Les Nuits debout débordent peu à peu la ceinture du périphérique, tentant d'irriguer la banlieue. Les vagues de la colère ne forment pas encore une marée. Mais comme dans le cours de la Seine, pas si lent, pas si docile qu'il le paraît, on voit que des courants s'agitent. Le fleuve est à l'étroit entre le béton qui l'enserre et retient la puissance de ses eaux vives. La vague de contestation est-elle grosse de la crue du siècle ? Trop tôt sans doute pour le dire.
A Nanterre, c'est de l'Université que ça (re)part, des étudiant-e-s et des salarié-e-s veulent détruire des murs et construire des ponts. Place Gabriel Péri, premier lieu d'amarrage, le 7 mai : c'est un joli nom, camarades, pour explorer de nouveaux possibles, au coeur de la ville, en ce Mois de la Résistance.
L'intégralité de leur appel aux habitant-e-s de Nanterre :
APPEL
A MANIFESTATION SOLIDAIRE LE 7 MAI A NANTERRE
Nous étudiant-e-s et salarié-e-s grévistes de l’Université
Paris X et occupant-e-s, depuis le 21 mars, de l’espace Pierre Reverdy, nous
avons décidé d’interrompre le déroulement normal de l’année scolaire, face à
une situation intolérable, dont l’attaque contre les salarié-e-s par la loi El
Khomri, n’est qu’un élément. Des grèves, des blocages et des manifestations ont
déjà eu lieu, mais nous pensons que les journées d’action à saute-mouton ne
parviendront pas à faire reculer le gouvernement et ce que nous voulons dès maintenant c’est la grève unie jusqu’au
retrait !
Après la journée de manifestation du 28 avril, si le
gouvernement ne recule pas il s’agira de préparer ensemble cette grève !
Il faut maintenant détruire les murs qui séparent la ville de l’université. En
effet l’Université de Nanterre est un lieu isolé qui n’entretient pas de liens
réels avec la ville. Cette forteresse des temps modernes, coincée entre la
Préfecture et l’autoroute, est, à l’instar de la dalle inaccessible de La
Défense, le signe d’une ville où des masses d’étudiant-e-s et de salarié-e-s
peuvent débarquer directement de Paris ou de leur ville dortoir sans jamais
être confronté-e-s à la vie des habitant-e-s.
Pour cette raison, dans le cadre de la contestation
généralisée du capitalisme et des rapports sociaux qui l’accompagnent,
concrétisée par l’assemblée populaire permanente de place de la République à
Paris, nous lançons cet appel aux
salarié-e-s, aux habitant-e-s, et à toutes celles et ceux qui auraient des
revendications à faire valoir à Nanterre
pour participer à une manifestation et une assemblée publique dans la ville aux
côtés des étudiant-e-s grévistes. Il devient crucial de s’approprier
ensemble la politique, parce que la politique n’est pas le jeu électoral et
médiatique qui sert de caution à toutes les injustices que nous subissons :
la politique est le moment où celles et ceux qui souffrent de la domination, l’exploitation,
la marginalisation et la violence se rencontrent et luttent ensemble.
Nous manifestons pour demander le retrait total et sans
condition de la loi El Khomri, parce que nous sommes tous et toute concerné-e-s
lorsque le gouvernement tente de réduire à peau de chagrin notre droit du
travail. En effet, cette réforme instaure essentiellement une inversion de la
hiérarchie des normes, c'est-à-dire qu’elle impose la primauté de l’accord d’entreprise
sur un code du travail valable pour toute entreprise et toute branche, en
individualisant ainsi nos droits, et en les transformant en « droits à la
personne ». Cela a pour conséquence dramatique d’affaiblir et de
précariser les conditions de tout-e salarié-e, désormais soumis aux volontés du
patron, qui pourra lui demander de travailler jusqu’à 48 heures par semaine sur
simple accord d’entreprise.
Nous manifestons aussi pour questionner et critiquer la
manière dont la police nationale est en train d’agir. La violence et la brutalité
gratuite s’étalent sous les yeux de tout le monde. Il suffit de rappeler deux
images : celle du lycéen de quinze ans menotté et matraqué et celle des
CRS qui jettent dans les égouts la nourriture des occupants de la place de la
République. Nous descendons dans les rues pour demander la fin du processus de
militarisation des forces de l’ordre et la fin des violences policières. La
police n’est-elle pas censée protéger tout-e-s au lieu de les agresser lorsque ceux-ci expriment des revendications
pacifiquement ?
Nous croyons que ces mesures gouvernementales nous concernent
tous. Et c’est pour cette raison que nous devons agir dans l’unité et que nous
invitons tout-e-s à organiser ensemble une assemblée publique et une manifestation
le samedi 7 mai 2016. Avec la sincère volonté de faire converger les luttes,
cet appel est avant tout une invitation à nous rencontrer pour discuter tous ensemble
des problèmes et des questions que vous, résident-e-s de Nanterre, salarié-e-s
ou non, aimeriez porter dans la rue.
Il ne s’agit plus de parler pour vous mais de se retrouver
pour parler et lutter ensemble.
Rendez-vous le 7 mai à 16 heures à Nanterre Préfecture et à
18 henres pour l’assemblée place Gabril Péri.
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