Le 5 mai, le meeting départemental du Front de gauche, à Nanterre, rassemblait des centaines de militants. 20 jours après, les résultats n'étaient pas au rendez-vous. |
Le Front de gauche,
aux bureaux 46 et 47, où sont inscrits
le plus grand nombre des habitants des Tours Aillaud, réalise, on l’a vu, un score décevant :
13,81 % et 13,31 % des exprimés (ce qui correspond à seulement 66 voix), en
troisième position, après le FN et le PS. Dans le quartier du Parc, c’est dans
des bureaux de la partie « sud » : Picasso (19,57 %), Decour B
(19,21 %), Robespierre (19,21 %), que le
FdG obtient les meilleurs pourcentages, de 5 à 8 points au-dessus des bureaux
du « Parc nord ».
Dans d’autres bureaux de la ville le FdG atteint des scores
parfois beaucoup plus importants par rapport aux exprimés : école des Pâquerettes
préau (31,25 %), Hôtel de Ville 1 (28,21 %), La Fontaine B (25,88 %), Jules
Ferry maternelle (25,30 %), Voltaire B (22,73 %), Pâquerettes primaire (22,46
%). Mais ce sont des bureaux dans lesquels l’abstention est, comme dans le
quartier « Parc sud », particulièrement forte (à l’exception des
bureaux Hôtel de ville 1 et Jules Ferry maternelle, où elle l’est légèrement
moins que la moyenne de la ville).
Dans 7 bureaux du centre-ville et du Plateau-Mont Valérien,
le FdG est à moins de 10 %, son plus mauvais score étant de 6,14 %, salle de
quartier Romain Rolland (1) (2)
A Nanterre, un tel résultat
est le plus faible de toutes les élections passées. Avec 13,54 % des exprimés,
le FdG arrive en 4ème position, derrière le PS (16,38 %), le FN
(16,21 %), l’UMP (14,10 %), devant EELV (10,68 %). En 2009, le FdG, avec 15,09
%, était en 3ème position, derrière EELV (19,47 %), l’UMP (18,14
%), devant le PS (14,27 %). Nanterre fait partie des 6 villes, sur les 36
communes du département, où le FdG perd en voix et en pourcentage par rapport à
2009, alors qu’il progresse ou est quasiment stable dans les autres.
(1)
Je ne tiens pas compte ici du vote de
la caserne dite de la Garde Républicaine (bureau Joinville): 3,36 % pour
le FdG ; 2,24 % pour le PS ; 49,25 % pour le FN… et plus de 60 % des
707 inscrits se sont abstenus.
(2)
Voir tous les résultats de Nanterre bureau par bureau.
Comparaison entre les 8 villes des Hauts-de-Seine où le
Front de gauche a obtenu des scores supérieurs à la moyenne régionale (6,55 %) :
Inscrits
|
Expri
més
|
Résultat
2014
FdG
|
2014/
2009
|
|
Gennevilliers
|
20 578
|
6001
|
1863 voix,
31,04 %
|
- 27 voix,
+ 2,27 %
|
Malakoff
|
19 114
|
8671
|
1803 voix,
21,32
%
|
- 1 voix,
-0,01 %
|
Bagneux
|
20 989
|
7220
|
1512 voix,
20,94 %
|
+ 341 voix,
+ 1,7 %
|
Nanterre
|
46 134
|
15 905
|
2154 voix,
13,54 %
|
- 184 voix,
- 1,55 %
|
Villeneuve
|
12 429
|
3104
|
251 voix,
8,09
%
|
+ 42
voix,
+ 1,82 %
|
Clichy
|
30 643
|
11 098
|
876 voix,
7,89 %
|
+ 227 voix,
+ 1,89 %
|
Fontenay
|
15 279
|
7169
|
536 voix,
7,48 %
|
+ 72
voix,
+1,21 %
|
Châtenay
|
18 345
|
8116
|
594 voix,
7,32 %
|
+ 153 voix,
+ 1,7 %
|
Hauts-de-Seine
|
954 577
|
437 356
|
23 869,
5,46 %
|
+ 1589 voix,
+ 0,06 %
|
C’est, sans surprise, dans les 3 villes du département, Gennevilliers, Malakoff et Bagneux, dont le maire est militant au PCF, que le FdG, malgré un taux d’abstention très élevé, s’affirme comme première force politique.
C’est vrai aussi dans
d’autres villes de la région parisienne, comme Ivry (abstention : 62,44 %), avec 22,46 %, devant le PS (15,96
%) et le FN (13,22 %) ; Valenton
(abstention : 73,22 %), avec 31,85 %, devant le FN (21,02 %) et le PS (10,25
%) ; Saint-Denis (abstention :
74,26 %), avec 19,77 %, devant le PS (15,78 %) et le FN (15,58 %), ou Aubervilliers (abstention : 74,98
%), avec 22,47 %, devant le FN (20,76 %) et le PS (13,49 %).
Il n’est pas très étonnant qu’EELV avec 20,25 %, soit en
tête à Montreuil (abstention : 63,77
%), devant le FdG (17,9 %), le PS (13,33 %) et le FN (11,65 %). D’autres situations sont beaucoup
plus préoccupantes : La Courneuve
( abstention : 75,01), avec le FN (20,52 %) devant le FdG (19,79 %), et le
PS (19,35 %) ; Vitry (abstention :
68,75 %), avec le FN (17,96 %) devant le FdG (17,04 %) et le PS (16,21 %) ;
ou encore Bezons (abstention : 66,69
%), où le FN (22,49 %) est devant le FdG (18,73 %), et l’UMP (15,37 %) devant
le PS (12,07 %).
Nanterre a des
résultats atypiques. Quand le taux d’abstention
rend décisive la mobilisation militante des forces politiques dans la proximité
pour gagner les voix « une par une », il semble évident que celle du
Front de gauche a été en deçà de son potentiel. Par exemple, dans le
quartier du Parc (ses parties nord et sud concentrent le quart de la population
de la ville), aucun élu n’a participé sur le terrain à la campagne du Front de
gauche (il n’y a plus dans ce quartier d’élus municipaux PCF). Dans le groupe « communiste
et initiatives citoyennes », des élus n’ont pas caché leur préférence personnelle
pour d’autres listes, ou leur désintérêt pour cette élection. Quelques
militants du Front de gauche, mal remis de divergences au moment des
municipales, se sont abstenus, au moins de faire campagne. Si le maire, la
députée, les conseillères régionale et générales, d’autres élus municipaux, ont
appelé à voter FdG, c’est Nanterre-perspectives, publication de la section du
PCF, distribué à un peu plus de 10 000 exemplaires, qui l’a fait connaître
largement : ce qui ne rendait guère évidente ni mobilisatrice une
dynamique diversité du Front de gauche, par exemple dans un quartier comme celui
du Parc où les militants communistes étaient seuls visiblement en campagne.
D’autres
facteurs, qui sont à rechercher dans une analyse de modifications sociologiques
d’une population en sensible augmentation, jouent sans doute un rôle dans la
modification des cultures politiques.
Faisons l’hypothèse
que des particularités locales aient pu jouer, comme à Nanterre en moins,
ailleurs en plus, pour quelques centaines
de voix. La tendance forte et lourde, nationale, n'en est pas moins que le Front de gauche
marque le pas, retrouve son score d’il y a 5 ans, d’avant la campagne présidentielle
qui avait ouvert des espoirs. 1 200 389 voix et 6, 33 % en France
métropolitaine (+ 158 000 voix et + 0,28 % par rapport à 2009) ; 193 000
voix et 6,55 % en Île-de-France (+ 16 387 voix et +0,23 % par rapport à
2009) : c’est loin de faire le compte, au regard des enjeux, de l’ambition
de donner une nouvelle force dans les urnes à la gauche qui ne se résigne pas à
se soumettre aux lois mortifères du capitalisme financier, qu’elles soient
édictées depuis Bruxelles ou depuis l’Elysée.
Et la très lourde défaite, à l’échelle du pays, des
autres forces de gauche, malgré pour la plupart aussi des ancrages locaux, ne
saurait être une consolation. Car c’est la droite la plus réactionnaire qui,
avec la promotion du FN, comme aux municipales, profite de cette situation
délétère. Oui, « il y a péril en la demeure » : avant de
poursuivre le survol des résultats d’autres listes, « depuis les Tours
Aillaud », mon prochain billet sera
consacré à une réflexion personnelle plus générale, de militant communiste
voulant contribuer à "un nouveau départ du Front de gauche".
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire