Le métier de prof est de ceux qui relèvent de la vocation, dit-on. Quoi qu’il en soit, plus d’un an après mon départ en retraite, je suis loin d’être dépassionné par ce qui se passe dans l’Education nationale. Mon choix d’habiter et d’enseigner dans un quartier populaire y est sans doute pour quelque chose. Mes activités citoyennes et politiques m’y font toujours rencontrer élèves et parents. Certaines familles se rappellent les manifestations qui nous rassemblaient, dans les années 1990, pour que notre quartier, notre collège, aient enfin les moyens afférant, à l’époque, à sa reconnaissance comme « Zone d’Education Prioritaire », les engagements professionnels et militants, les espoirs de changer l’école pour que tous les jeunes (« à Nanterre comme à Neuilly ! ») aient réellement droit à la réussite dans les études, les difficultés, les désillusions, de plus en plus nombreuses au fur et à mesure que les choix politiques « néolibéraux » démantelaient nos acquis, supprimaient des postes de prof, aggravaient pauvreté, inégalités et discriminations…
Cette année, la
situation est telle que les personnels du collège où j’ai enseigné plus de
vingt ans n’ont pas d’autre possibilité que de se mettre en grève, dès la
semaine prochaine, pour se faire entendre. Ce soir, elles et ils tiennent une
réunion publique pour en expliquer les raisons. Ils et elles n’en peuvent plus,
la souffrance au travail, l’angoisse pour l’avenir des élèves sont trop fortes,
l’arbitraire, l’autoritarisme, le manque de concertation avec un nouveau chef d’établissement
(un des petits « patrons » auxquels sont donnés tous les pouvoirs dans
des établissements « autonomes » et concurrents ?) qui sévit
depuis un an, entraînent le plus grand désarroi et des conditions de rentrée
invivables.
Et ce ne sont pas
les seuls à être entrés en lutte dès la rentrée. Parents et enseignants de
plusieurs écoles maternelles et primaires des Hauts-de-Seine, et d’ailleurs, ont mené cette semaine ensemble grèves et
occupations, certains ont déjà gagné des
réouvertures de classes. La grève nationale intersyndicale du 27 septembre va
probablement constituer un temps très fort de mobilisation, aucune région,
aucun établissement n’étant épargné par les réformes réactionnaires qui
accroissent inégalités sociales et échecs scolaires, par les conséquences de la
réduction des services publics, particulièrement
sensible avec l’augmentation générale du nombre d’enfants et de jeunes
scolarisés à la rentrée. Fait sans précédent, les syndicats de l’enseignement
privé sous contrat, lui aussi victime de suppression de postes dépendant des
finances publiques, appellent à se joindre au mouvement. Les conditions d’enseignement dans le privé s’alignent
sur celles du public, avec classes surchargées et personnels en nombre insuffisant.
La réflexion et l’action, syndicale, associative et politique, pour construire l’école de l’égalité,
où tous puissent acquérir une culture commune de haut niveau, est partout à l’ordre du
jour.
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