Il y a un an, Christian Sémédo était
assassiné par balle, à une entrée de la cité Horace Vernet qui borde l’avenue
Pablo Picasso, à quelques dizaines de mètres du domicile de ses parents, rue de
la Paix, à Nanterre. Ce jeune père de famille, enfant du quartier qui avait été
élève du collège Evariste Galois, où j’ai enseigné pendant une vingtaine d’années,
était connu pour sa gentillesse. A ce jour, les criminels surgis cagoulés d’une
voiture, qui ont ouvert le feu sur des jeunes, faisant un mort et un blessé, n’ont
pas encore été identifiés. Leur mobile
reste inconnu. L’erreur de cible dans le
cadre d’une fusillade liée au trafic de drogue était l’hypothèse que Le
Parisien avait hâtivement avancée dès le lendemain.
Un collectif impulsé par la famille et des
jeunes, dont un conseiller municipal, s’est mis en place dès le
mois d’août 2015 - « Plus jamais ça ! » -, avec la volonté
de développer le dialogue et la fraternité entre jeunes et entre générations,
interpellant tous les pouvoirs publics pour que le droit à la sécurité soit
assuré quartier du Parc à Nanterre, et partout. La vidéo-surveillance, qui
vient de se mettre en place, aurait pu, selon le commissaire de police qui
participait il y a quelques mois à un conseil de quartier, faire avancer plus
vite l’enquête, - les témoignages n’ouvrant semble-t-il pas de pistes
suffisantes -, mais évidemment pas d’empêcher un tel crime. Spontanément, le
collectif avait mis en avant des revendications plus profondes, en matière de
droit à l’éducation, au travail, au logement, de lutte contre les discriminations,
de reconquête de la politique et de la citoyenneté, avec notamment un plus
grand investissement des élus de proximité, indispensables pour éradiquer les
causes de la perméabilité d’une petite minorité avec des réseaux mafieux et
criminels.
Le crime du mois d’août 2015, précédé et
suivi d’autres tueries, dans les Hauts-de-Seine, en France et dans le monde, n’a
pas été qualifié de terroriste, puisque le prétexte du fanatisme religieux n’a
jamais été avancé et qu’il est des plus improbables. Cela ne doit pas empêcher
la police nationale de mettre tous les moyens possibles pour l’élucider. La
banalisation de l’usage des armes et du mépris de la vie humaine, qu’elle
prenne la forme sordide de la crapulerie ordinaire ou qu’elle se pare d’un
verbiage haineux fascisant, avec ou sans le masque-miroir divinisé d’un
nihilisme meurtrier, met en danger tous les habitants, et en particulier la jeunesse.
Ce vendredi 5 août 2016, si la marche
blanche souhaitée par la famille a été interdite pour des raisons de sécurité
liées à l’état d’urgence, la cérémonie, très émouvante, improvisée sur les
lieux du crime, a rassemblé autour de la famille des habitants du quartier, dont
des paroissiens de Saint-Joseph où une messe à la mémoire de Christian aura lieu
dimanche, de responsables associatifs, dont le MRAP, des maires adjoints
porteurs d’un message personnel du maire. La Conseillère départementale du
canton rattachant ce quartier de Nanterre à Suresnes avait fait envoyer un
bouquet de fleurs blanches. La soirée s’est
prolongée dans une salle municipale, autour de boissons et de nourritures préparées
par la famille et par des habitantes du quartier. Une assemblée nombreuse où se
rencontraient des personnes originaires de plusieurs pays, certaines entre deux
voyages, de nombreux jeunes de Nanterre de toutes croyances et philosophies, des
dizaines d’enfants… et qui constituait une belle manifestation d’amour, de
paix, de fraternité et de solidarité en hommage à Christian.
La famille de Christian va, enfin, être
relogée dans un autre quartier de Nanterre par la Municipalité. Mais pour sa
mère, pour sa famille, pour ses proches, le deuil ne pourra se faire qu’avec l’arrestation
et le procès de ceux qui ont volé la vie de Christian. Pas question d’oublier :
une nouvelle initiative – peut-être, si elle est autorisée, une marche blanche –
est envisagée pour début septembre par le collectif « Plus jamais ça ».
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