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40 mars 2016, Place de la République, Paris

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Nanterre en colère

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mercredi 4 juin 2014

Le séisme électoral vu des Tours Aillaud : 2. L'abstention : le nouveau cri du peuple ?


Dessin de Loïc Ramirez, réalisé pour le journal des communistes
du quartier du Parc de Nanterre (mai 2014)
Trois électeurs inscrits sur quatre, habitants des Tours Aillaud, ne sont pas venus voter à l’élection européenne le 25 mai. Un sérieux avertissement  avait déjà été lancé à l’élection municipale du 23 mars, où les abstentionnistes étaient largement majoritaires. Les résultats bureau par bureau dans la ville à l’élection européenne mettent en évidence que le non vote devient une forme massive d’expression du désaveu des politiques, particulièrement fort dans l’électorat populaire de gauche, qui s’était mobilisé pour la victoire de Hollande en 2012.
Les 14 bureaux de vote de Nanterre où le taux de participation est le plus fort, supérieur à la moyenne régionale (43,2 %)  et pour certains à la moyenne départementale (47,65 %), sont situés dans le centre-ville et une partie du Plateau-Mont-Valérien, avec des pics de 52 % (bureau 21, Mat. France Bloch) et 51,6 % (bureau 5, Maison des associations). Les 8 bureaux dans lesquels le taux de participation est inférieur à 25 % correspondent à des cités populaires du Chemin de l’Île, d’Anatole France, du Parc-sud, du Petit-Nanterre, la participation la plus faible étant de 18,84 % au bureau 38 (La Fontaine primaire), 19,48 % au bureau 35 (Decour réfectoire). Dans le quartier du Parc, la différence de participation avait fortement diminué aux municipales entre la partie nord et la partie sud, où la concentration de logements sociaux est beaucoup plus forte : aux européennes,  elle est de 20 points, le 25 mai.
Le taux d’abstention moyen à Nanterre cache des réalités sensiblement différentes selon les quartiers. Néanmoins, la comparaison avec d’autres villes n’est pas rassurante. Avec 63,56 % de taux d’abstention (10,5 points de plus que la moyenne départementale, 6,4 points de plus que la moyenne régionale), Nanterre a été le 25 mai  la quatrième ville la plus abstentionniste des Hauts-de-Seine, après Villeneuve-la-Garenne (73,65 %), Gennevilliers (69,04 %), Bagneux (64,35 %).
 La comparaison avec l’élection européenne de 2009 montre que l’abstention a légèrement diminué : -1,46 % dans les Hauts-de-Seine, -1,06 % en Île-de-France, -1,78 % à l’échelle nationale. En 2009, les abstentionnistes étaient majoritaires dans 27 villes sur les 36 du département, 21 sont dans ce cas en 2014. La tendance dans la majorité des localités est à la stabilité ou à une hausse de 1 à 2 points du taux de participation, avec  une hausse plus significative dans certaines villes « de droite » : Vaucresson (+ 5,5 %), Bois-Colombes (+ 5,5 %), Neuilly (+5,3 %), Le Plessis (+ 4 %).
Nanterre, avec une augmentation de 1 point du taux d’abstention par rapport à 2009, connait une tendance inverse,  comme Gennevilliers (+2), Bagneux (+2,5), Clichy-la-Garenne (+ 2,34), et dans une moindre mesure Puteaux (+ 0,5).
L’abstention est le phénomène majeur des élections européennes, quels que soient le pays, la région, la ville…Elle atteint des niveaux tels que les scores en pourcentage  par rapport aux suffrages exprimés sont à relativiser, si on les met en rapport avec les électeurs inscrits, et plus encore avec le nombre d’habitants en âge de voter. Ainsi, prétendre que 25 % des Français auraient voté FN est une ânerie ou une rouerie politicienne, même et surtout quand c’est le Président de la République qui le dit. Que plus d’1 électeur sur 10 qui sont inscrits sur les listes électorales aient voté pour la fille Le Pen, et  qu’avec ce nombre de voix pas si élevé que ça dans l’absolu, elle voit ses ambitions confortées, c’est déjà assez inquiétant ! Mais que la majorité de ceux qui souffrent le plus de la politique austéritaire en arrivent à renoncer à l' exercice de leur citoyenneté, faute d’alternative crédible à leurs yeux, l’est peut-être encore plus.
Ceux qui prétendent qu’il n’y a pas d’alternative aux dogmes "libéraux" capitalistes, mis en application par le PS comme par la droite,  sont responsables de l’abstention populaire massive.
Beaucoup de choses ont été publiées, pour expliquer l’abstention, avant même le vote, donné d'avance à coups de sondages, qui permettaient aux faiseurs d'opinion d'annoncer  que l'abstention et le vote FN étaient les comportements populaires attendus.  Que l’Europe ne fait plus rêver ; que sa construction actuelle se fait contre les peuples ; que les politiciens qui s’obstinent à imposer des sacrifices aux travailleurs, aux plus démunis, au nom de dogmes qui aggravent, dans tous les domaines, un crise sans fin, n’ont que mépris pour l’expression des peuples par le suffrage universel (le sort fait à la victoire du non en 2005 en est la plus scandaleuse des manifestations) ; qu’au niveau européen comme en France, des institutions protègent les décideurs de toute pression autres que celles des lobbies des patrons des multinationales ... La « classe des médias et des politiques » sous l’emprise de la pensée unique (There Is No Alternative, disait Thatcher) n’a pas hésité pas à manipuler les cerveaux, inventant par exemple la catégorie des « europhobes » pour y mettre dans le même sac les pires réactionnaires de l’extrême droite, mis en vedette, avec les partis portant les espoirs des peuples et les valeurs humanistes de la gauche, marginalisés. Ajoutons des appels à s’abstenir visant avant tout l’électorat du Front de gauche, l’embrouillamini de la multiplication de petites listes et l’extrême brièveté de la campagne…
Rien d’étonnant donc qu’après deux ans d’une politique catastrophique (sauf pour les patrons, rentiers, actionnaires, financiers… les plus riches) , semblable à celle de la droite, menée par un président qui prétend représenter la gauche, l’abstention ait été forte, qu’elle ait pu massivement apparaître comme une façon de crier son ras-le-bol, notamment dans la jeunesse, dans les catégories populaires qui sont les premières victimes de cette politique faite au nom d’une conception de l’Europe présentée comme la seule possible. Bien évidemment l’abstention populaire n’a rien changé au cynisme de ceux qui gouvernent, ni en France, ni en Europe. Surtout qu’elle assure la suprématie de l’électorat qui habite d’autres quartiers que les cités mal loties, parmi lequel les diverses familles de la droite, euro-libérales ou nationalitaires, sont en général bien représentées.
Avec une faible participation électorale, le résultat n’en a dépendu que d’avantage des mobilisations de proximité des militants et du coeur de l’électorat des forces politiques en campagne, même si évidemment les médias jouent un grand rôle pour stimuler, ou plutôt empêcher, fausser, le débat démocratique. L’analyse de cette mobilisation peut révéler à l'échelon local des rapports de force nouveaux ou confirmer de plus anciens.

  Personne ne s’étonnera que dans le prochain billet,  j'esquisse une "vue des Tours Aillaud" des résultats du Front de gauche. Même si la stabilité de son score à l’échelle nationale est à remarquer, alors que les pertes, à gauche, du PS et des Verts sont sévères, que les résultats de l' "extrême gauche" paraissent devenir insignifiants, parfois la réalité locale détone un peu. Et surtout les 6, 33 % du Front de gauche sont encore bien loin de faire le poids pour changer la donne politique, ce qui invite à la réflexion et aux expérimentations communes pour qu'un slogan aussi juste et beau que "prenez le pouvoir", ne reste pas, faute de mode d'emploi,  inaudible pour ceux à qui il s'adresse.

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