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40 mars 2016, Place de la République, Paris

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Nanterre en colère

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mardi 10 juin 2014

Le séisme électoral, vu des Tours Aillaud : 3. Le Front de gauche n'a pas fait le poids


Le 5 mai, le meeting départemental du Front de gauche, à Nanterre, rassemblait
des centaines de militants. 20 jours après, les résultats n'étaient pas au rendez-vous.
Le Front de gauche, aux  bureaux 46 et 47, où sont inscrits le plus grand nombre des habitants des Tours Aillaud,  réalise, on l’a vu, un score décevant : 13,81 % et 13,31 % des exprimés (ce qui correspond à seulement 66 voix), en troisième position, après le FN et le PS. Dans le quartier du Parc, c’est dans des bureaux de la partie « sud » : Picasso (19,57 %), Decour B (19,21 %), Robespierre (19,21 %),  que le FdG obtient les meilleurs pourcentages, de 5 à 8 points au-dessus des bureaux du « Parc nord ».
Dans d’autres bureaux de la ville le FdG atteint des scores parfois beaucoup plus importants par rapport aux exprimés : école des Pâquerettes préau (31,25 %), Hôtel de Ville 1 (28,21 %), La Fontaine B (25,88 %), Jules Ferry maternelle (25,30 %), Voltaire B (22,73 %), Pâquerettes primaire (22,46 %). Mais ce sont des bureaux dans lesquels l’abstention est, comme dans le quartier « Parc sud », particulièrement forte (à l’exception des bureaux Hôtel de ville 1 et Jules Ferry maternelle, où elle l’est légèrement moins que la moyenne de la ville).
Dans 7 bureaux du centre-ville et du Plateau-Mont Valérien, le FdG est à moins de 10 %, son plus mauvais score étant de 6,14 %, salle de quartier Romain Rolland (1) (2)
A Nanterre, un tel résultat est le plus faible de toutes les élections passées. Avec 13,54 % des exprimés, le FdG arrive en 4ème position, derrière le PS (16,38 %), le FN (16,21 %), l’UMP (14,10 %), devant EELV (10,68 %). En 2009, le FdG, avec 15,09 %,  était en 3ème  position, derrière EELV (19,47 %), l’UMP (18,14 %), devant le PS (14,27 %). Nanterre fait partie des 6 villes, sur les 36 communes du département, où le FdG perd en voix et en pourcentage par rapport à 2009, alors qu’il progresse ou est quasiment stable dans les autres.
(1)     Je ne tiens pas compte ici du vote de la caserne dite de la Garde Républicaine (bureau Joinville): 3,36 % pour le FdG ; 2,24 % pour le PS ; 49,25 % pour le FN… et plus de 60 % des 707 inscrits se sont abstenus.

Comparaison entre les 8 villes des Hauts-de-Seine où le Front de gauche a obtenu des scores supérieurs à  la moyenne régionale (6,55 %) :
 

 
 
Inscrits
 
 
Expri
més
Résultat
 2014
FdG
 
2014/
2009
 Gennevilliers
20 578
6001
1863 voix,   
31,04  %
- 27 voix,    
+ 2,27 %
Malakoff
19 114
8671
1803 voix,
  21,32 %
- 1 voix,  
 -0,01 %
Bagneux
20 989
7220
1512 voix,   
20,94 %
+ 341 voix,
+ 1,7 %
Nanterre
46 134
15 905
2154 voix, 
 13,54 %
- 184 voix,
 - 1,55 %
Villeneuve
12 429
3104
251 voix,     
  8,09 %
+ 42 voix, 
+ 1,82 %
Clichy
30 643
11 098
876 voix,     
 7,89 %
+ 227 voix,
+ 1,89 %
Fontenay
15 279
7169
536 voix,      
7,48 %
+ 72 voix,    
+1,21 %
Châtenay
18 345
8116
594 voix,     
 7,32 %
+ 153 voix,
+ 1,7 %
Hauts-de-Seine
954 577
437 356
23 869, 5,46 %
+ 1589 voix,
 + 0,06 %

C’est, sans surprise, dans les 3 villes du département, Gennevilliers, Malakoff et Bagneux,  dont le maire est militant au PCF, que le FdG, malgré un taux d’abstention très élevé,  s’affirme comme première force politique.
 C’est vrai aussi dans d’autres villes de la région parisienne, comme Ivry (abstention : 62,44 %), avec 22,46 %, devant le PS (15,96 %) et le FN (13,22 %) ; Valenton (abstention : 73,22 %), avec 31,85 %, devant le FN (21,02 %) et le PS (10,25 %) ; Saint-Denis (abstention : 74,26 %), avec 19,77 %, devant le PS (15,78 %) et le FN (15,58 %), ou Aubervilliers (abstention : 74,98 %), avec 22,47 %, devant le FN (20,76 %) et le PS (13,49 %).
Il n’est pas très étonnant qu’EELV avec 20,25 %, soit en tête à Montreuil (abstention : 63,77 %), devant le FdG (17,9 %), le PS (13,33 %)  et le FN (11,65 %). D’autres situations sont beaucoup plus préoccupantes : La Courneuve ( abstention : 75,01), avec le FN (20,52 %) devant le FdG (19,79 %), et le PS (19,35 %) ; Vitry (abstention : 68,75 %), avec le FN (17,96 %) devant le FdG (17,04 %) et le PS (16,21 %) ; ou encore Bezons (abstention : 66,69 %), où le FN (22,49 %) est devant le FdG (18,73 %), et l’UMP (15,37 %) devant le PS (12,07 %).
Nanterre a des résultats atypiques. Quand le taux d’abstention rend décisive la mobilisation militante des forces politiques dans la proximité pour gagner les voix « une par une », il semble évident que celle du Front de gauche a été en deçà de son potentiel. Par exemple, dans le quartier du Parc (ses parties nord et sud concentrent le quart de la population de la ville), aucun élu n’a participé sur le terrain à la campagne du Front de gauche (il n’y a plus dans ce quartier d’élus municipaux PCF). Dans le groupe « communiste et initiatives citoyennes », des élus n’ont pas caché leur préférence personnelle pour d’autres listes, ou leur désintérêt pour cette élection. Quelques militants du Front de gauche, mal remis de divergences au moment des municipales, se sont abstenus, au moins de faire campagne. Si le maire, la députée, les conseillères régionale et générales, d’autres élus municipaux, ont appelé à voter FdG, c’est Nanterre-perspectives, publication de la section du PCF, distribué à un peu plus de 10 000 exemplaires, qui l’a fait connaître largement : ce qui ne rendait guère évidente ni mobilisatrice une dynamique diversité du Front de gauche, par exemple dans un quartier comme celui du Parc où les militants communistes étaient seuls visiblement en campagne.
D’autres facteurs, qui sont à rechercher dans une analyse de modifications sociologiques d’une population en sensible augmentation, jouent sans doute un rôle dans la modification des cultures politiques.
Faisons l’hypothèse que des particularités  locales  aient pu jouer, comme à Nanterre en moins, ailleurs en plus,  pour quelques centaines de voix. La tendance forte et lourde, nationale, n'en est pas moins que le Front de gauche marque le pas, retrouve son score d’il y a 5 ans, d’avant la campagne présidentielle qui avait ouvert des espoirs. 1 200 389 voix et 6, 33 % en France métropolitaine (+ 158 000 voix et + 0,28 % par rapport à 2009) ; 193 000 voix et 6,55 % en Île-de-France (+ 16 387 voix et +0,23 % par rapport à 2009) : c’est loin de faire le compte, au regard des enjeux, de l’ambition de donner une nouvelle force dans les urnes à la gauche qui ne se résigne pas à se soumettre aux lois mortifères du capitalisme financier, qu’elles soient édictées depuis Bruxelles ou depuis l’Elysée.
Et la très lourde défaite, à l’échelle du pays, des autres forces de gauche, malgré pour la plupart aussi des ancrages locaux, ne saurait être une consolation. Car c’est la droite la plus réactionnaire qui, avec la promotion du FN, comme aux municipales, profite de cette situation délétère. Oui, « il y a péril en la demeure » : avant de poursuivre le survol des résultats d’autres listes, « depuis les Tours Aillaud », mon prochain billet sera consacré à une réflexion personnelle plus générale, de militant communiste voulant contribuer à "un nouveau départ du Front de gauche".

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