Manifestation à Paris, Août 2015 |
Chassés de Paris, suite aux "démantèlements de campements" qui se sont succédés de juin à septembre, des milliers de demandeurs d'asile ont été dispersés en Île-de-France. Des centres d'hébergement improvisés devaient les accueillir pour un mois. En réalité, l'administration est débordée, les demandes d'asile sont enregistrées au compte-goutte, les conditions de survie sont déplorables, et seule la solidarité citoyenne, associative et populaire est à la hauteur du devoir d'hospitalité. Par exemple à Nanterre et à Suresnes, dans les Hauts-de-Seine, où les demandeurs d'asile sont en majorité africains, soudanais ou érythréens.
Les
demandeurs d'asile sont toujours incertains de leur sort...
Le
21 août, dans les Hauts-de-Seine, selon la préfecture, parmi les
182 « réfugiés et migrants » qui étaient arrivés
depuis juin à Nanterre, Clichy, Colombes et Malakoff, chassés de
Paris, il n'en restait que 106. Mais seulement 34 avaient été admis
dans des Centres d'Accueil pour Demandeurs d'Asile, et seront donc
entendus par l'OFPRA. 25% des autres relevaient du traité de Dublin,
soupçonnés d'avoir laissé une trace de leur passage dans un autre
pays européen, où ils risquent alors d'être reconduits. Si un
assouplissement semble se dessiner pour les Syriens, ce n'est pas le
cas pour les autres, dont les Soudanais, les Erythréens, les
Tchadiens, qui contituent la majorité de ceux qui sont hébergés
dans le 92...20% avaient détruit leurs empreintes digitales, il faut
donc « attendre qu'elles redeviennent lisibles »...2
mineurs avaient été pris en charge par l'Aide Sociale à l'Enfance.
Les autres réfugiés et
migrants étaient
« partis pour d'autres projets personnels en France ou dans
d'autres pays » (sic!). Bien sûr, un mois après, ces
chiffres sont dépassés, il y a beaucoup de nouvelles arrivées,
d'autres villes du département sont concernées. L'administration
est de plus en plus débordée. Mais le bilan du 21 août est
révélateur de la manière dont sont traités ces « réfugiés
et migrants », qui ont dû s'exiler de leurs pays en proie aux
guerres, aux massacres, aux dictatures, à la misère...
Mobilisation
des associations et des citoyens de Nanterre
"J'ai
frôlé la mort plusieurs fois avant d'arriver ici. Mais c'est
maintenant que je me sens le plus près de la mort. Pas d'autonomie,
je perds ce qui fait la dignité de l'être humain, le sens de la vie
humaine" :
paroles d'un demandeur d'asile soudanais hébergé au CASH, à la
réunion du 23 septembre, qui a fait salle comble au Petit-Nanterre.
Il
est, depuis plus de trois mois, comme la plupart, en attente que sa
demande d'asile soit prise en compte, pourvu que le traité de Dublin
ne l' empêche pas, que le Soudan n'entre pas dans la liste des "pays
sûrs" qu'établissent nos chefs d'Etats, gouvernant l'Union
européenne du haut de leur "forteresse".... Ils sont
encore plus d' une cinquantaine hébergés au CASH de Nanterre, en
majorité Soudanais ou Erythréens, certains présents depuis juin,
d'autres depuis une semaine, tous chassés des campements de Paris,
surtout du 18ème arrondissement. Seule la solidarité humanitaire
des associatifs, des habitants du Petit Nanterre, leur permet de
tenir...D'autres sont disséminés dans des foyers de la ville,
quelques uns seulement sont dans des centres d'accueil pour
demandeurs d'asile (CADA), la Préfecture ayant accepté leurs
demandes, ce qui ne veut pas dire que l'OFPRA leur accordera le
statut de réfugiés ! (75% de refus en 2014). Selon la
Municipalité, ils seraient en tout environ 200 à Nanterre. La
réunion a fait du bien : ils vont rédiger leurs revendications, une
délégation commune à la préfecture, si possible départementale,
si on parvient à retisser un réseau entre tous ceux qui sont
éparpillés dans plusieurs villes, se prépare. La priorité : des
papiers pour tous ! et aussi apprendre le français, être admis à
la fac de Nanterre (plusieurs, anglophones, sont du niveau master).
L'appel au bénévolat pour des cours d'alphabétisation et de
Français Langue Etrangère, des accompagnements pour des soins
médicaux, pour le dépôt et le suivi des dossiers , pour des dons
alimentaires et la confection de repas, la collecte et le tri des
vêtements (pour hommes uniquement) ....est lancé depuis le début
de l'été. Des dizaines d'organisations, plusieurs centres sociaux
et culturels se mobilisent. Leur « Q G » commun :
Centre
Valérie Méot, 5 place des Iris. L'association de gestion des
centres sociaux du Petit Nanterre coordonne, en lien aussi avec le collectif de Colombes. Contact :
asso@cspn.fr
, 01 46 52 59 00
Le
quartier du Petit-Colombes se mobilise avec son centre social
Ambiance
fraternelle jeudi 24 septembre, au 213 rue Colbert, où plusieurs
dizaines de « réfugiés », autour d'un thé, d'un café
ou d'une collation, font le bilan des actions solidaires de l'été
et en préparent d'autres, avec des.militants associatifs, de
« simples citoyens » du quartier.
En
tant que président du comité du MRAP de Nanterre , m'efforçant, avec d'autres, de
faire le lien avec la réunion de la veille à Nanterre, j'ai insisté
sur la nécessité de nous mobiiser sur la régularisation des
"réfugiés", de constituer un réseau départemental pour
être plus forts en demandant ensemble une rencontre à la
préfecture. J'ai insisté sur l'importance de garder le lien aussi
avec les soutiens de Paris, et j'ai donné les coordonnées du
collectif Paris 13ème, qui travaille au suivi des personnes chassées
de leur arrondissement la semaine dernière, à celui des 11
Soudanais amenés là par la police après l'expulsion du campement
sous le pont d'Austerlitz, qui parlait anglais, beaucoup mieux que
moi, ainsi bien sûr qu'à tout le réseau de soutiens .Assez bon
accueil de la proposition de manif du 4 octobre à Paris rappelée
par un militant NPA venu d'Asnières. Mais c'est à discuter dans les
instances de chaque orga, et les décisions seront prises avec les
migrants eux-mêmes.
Les
nombreuses associations présentes travaillent surtout sur l'aide
humanitaire, des initiatives conviviales et culturelles, l'
apprentissage du français , toutes les occasions de rencontres avec
la population (par exemple la participation des « réfugiés »
à une brocante a permis de collecter 700 euros et de rencontrer des
« personnalités » de la ville). Heureusement qu'un élan
populaire de solidarité existe, et que dès le début de l'été, le
centre social l'a organisé, avec l'appui d'associations comme
l'ASTI, expérimentée dans le soutien des sans-papiers pour leur
régularisation ! Pour les 40 soudanais et Erythréens du foyer
Adoma, c'est vital : seulement 4 euros par jour pour se nourrir,
acheter des produits d'entretien (c'est à eux de faire le ménage de
leur bâtiment ), des produits d'hygiène, des vêtements...Collectes
et soutien financiers indispensables, puisque les institutions font
si mal leur boulot. Seulement 3 des migrants présents et domiciliés
ici depuis plus de 3 mois ont l'Aide Médicale d'Etat. Donc
accompagnement à l'hôpital pour soins, grace au système PASS, mais
restes à charge (à payer par les citoyens solidaires ?).
Domiciliations à la Croix rouge de Gennevilliers, ce qui est
absurde : d'où des retards de renouvellements par manque de
suivi avec ADOMA qui héberge, mais ne veut pas domiciler...
Problème pour se déplacer : les ticket ne sont délivrés que pour
des démarches administratives exigées par l'administration, alors
les amendes pleuvent... Le crédit qui vient d'être voté par le
Conseil Régional pour l'aide aux « réfugiés » devrait
donc servir en priorité à acheter des titres de transports, où,
pourquoi pas, ce serait plus pratique, à financer directement auprès
du STIF la gratuité des transports pour eux ! On attend peu de
chose de la municipalité de droite de Colombes, et c'est sans
illusion que l'opposition municipale, représentée à la réunion
par une conseillère socialiste, met en débat un vœu mardi
prochain.
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