Moment fort de la soirée électorale à
Nanterre : Nadine Garcia, conseillère générale sortante, remet son écharpe à Laureen Genthon, dont elle
est désormais la suppléante. La jeune militante communiste, habitante du
quartier du Parc-sud, vient d’être élue Conseillère départementale en binôme avec
le maire, Patrick Jarry. (Voir
les résultats de tous les bureaux de vote de Nanterre dans les deux cantons.)
C’est une des six étoiles rouges qui
scintillent dans la nuit bleue des Hauts-de-Seine, où la chute du PS permet à la
droite de renforcer sa mainmise. Marie-Héléne Amiable et Pierre Ouzoulias (PCF
Front de gauche) ont battu l’UMP à Bagneux/Bourg-la-Reine avec 54,3 % des
suffrages exprimés. Elsa Faucillon et Gabriel Massou (PCF-Front de gauche) ont
réalisé « le plus beau score du
département » (Le Parisien) : 75,9% à Gennevilliers/Villeneuve-la-Garenne
contre le FN.
Nanterre ne
veut pas de l’UMP
Dans le premier canton de Nanterre,
Laureen Genthon et Patrick Jarry réalisent 63,7 % des suffrages exprimés. Malgré un taux d’abstention très élevé
(seulement 37,7 % de participation, contre 40, 8 % au premier tour), et près de
600 bulletins blancs et nuls, elle et il
obtiennent 104,6 % du total des voix de la gauche au premier tour (2). Le tandem UMP n’est majoritaire
que dans 2 bureaux de cette circonscription (1), et dans quatre bureaux du deuxième canton, tous situés dans le quartier du
Plateau-Mont-Valérien. L’UMP est battue
dans les bureaux du centre-ville où la droite était en tête dans la plupart des
scrutins précédents.
Dans le canton 2 Nanterre-Suresnes,
Habiba Bigdade et Antoine Seguin, devenu-e-s les candidat-e-s du « rassemblement
républicain de la gauche, du centre et des écologistes », ont obtenu 57,71
% des suffrages exprimés dans les bureaux de Nanterre. Malgré un taux d’abstention très
élevé (seulement 35, 3 % de participation, contre 38,2 % au premier tour), et
près de 500 bulletins blancs et nuls, elle et il obtiennent 99,8 % du total des
voix de la gauche au premier tour (101,4 % dans les bureaux de Suresnes) (2). C’est dans le bureau 46, où je
vote, avec mes voisins des tours Aillaud, que leur score est le meilleur du
canton : 72, 1 % des suffrages exprimés. Mais seulement 26,1 % des
électeurs inscrits se sont déplacés (30% au premier tour), et il y a eu 19
blancs et nuls (18 au premier tour). Le binôme a réalisé 168 voix (96 % du
total de la gauche au premier tour). Dans le bureau 47, situé dans le même groupe
scolaire, où votent d’autres habitants des Tours Aillaud avec certains de leurs
voisins du boulevard Pesaro, Habiba Bigdade et Antoine Seguin réalisent 183
voix (66,1% des exprimés) , soit 104,5 % du total de la gauche au premier tour,
avec le même taux de participation (27,4%) et 19 bulletins blancs et nuls (15
au premier tour).
Mais c’est, sans surprise, le duo UMP
Camille Bedin/ Christian Dupuis, maire de Suresnes, qui l’emporte (42,3 % à Nanterre ; 67,5 % à
Suresnes ; 59,3 % sur le canton). Ainsi, le charcutage des cantons, voulu
par le PS, dans l’espoir de renforcer le « bipartisme » et de prendre des sièges au Front de gauche, se
traduit, à Nanterre aussi, par la perte d’un siège pour la gauche : il y
avait en effet trois conseillers généraux communistes élus en 2008 et 2011 dans
notre ville. Et des conseillers départementaux UMP, bien qu’ils y soient minoritaires,
auront un point d’appui pour établir un réseau clientéliste dans le quartier
populaire du Parc. Surtout que la droite UMP/UDI, à cause de la politique
désastreuse du gouvernement Valls-Macron, renforce son emprise sur les
Hauts-de-Seine, avec 38 conseillers
départementaux de droite sur 46 sièges.
La lourde
défaite du PS appelle à changer la politique
Certes, le
charcutage électoral a permis au PS de faire élire à Montrouge-Malakoff les
deux seuls Conseillers départementaux socialistes du 92 (contre 7 dans la
mandature précédente). Mais c’est au détriment du PCF-Front de gauche qui avait
une conseillère générale élue à Malakoff ! (3) Et surtout cela pèse peu, face
à la débâcle électorale nationale du PS, avec dans les Hauts-de-Seine de nouvelles lourdes défaites, après celles
des municipales, dans des villes emblématiques comme Clichy-la Garenne ou
Colombes. Et il entraîne dans sa chute d’autres forces de gauche et
écologistes.
Appeler, au lendemain de cette déroute électorale du PS, au
rassemblement national contre l’UMP et le FN ne sert à rien d’autre qu’à faire
grandir l’abstention et le dégoût de la politique, si les socialistes au
pouvoir s’obstinent à défendre et imposer une politique d’austérité, de reculs sociaux,
d’abandon des valeurs et des luttes de la gauche, qui aggrave la misère et le désarroi, et qui,
loin de permettre de sortir de la crise, mène le pays à la catastrophe.
Avec les
points d’appui que constituent les élu-e-s Front de gauche dans les
municipalités, les départements (4), les régions, au Parlement, avec toutes les forces
de gauche et écologistes qui ne se résignent pas à de nouvelles défaites et de
nouvelles régressions annoncées, avec des syndicalistes, des associatifs, des
citoyennes et des citoyens, il est urgent de construire une alternative. Et les
communistes ne sont pas les seuls à y appeler ! Il est urgent d’ouvrir des
chantiers de l’espoir. Il est urgent d’inventer une véritable démocratie, de
créer partout des espaces de rencontre et de mobilisation, de bouleverser la politique
pour que partout le peuple, dans sa diversité, l’investisse.
(1)
J’exclus de l’analyse des résultats à
Nanterre l’atypique bureau 14 (école Joinville) qui concerne la caserne dite de
la Garde républicaine. A noter cependant que 120 de ces militaires ont voté FN
le 22 mars (52,8 % des suffrages exprimés, avec un taux de participation de
39,3 %). Le 29 mars, c’est chez ces encasernés que l’UMP a fait son plus fort
score, avec 118 voix (67,82% des suffrages exprimés, avec un taux de participation
de 28,6 %, un des plus faibles de la commune). Le civisme de la Grande Muette n’est
pas un modèle…
(2)
La question du « report des voix »
au second tour est toujours complexe. Ainsi, par exemple, me retrouvant
assesseur dimanche dernier au 39e bureau (école des pâquerettes au Petit
Nanterre), j’ai constaté qu’environ la moitié des électeurs venus voter ne l’avaient
pas fait au premier tour. Le taux de participation, parmi les plus faibles de
la ville, n’a pas changé de manière
significative entre le 22 (27,6 %) et le 29 (28,5 %). Les scores des candidats
n’avaient rien de surprenant par rapport aux totaux de leurs « camps »
respectifs au premier tour. Je ne sais
pas si on peut extrapoler pour les autres bureaux de vote. Cela confirmerait qu’en
dehors d’une mouvance militante, très minoritaire, les raisons d’aller voter ou
pas sont diverses, et, si j’en crois quelques conversations de sortie de bureau
de vote, souvent liées, pour ceux qui votent souvent, à des contingences personnelles sans rapport
avec les choix politiques, surtout quand il n’y a guère d’incertitude quant au
résultat probable, et/ou que l’enjeu de ce scrutin-là ne semble pas essentiel. Ce
serait une étude à faire.
Bien sûr, autre chose est le refus de
participer aux élections comme forme d’expression contre l’offre politique
proposée ou « le système », qui semble partagé par une forte
proportion des électeurs inscrits dans les quartiers populaires, et est
assurément majoritaire, si on ajoute ceux qui, bien qu’ayant le droit de le
faire, ne s’inscrivent pas, volontairement, sur la liste électorale de la
commune. Le nombre relativement faible de bulletins blancs (10) ou annulés
volontairement (8), au bureau 39, comme dans les autres, montre que la récente « prise
en compte » du vote blanc dans la proclamation des résultats, sans que cela
pénalise les scores officiels et médiatisés des candidats toujours calculés par
rapport aux suffrages exprimés, ne
change strictement rien à l’abstentionnisme volontaire et devenu « structurel ».
Pas plus que les bavardages récurrents sur l’obligation qu’il faudrait de
voter, souvent à connotation autoritariste et répressive, ne saurait résoudre
la crise de la politique et la mise à mal de la démocratie par la soumission
des politiques imposées aux peuples et au mépris de leurs votes, aux intérêts
des profiteurs de « la main invisible du marché » capitaliste.
(3) Au delà de la mise en commun de Montrouge avec Malakoff qui a permis au PS de gagner le nouveau canton, il est intéressant de noter que sur la circonscription la gauche anti-austéritaire avec le regroupement FdG EELV sur Malakoff-Montrouge et la liste FDG à Bagneux est la première force à gauche sur la circonscription:
(3) Au delà de la mise en commun de Montrouge avec Malakoff qui a permis au PS de gagner le nouveau canton, il est intéressant de noter que sur la circonscription la gauche anti-austéritaire avec le regroupement FdG EELV sur Malakoff-Montrouge et la liste FDG à Bagneux est la première force à gauche sur la circonscription:
3422 ( Malakoff) + 1816 (Montrouge) + 4257 ( Bagneux ) = 9495
contre pour le PS:
2226 ( Malakoff) + 4132 ( Montrouge)
+ 1166 (Bagneux) = 7524 (message du Front de gauche Malakoff)
(4) " A l'issue du second tour des élections départementales, le Front de gauche comptent 176 conseillers départementaux en métropole, dont 167 PCF et apparentés. Le PCF et le Front de gauche sont donc la 3ème force politique en terme d'élus, derrière l'UMP-l'UDI, le PS, et loin devant le FN.
2 fois sur 3, lorsqu'un binôme FDG était présent au 2ème tour, il l'a emporté, témoignant ainsi de la grande capacité de rassemblement de nos candidats.
Le Val-de-Marne que beaucoup de commentateurs de la vie politique annonçaient comme perdu pour la gauche, garde sa majorité et une présidence communiste. C'est une politique de progrès social au service de ses habitants qui est ainsi confirmée dans les urnes." (déclaration du PCF, 30 mars 2015)
2 fois sur 3, lorsqu'un binôme FDG était présent au 2ème tour, il l'a emporté, témoignant ainsi de la grande capacité de rassemblement de nos candidats.
Le Val-de-Marne que beaucoup de commentateurs de la vie politique annonçaient comme perdu pour la gauche, garde sa majorité et une présidence communiste. C'est une politique de progrès social au service de ses habitants qui est ainsi confirmée dans les urnes." (déclaration du PCF, 30 mars 2015)
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