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40 mars 2016, Place de la République, Paris

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Nanterre en colère

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vendredi 24 septembre 2010

retraites : nous étions des millions de manifestants en France, des centaines de milliers à Paris.




Ridicules sont les déclarations du patron de l’Elysée et de ses ministres féaux pour tenter de faire croire que la lame de fond, soulevée par le mauvais coup de grain qui menace de couler notre droit à la retraite, se serait brisée sur les écueils de la division ou contre la digue de l’obstination de l’UMP à rester insensible aux annonces de tsunami. Pire, une telle irresponsabilité met la République en danger, en avivant le discrédit de tout ce qui incarne le pouvoir politique et les institutions de l’Etat, ce qui donne de l’audience aux populismes, et au lepénisme en particulier. La une du troisième numéro de l’hedomadaire satirique « La Mêche », en kiosque aujourd’hui, titre : « Attentat terroriste sur nos retraites », ce qui se lit comme un cri d’alarme citoyenne sur les  présentoirs quasiment vides de journaux.

dessin : site Rue89

Pour avoir fait la longue marche parisienne de la Bastille à Denfert-Rochereau avec le « deuxième cortège », et observé tout le défilé pour en garder quelques images, comme je l’avais fait le 7 septembre, je puis affirmer que nous étions au moins aussi nombreux hier dans les rues de Paris. J’ai remarqué davantage de banderoles d’entreprises privées, et, avec le cortège de la FSU ou celui de la CGT, plus de manifestants mobilisés de manière unitaire au niveau de leur ville ou de leur établissement. Les rangs des jeunes, avec les organisations lycéennes et étudiantes, derrière la banderole unitaire « La retraite, une affaire de jeunes », mais aussi au sein de cortèges multi-générationnels, s’étaient étoffés. Des professeurs du second degré m’ont expliqué que des collègues qui avaient fait grève les 6 et 7 septembre avaient hésité, n’ayant pas les moyens de « se payer » un troisième jour sans salaire le même mois. D’autres, au contraire, n’avaient pas fait les grèves de rentrée par souci de leurs élèves, mais étaient dans la rue hier. Quel que soit le rythme de mobilisation choisi par chacun, partout la conscience grandit que la réforme néolibérale des retraites est mauvaise, sur le fond, et met à nu un modèle de société de plus en plus injuste et inégalitaire, sans avenir, qui transparaît aussi dans les autres réformes sarkozyennes. Et la volonté de continuer le combat jusqu’au retrait du projet est très largement partagée.
Les suites de l’action 
Mais il relève sans doute du pouvoir arbitraire de Nicolas Sarkozy d’écouter plus les renseignements généraux de la police qu’il contrôle que la colère des citoyens. Toutefois, les sondages d’opinion ont une indéniable tendance à crédibiliser l’analyse syndicale de cette mobilisation. Hier, le sondage Viavoce/Libération montrait que 63% des sondés « se rangeaient aux côtés des manifestants », et que 58,7% étaient « défavorables à l’allongement du nombre d’années de travail nécessaires pour pouvoir partir à la retraite. «Il y a une polarisation sur le report de la retraite à 60 ans, comme le symbole d’un désenchantement économique et social beaucoup plus profond, commentait François-Miquet-Marty. Les voies d’extériorisation de ce malaise ne sont pas si nombreuses, la réforme des retraites en est une.»  Dans l’Humanité, offert aux manifestants sur le pont d’Austerlitz, un sondage CSA leur accordait le soutien ou la sympathie de 68% de l’opinion. L’édition de l’Humanité Dimanche, qui tombait opportunément le même jour, interroge : « Que reste-il de sa légitimité ? » (celle de Sarkozy, bien sûr). Aujourd’hui, sur son site, et demain en kiosque, le quotidien fondé par Jean Jaurès enfonce le clou : « Trois millions, et là ça compte ? »
Dans un tel contexte, l’accord entre les organisations syndicales qui viennent de se réunir ce matin me semble en phase avec les attentes  : une journée de rassemblements et de manifestations samedi 2 octobre, afin de permettre à tous les salariés d’être dans l’action, et une nouvelle journée massive de grève et de manifestations mardi 12 octobre. FO et Solidaires ne sont pas signataires du communiqué commun (ils ne l’étaient pas non plus de l’appel unitaire pour le 7 septembre), mais il n’y a aucun doute à avoir sur leur participation à ces temps forts de l’action, qui pourraient s’articuler avec d’autres formes de lutte jugées indispensables par ces organisations, telles  la grève reconductible, qui pourrait se décider, là où les conditions en sont réunies, par les salariés eux-mêmes.
De la guerre des chiffres 
à la guerre de classe ?

photo : l'Humanité

Le débat qui s’ouvre en séance plénière le 5 octobre au Sénat ne sera donc pas de tout repos pour le gouvernement. Hier, les sénateurs du groupe CRC-SPG donnaient déjà le ton, en accrochant vers 16 heures une banderole devant le siège de la Haute Assemblée. S’il y a peu de surprise à attendre des hommes du président qui y siègent, la question est de savoir si Sarkozy osera y faire museler l’opposition, en faisant clore un débat dont la gauche entend profiter pendant plusieurs semaines afin que le mouvement social continue de s’amplifier. Le coup de force à l’Assemblée nationale a laissé des traces : après avoir boycotté pendant quelques jours les séances plénières, les députés socialistes viennent d’accepter la proposition des communistes de refuser de siéger aux instances de l’Assemblée, notamment à la Conférence des présidents.
Quelles que soient les astuces anti-démocratiques que leur machiavélisme inspirera  à  l’UMP et aux conseillers de l’Elysée, il paraît certain que les votes du Parlement ne pourront pas clore le scandale d’une réforme des retraites imposée à un pays qui la rejette. Le souvenir du CPE, ce contrat de première embauche présenté en 2005 par le premier ministre Dominique de Villepin, qui inscrivait dans la loi la précarité du travail et la réduction des salaires, est dans toutes les têtes. Adopté définitivement le 9 mars, il était retiré le 11 avril tant le mouvement de protestation  prenait de l’ampleur. Le Ministre de l’Intérieur de l’époque expliquait :     « Quand il y a 3 millions de manifestants dans les rues, il faut retirer un projet de loi. » Ce ministre s’appelait Nicolas Sarkozy. Il s’agit aujourd’hui d’empêcher ce petit homme de passer d’une ridicule guerre des chiffres sur le nombre de manifestants à une criminelle guerre de classe.


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