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40 mars 2016, Place de la République, Paris

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samedi 14 décembre 2013

Avec les anciens de Citroën, la mémoire s'écrit au présent


La soirée du vendredi 13 décembre à l'Agora de Nanterre était de ces moments qui participent à l'élaboration de notre mémoire commune, au récit pour l'Histoire, par nature jamais achevés, et toujours partisans, des combats pour un monde meilleur.
«  L'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire de luttes de classes » : qui pourraient en douter, à écouter les co-auteurs du magnifique ouvrage Citroën par ceux qui l'ont fait (http://www.editionsatelier.com//Editions VO), qui avait été présenté en avant-première à la Fête de l'Humanité 2013.

  
Ce n'est pas un hasard s'ils ont choisi la couleur rouge pour la couverture. L'historien Alexandre Courban, qui a coordonné la réalisation, l'a présenté comme un livre hors norme, résultat de plusieurs mois de rencontres et de kilomètres de courriels échangés avec les acteurs des luttes ouvrières, dont beaucoup ont participé aussi à une vraie recherche dans des archives. Les quelque 220 pages du livre ne sont qu'une quintessence de leurs paroles vives, surtout qu'il fait une large place à des photos et autres documents inédits. Le travail continue d'ailleurs avec l'ouverture d'un site, déjà riche de nouveaux témoignages. Espérons que l'enregistrement intégral des échanges  à Nanterre y sera bientôt.

Une discussion qui rassemble Serge Prouteau, ancien délégué CGT, Alain Villeléger, délégué CGT à Asnières jusqu'en 2010, Michel Laubier, ancien délégué CGT, puis Maire-adjoint de Nanterre et Conseiller général des Hauts-de Seine, Georges Jarry, animateur des grèves de 1968 et secrétaire du CE, ça constitue déjà un précieux passage de mémoires pour les luttes d'aujourd'hui. Ajoutez la présence de Patrick Jarry, actuel maire de Nanterre, de personnalités qui ont marqué les luttes ouvrières, comme Michel Sturaro, qui a fait revivre pour nous les luttes des salariés des fonderies de Courbevoie et de Nanterre, la dure lutte contre la fermeture de Montupet, vous comprendrez combien il est indispensable que toute cette mémoire continue de se construire au présent.

Car l'actualité des propos est frappante. Par exemple l'importance de la mobilisation des travailleurs immigrés, majoritairement maghrébins, leur solidarité, leur courage, malgré la volonté de Citroën de les soumettre comme de la main d'oeuvre servile et jetable.
Ecrivez en français, camarades...
George Jarry se rappelle cette soirée où il était allé voir dans leur chambre, à Puteaux, des travailleurs marocains de Citroën Nanterre. Il les a trouvés faisant une lecture collective. Ils lui ont dit : « Nous sommes touchés que vous écriviez pour nous des tracts en arabe. Mais tu sais la plupart de ceux qui parmi nous savent lire, ils savent lire en français. Alors le titre en arabe, d'accord, mais le texte, camarades, écrivez-le en français ! »
   
Les anciens ont évoqué la violence du patronat, dans les « usines de la peur », les agressions de ses sbires en lien avec le SAC (officine de la droite de l'époque), allant jusqu'à tuer par balle ; les licenciements , ou les pires harcèlements, subis par des délégués CGT et ceux qui leur parlaient trop souvent, après les grandes grèves. Ou les mensonges du patronat, pour faire passer pour des fatalités les fermetures des sites d'Asnières-Gennevilliers, Levallois ou Nanterre...avec des reclassements successifs dans des usines vouées à leur tour à disparaître, comme aujourd'hui Aulnay. A chaque fois des pertes irréparables de savoir-faire.
Mais reste bien vivant aussi le souvenir des solidarités, autour des usines en lutte. Solidarité d'autres salariés, d'autres militants CGT, comme ceux du Crédit Lyonnais, dont témoigne Annick Herbin. Mobilisation de nombreux militants communistes de Nanterre, aux portes de l'entreprise, et pour des actions militantes plus discrètes, comme celle de Maria Ramirez qui traduisait les tracts en espagnol, langue lisible aussi par les immigrés portugais. Solidarité des municipalités, des maires communistes des villes, sans laquelle il aurait été impossible de tenir pendant les occupations ...
Dans la salle, des syndicalistes d'autres entreprises du département sont présents. Parce que dans l'aéronautique aussi des souvenirs précieux pour l'Histoire se mettent en forme, et ceux d'Hispano-Suiza sont déjà publiés – à compte d'auteurs -, précise Pierre Besnière. Le secrétaire de l'Union départementale des syndicats CGT, Denis Renard, a annoncé la constitution d'une équipe pour travailler les archives, recueillir des témoignages sur le travail et les luttes dans les entreprises et les publier. Une initiative indispensable, pour que les habitants des Hauts-de-Seine sachent que la vraie richesse du 92, c'est les femmes et les hommes qui y travaillent, depuis des générations.

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