Pourtant, juste avant le sommet de Bruxelles, les travailleurs étaient en grève au Portugal, et samedi en Espagne, après ceux de Grèce, après la grande mobilisation en France contre la réforme des retraites, présentée, d’ailleurs mensongèrement, par Nicolas Sarkozy, comme un nécessaire alignement sur nos partenaires afin de rester compétitifs, dans le cadre de la libre concurrence mondialisée. Pourtant, des manifestations syndicales européennes ont contesté, le 15 décembre, les politiques d’austérité, de régression sociale, qui aggravent la crise qui frappe les peuples, tandis que les profits des capitalistes du CAC 40 et les dividendes des actionnaires n’en souffrent guère.
Au service des marchés financiers
Ce sont pourtant ces politiques antisociales que les chefs d’Etats et de gouvernements voudraient pérenniser par un pacte de stabilité, donnant un droit de contrôle à la commission européenne sur les budgets nationaux , en « contrepartie » de la possibilité de « secourir », par des plans de soutien financier, les Etats que les marchés ne jugent pas assez solvables. C’est pour cela que le sommet de Bruxelles a décidé vendredi une révision du traité de Lisbonne, lequel nous a été imposé par des procédures antidémocratiques, après le rejet du Traité constitutionnel, notamment en France lors du référendum de 2005. Autrement dit : rassurer les marchés financiers, en imposant au nom de l’Europe les restrictions d’investissements publics et les reculs sociaux, en renflouant les banques, tout cela en plein accord avec le FMI, créant ainsi toutes les conditions pour que continue et s’accélère la crise sans fin. Le modèle ultralibéral (au sens économique du terme) qui a présidé à la construction de l’Union européenne révèle son impuissance à agir pour sortir de la crise, parce qu’il a été conçu pour favoriser l’extension mondiale du capitalisme financier, et que c’est ce système capitaliste qui est en crise.
Sortir de l’euro, ou refonder l’Europe ?
Le temps nous paraît bien loin où la construction européenne actuelle pouvait apparaître comme progressiste et protectrice pour les peuples européens, où l’euro pouvait sembler nous mettre à l’abri des spéculateurs. A tel point qu’aujourd’hui, la question de la sortie de l’euro est posée, de la part d’économistes et de militants, qui ont contribué à la victoire du « non de gauche » au référendum de 2005, et entendent se faire entendre dans la construction du rassemblement d’une gauche de transformation sociale. D’autres, parmi les signataires du « manifeste des économistes atterrés », et/ou dans le Front de gauche, qui a lancé ses ateliers pour un programme populaire partagé, refusent une sortie qui déstabiliserait des pays rendus encore plus vulnérables face à la guerre lancée par les marchés financiers. Mais ils avancent des propositions pour changer radicalement le rôle de l’euro, ainsi que de la Banque Centrale Européenne, pour en faire des instruments de coopération, pour financer des crédits utiles pour créer des emplois, pour un développement solidaire et écologique…Et le devenir de l’Euro n’est qu’un des aspects de la crise de l’Europe.
Une initiative citoyenne
L’opposition d’hier entre pro-européens et eurosceptiques, caricaturée par les médias, est dépassée. Comme l’écrit Pierre Laurent, nouveau président du Parti de la gauche européenne, dans un entretien à l’Humanité du 17 décembre : « Débat européen et débat national ne font plus qu’un. Qui peut prétendre changer à gauche sans rouvrir le débat sur l’orientation de la construction européenne ? ». Une grande initiative politique du Parti de la Gauche Européenne est lancée, dès janvier 2011 : une pétition pour un fond de développement social européen, alimenté par une taxation des transactions financières.
REFONDER L’UNION EUROPEENNE
POUR UNE EUROPE AU SERVICE DES PEUPLES
Déclaration de Pierre Laurent, président du Parti de la gauche européenne (PGE), de Marisa Matias, Maïté Mola, Grigore Petrenco et Alexis Tsipras, vice-présidents du Parti de de la gauche européenne, à l’occasion du Sommet des chefs d’Etat (Bruxelles, 17 décembre 2010) La résolution du Sommet de Bruxelles, ce vendredi 17 décembre 2010, enclenche la procédure de révision simplifiée du traité de Lisbonne pour faciliter la mise en place du « Mécanisme européen de stabilité », devant aller au-delà de 2013 et mettant les économies nationales sous tutelle de la BCE et de la Commission. Autrement dit, les premiers dirigeants des États membres acceptent la mise en place des mécanismes de sanction qui visent à intégrer les économies en danger des pays membres dans un système de surveillance, d’austérité permanente et à précariser leur situation sociale. Une telle perspective ne peut pas être adoptée sans que les peuples soient consultés et se prononcent éventuellement par voie référendaire.
Le plan de sauvetage des banques fait aujourd’hui payer la crise du capitalisme financier aux peuples, aux salariés européens, par des politiques d’hyperaustérité, de baisse de salaire, d’augmentation du chômage et de la précarité, et de réductions drastiques des dépenses publiques mises en œuvre par des gouvernements de droite et sociaux-démocrates. La mise en concurrence des peuples nous en connaissons le résultat : l’Union européenne compte déjà plus de 23 millions de chômeurs, 80 millions de pauvres et la mal-vie progresse. Cette progression, sans précédent, de la pauvreté touche particulièrement les femmes et les populations déjà les plus fragilisées. Et, partout, les migrants sont traités de façon indigne et sont victimes de politiques répressives honteuses. Alors que, de toutes parts en Europe, les salariés, les peuples, manifestent explicitement leur rejet de cette politique régressive, le Sommet des chefs d’État entérine une logique de la loi du plus fort qui conduit à aggraver les inégalités entre les peuples et dans chacun de nos pays.
Sortir l’Europe, c’est-à-dire : sortir les peuples, de la crise aiguë que nous traversons exige, tout au contraire, une politique de relance de l’emploi dans nos pays, la souveraineté économique, politique et, donc, budgétaire des États membres et l’activation de mécanismes de solidarité. L’Europe est à la croisée des chemins et le Parti de la gauche européenne, regroupant près de 30 formations politiques de pays membres et non-membres de l’Union européenne, veut contribuer au développement des résistances et à leur convergence pour mettre un coup d’arrêt à ce qui n’est qu’une fuite en avant des dirigeants politiques aux ordres de la finance. Alors que les artisans du traité de Lisbonne contribuent à tuer l’idée européenne, nous, nous voulons au contraire lui donner le sens auquel nos peuples aspirent.
Nous nous félicitons et soutenons pleinement la démarche de la Lettre ouverte à Angela Merkel et Nicolas Sarkozy pour la taxation des transactions financières de15 personnalités européennes syndicales, associatives et d’ONG éminentes (16 décembre).
Nous préconisons également une réorientation des missions de la Banque centrale européenne pour faire reculer la toute puissance des marchés financiers. Le Parti de la gauche européenne entend se saisir (et ce, sans pour autant revenir sur sa position quant au traité de Lisbonne) de l’instrument dit d’« initiative citoyenne », adopté ce 15 décembre par le Parlement, afin d’imposer, au premier plan du débat public européen, l’exigence de la mise ne place d’un Fonds européen de développement social. Un Fonds européen de développement social qui, a contrario du plan dit de stabilisation financière, appuierait les États membres consacrant leurs investissements publics à l’emploi, la formation et la recherche, au développement des services publics et à la réalisation d’infrastructures utiles, en particulier, dans le domaine de l’environnement.
L’euro pourrait devenir un instrument de coopération monétaire entre les peuples et servir à la création et au partage des richesses, au développement partagé et à la satisfaction des besoins sociaux.
C’est par la défense et la conquête de droits sociaux et démocratiques, une totale maîtrise par les peuples de leurs choix économiques et politiques que nous sortirons, par le haut, de la crise actuelle.
Le Parti de la gauche européenne appuie toutes les mobilisations populaires européennes, notamment la grève générale qui s’est déroulée en Grèce et celle qui va se tenir, ce 18 décembre, en Espagne
Paris, le 18 décembre 2010.
Pour en savoir plus sur les analyses et les débats des membres et partenaires du Parti de la Gauche Européenne : la revue Transform'

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire