A toutes celles et à tous ceux qui ne pensent pas que la chute du directeur général du FMI constitue la fin de l'histoire (ou de la préhistoire, pour les marxiens puristes) de l'Humanité, qui ne pensent pas que la gauche est orpheline de DSK, bref, à toutes celles et à tous ceux qui sont abasourdi-e-s par l'envahissement des médias par les souffrances du présumé innocent, je conseille,pour en revenir aux questions plus fondamentales, la nouvelle page de Médiapart :
L’affaire Dominique Strauss-Kahn soulève des émotions et des questions assurément légitimes. Au point d’envahir depuis plusieurs jours les principaux médias d’information, autant que l’ont fait les évènements les plus graves quant à l’avenir de l’Humanité ? Stupéfait, je l’ai été, comme tout le monde, et, comme tous les militants de gauche, il m’est aujourd’hui difficile d’amorcer une conversation, politique ou privée, sans que DSK en soit le préambule obligé.
L’affaire Dominique Strauss-Kahn soulève des émotions et des questions assurément légitimes. Au point d’envahir depuis plusieurs jours les principaux médias d’information, autant que l’ont fait les évènements les plus graves quant à l’avenir de l’Humanité ? Stupéfait, je l’ai été, comme tout le monde, et, comme tous les militants de gauche, il m’est aujourd’hui difficile d’amorcer une conversation, politique ou privée, sans que DSK en soit le préambule obligé.
J’évite par principe d’écrire à partir de la médiatisation de faits à
propos desquels, encore moins que les journalistes, je peux avoir les moyens
d’accès à des sources certaines et de vérifier l’information. Surtout quand ces évènements concernent des personnes
humaines mises sur le devant de la société du spectacle contre leur volonté.
Mais il est évident aussi que devant un tel déferlement médiatique, les
personnes humaines et les citoyens que nous sommes sont, comme suite à un
traumatisme, en quelque sorte libérés
par la parole ou détruits par le silence. Donc voici ce que je ressens et
pense.
1.
DSK a droit à la présomption d’innocence, seule
la justice peut établir sa culpabilité ou le déclarer innocent. Certes, la
procédure de la justice des Etats-Unis est différente de celle de la France, et
à mes yeux de citoyen français, la publication de l’image d’un homme entravé et
hagard est choquante.
2.
Cependant, ma première pensée dimanche a été
pour la jeune femme qui a porté plainte pour agression sexuelle et tentative de
viol : aurait-il été facile, en France, de porter plainte, dans une telle
situation, à une employée d’hôtel pour VIP, de surcroît d’origine
immigrée ? Les informations données à ce jour par les médias présentent sa
souffrance, et insistent sur le soutien nécessaire à la victime présumée, à sa
protection contre toutes les pressions et les menaces qu’on imagine. Mon
premier sentiment n’a donc aucune raison de changer.
3.
Je suis consterné et inquiet de lire et
d’entendre des commentateurs, dont certains psychiatres et psychanalystes de
renom, parler d’addiction sexuelle incontrôlable, voir de conduite
autodestructrice, pour qualifier un viol, dans l’hypothèse où il aurait été
commis. Que je sache, un viol est un crime, et relève de tout autre chose que
d’une passion excessive pour les femmes, que de frasques extra conjugales et que de toutes les formes d’attirances
pulsionnelles et de relaxions sexuelles librement consenties entre adultes
consentants. Le viol est un crime qui détruit non pas le violeur, mais sa
victime, femme au statut d’objet sexuel déshumanisé, ce que nos convictions et
engagements féministes dénoncent et
combattent partout dans le monde. Si
pathologie il y a, l’obligation de soin ne saurait dispenser de purger la peine, sauf en cas d’irresponsabilité
relevant d’une démence totale, ce qui ne saurait être le cas ici, si les faits
reprochés étaient avérés.
4.
Les conséquences politiques en France de
l’arrestation de DSK sont dues à la Constitution de la 5éme République, à la
personnalisation quasi dictatoriale du pouvoir d’Etat qui en découle, encore
aggravée par le quinquennat et
l’inversion du calendrier électoral entre les législatives et les
présidentielles, voulus par le Parti socialiste et par la droite en fonction de
calculs politiciens opportunistes. L’innovation des primaires devait
finir de déposséder le peuple citoyen du débat sur les enjeux de fond, désigner d’avance à coups de sondages et de
course à l’audimat un candidat
socialiste, qui aurait écrasé tout autre candidature à gauche.
Pitoyable paradoxe, la justice américaine
vient brutalement de porter un nouveau coup à ce modèle politique inspiré par
les présidentielles à l’américaine. Le danger, c’est que le PS feint de ne pas s’en
apercevoir. Et c’est surtout que la mise en avant de la fille Le Pen , à
laquelle un nouveau créneau est ouvert pour déverser sa démagogie, risque de
rendre encore plus redoutable un piège savamment mis au point depuis des mois.
5.
Tout n’est
pas encore joué. Plus que jamais, la pertinence des propositions du Front de
gauche pour démocratiser les institutions, pour en finir avec le régime du
président tout puissant, pour élire une Assemblée constituante, pour donner aux
citoyens, aux travailleurs, à leurs représentants élus à la proportionnelle,
des pouvoirs nouveaux, sont d’actualité.
Plus que jamais, le débat citoyen impulsé par le front de gauche pour un programme partagé, pour le
rassemblement de toutes les forces de gauche, politiques, syndicales,
associatives, qui veulent construire une véritable alternative, une révolution
citoyenne et démocratique, est d’actualité.
En effet, si l’individu Strauss-Khan a
droit à la présomption d’innocence jusqu’au verdict de la justice, ce n’est pas
le cas du FMI, qu’il dirigeait, pas plus
que celui du Pacte Euro+, concocté par
Sarkozy et Merkel. Les agressions traumatisantes et répétées, contre les
populations d’Europe et du monde, dont ces choix politiques sont responsables et que ces dirigeants du monde des marchés
financiers s’apprêtent à réitérer avec encore plus de violence, sont assurément
à condamner sans appel et à combattre sans merci. Avec le même courage que celui de peuples
d’Amérique latine et de pays arabes.
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