asile ou de la protection subsidiaire peuvent être régularisés pour d’autres motifs (famille ou travail). Sous la pression de la droite, qui en fait son cheval de bataille, c’est l’automaticité des reconduites à la frontière qui risque de prévaloir. 

(2 bis) Sur l'Europe et le droit d'asile, une excellente note de ifri vient d'être publiée : pdfhttps://www.ifri.org/sites/default/files/atoms/files/droitasile_tardis.pdf

(3)    Le collectif « Reprenons l’initiative contre les politiques de racialisation » cherche à mobiliser chercheurs, militants politiques, syndicalistes, associatifs, citoyens notamment des quartiers populaires, pour pousser des débats et lever des tabous qui existent y compris dans des associations antiracistes. Il donne toute sa place à la solidarité avec les Roms, en faisant une des questions emblématiques du racisme institutionnalisé (cf le livre d’Eric Fassin : Roms et riverains, une politique municipale de la race). Les Roms sont visés par un article de la loi sur « les droits des étrangers », qui permet l’expulsion, l’interdiction du retour et même l’interdiction de circuler sur le territoire national de ressortissants de l’Union européenne qui « abusent de leur liberté de circulation ». Cet été, comme les mois précédents, une série de démantèlements de campements jette à la rue des centaines de familles roms sans solution autre qu’une errance dans la misère. (voir la pétition pour ceux de La Courneuve, sur le site de La Voix des RRoms).

 (4) le communiqué du PCF après la rencontre de Berlin du 25 août :   http://www.humanite.fr/refugies-europe-un-monde-en-commun-appelle-un-devoir-dhumanite-pcf-582356



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