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40 mars 2016, Place de la République, Paris

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Nanterre en colère

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En 2017, changeons la politique !

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dimanche 9 février 2014

Défendons l’école de la République, construisons l’école de l’égalité




L’espoir des parents et des enseignants, créé par la fin du règne de Sarkozy, aura duré à peine plus que le temps d’une année scolaire.

La politique d’austérité contredit les promesses gouvernementales d’agir contre les échecs et les inégalités sociales, qui s'accroissent.

La droite reprend l’offensive, pour plus de sélection des élèves, pour faire la part encore plus belle au privé.

Les forces les plus réactionnaires font la une de la plupart des médias, envahissent les réseaux sociaux, avec des relais dans les quartiers populaires, pour semer la peur, les plus folles rumeurs, pour que des parents retirent leurs enfants de l’école.

Ces trois fronts ouverts contre l’école publique le montrent : les questions économiques, sociales et sociétales s’entremêlent. Elles sont à considérer les unes et les autres avec autant d’importance et  sans hiérarchie des priorités. Tous les fronts de lutte sont essentiels, car c’est dans tous les domaines que la crise de civilisation que nous vivons rend nécessaires et possibles une mobilisation, une « révolution citoyenne », et urgente l’invention de réponses nouvelles, d’alternative politique à gauche crédible,  qui leur donne sens et perspective.
C’est en se mobilisant du local et du particulier  à l’universel, donc à partir aussi de la ville, de ses quartiers, qu’on gagnera ces batailles. En multipliant les contacts de proximité, à la rencontre des parents d’élèves et des enseignants, dans l’action solidaire à leurs côtés, par des initiatives d’éducation et de mobilisation populaires, au porte à porte, à des points de rencontre, dans des centres sociaux et culturels, des associations…
L’importance de reconstruire des collectifs communistes de quartier , réactifs, inventifs et rassembleurs, comme de faire campagne aux municipales pour avoir des élus communistes proches des habitants, et de travailler avec d’autres forces politiques et citoyennes qui partagent nos valeurs, de gauche et humanistes, n’en est que plus évidente.

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Un mouvement exemplaire pour défendre l’éducation prioritaire et améliorer partout le service public d’éducation nationale

La publication des moyens prévus dans l’enseignement secondaire pour la prochaine rentrée dans les Hauts-de-Seine a soulevé la colère. Grèves et manifestations se succèdent, les parents d’élèves FCPE sont solidaires et mobilisés. Des établissements en zone d’éducation prioritaire se voyaient supprimer chacun des dizaines d’heures d’enseignement, d’aide aux élèves en difficulté. Si cette action a déjà permis de récupérer en partie ces moyens, c’est en puisant 600 heures dans la réserve de la Direction académique, destinée à répondre aux besoins d’ajustement indispensables en août et septembre. Et ça ne fait pas le compte : selon les syndicats, c’est 2000 heures qui manquent dans le département pour répondre à l’augmentation, pourtant prévisible, du nombre de collégiens et de lycéens à accueillir ! Les assemblées générales de grévistes refusent la pénurie généralisée et les tentatives de l’administration de jouer la concurrence entre les établissements. Le mouvement, uni et solidaire, s’étend désormais au-delà du département.  Et ce n’est pas que dans les ZEP, que les conditions de travail sont difficiles pour les élèves et les personnels : le ras-le-bol des classes surchargées et des suppressions d’options se manifeste partout.

Comment croire aux paroles du ministre sur l’éducation prioritaire, quand il prétend réformer à moyens constants ? Ce sont des dizaines de milliers de professeurs qu’il faut recruter, bien former, en rendant le métier accessible aux étudiants de toutes origines sociales par des pérecrutements, en le revaloriser pour qu’il redevienne attractif.

Dans les écoles élémentaires et maternelles, où la carte scolaire ne sera connue qu’après les élections municipales, l’inquiétude grandit. Et la vigilance, pour que, sous prétexte de réformer d’en haut  les rythmes scolaires, des apprentissages nécessitant la compétence des professeurs ne soient pas transférés hors du temps scolaire, à la charge de la commune, elle- même contrainte à participer à la diminution de 65 milliards des dépenses publiques, programmée jusqu’en 2017...

La droite veut encore plus sélectionner et privatiser.

Un exemple entre mille : le programme électoral de l’UMP pour l’élection municipale à Nanterre propose de confier au privé la mise en place d’un établissement d’ « excellence » dans la ville.

Pas pour tous, évidemment, pour les « méritants » seulement : sélectionnés par qui ? au nom de quoi ? Et que deviendraient tous les autres ? Et comment la commune aiderait-elle cette lucrative entreprise ? en cédant des terrains publics ? en finançant son fonctionnement, les salaires de ses personnels ? Encore des transferts de charges de l’Etat sur la commune, à payer avec les impôts locaux de tous ses habitants !  De ce point de vue, ça rappelle un peu le scandale de la fac privée «  Pasqua » : même la majorité UMP du Conseil général a dû se résoudre enfin  à ne plus l’entretenir avec l’argent public.

Des établissements privés, il y en a pourtant déjà, à Nanterre, et surtout dans les villes voisines. Certains n’accueillent et ne gardent que les « meilleurs », d’autres sont moins exigeants, pourvu que les parents paient. Aucun n’est gratuit, ni vraiment laïc. La réussite de tous les jeunes du district, ce n’est pas leur problème.
En réalité le but de l’UMP est double : prôner l’idéologie égoïste du chacun pour soi, et dénigrer le service public, soupçonné d’être par nature  incapable de répondre aux besoins de tous.

Rumeurs et mensonges : les nouvelles armes de l’offensive réactionnaire contre l’école de la République.

La droite et l’extrême droite, les forces les plus réactionnaires, viennent d’expérimenter de nouvelles armes dans leur guerre contre l’école publique. Celles des rumeurs, celles des théories du complot, celles des phobies et des peurs. Leurs cibles de choix : des parents, de préférence ceux des quartiers populaires, qu’il s’agit de faire paniquer pour qu’ils retirent leurs enfants de l’école. Sans hésiter à recourir à l’intimidation et à la violence, contre ceux qui résistent à la manipulation mentale, contre des associations de parents d’élèves, contre des personnels.

Le prétexte : un projet pédagogique pour éduquer à l’égalité entre les garçons et les filles, dans les études, dans le choix du métier, dans le sport, la culture, dans la société… Aussitôt, les SMS et les pancartes les plus loufoques, largement mis en vedette dans les médias, ont appelé à la croisade contre une imaginaire « théorie du genre », que la gauche, voudrait sournoisement diffuser afin de  pervertir l’identité sexuelle des enfants. Peu importent les mises au point de scientifiques – ni  les démentis de journalistes honnêtes -  qui montrent qu’une telle « théorie du genre » n’existe pas.  Peu importe la réalité du projet pédagogique, ABCD-l’égalité, que chacun peut consulter sur le site du Centre National de Recherche Pédagogique.

Pourquoi, maintenant,  cette irruption de haine contre l’égalité ?

On pouvait croire que les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, et après tant d’années de combat féministe, le principe de l’égalité entre les hommes et les femmes, étaient devenus des acquis de civilisation dont l’universalisation pourrait ne plus être une utopie. Comme l’égalité entre tous les êtres humains, quels que soient la couleur de leur peau, leur origine géographique, leur religion ou leur athéisme, leur orientation sexuelle.  Mais en Europe, et dans d’autres parties du monde, le racisme, le sexisme, les extrêmes-droites ressurgissent. En France, le pouvoir, se réclamant de la gauche, fait une politique économique et sociale de droite, reniant ses engagements et ses valeurs, désespérant son camp.  Il ouvre ainsi un espace pour les droites extrêmes, qui instrumentalisent et mobilisent les courants le plus rétrogrades de la société.

Pourquoi l’école est-elle une cible facile ?

Sa crise dure depuis longtemps, sa contradiction éclate : à la fois un rôle émancipateur et un rôle de reproduction des inégalités et des dominations de classe qui caractérisent le système capitaliste. Ce qui rend la situation insupportable, c’est  que les inégalités sociales ont progressé  de manière exponentielle, et que les probabilités d’ « ascenseur social » grâce à l’école ont régressé, pour les milieux populaires, en moins d’une génération. 

Les ZEP avaient perdu rapidement de leur potentiel transformateur initial, dès 1984, avec le « tournant de la rigueur », en même temps que la bataille pour un grand service public d’Education nationale était déclarée perdue face aux manifs de droite pour le privé. Construire l’école de l’égalité pour tous jusqu’à 18 ans, cela exige en effet des moyens et une grande ambition politique.

Des mouvements pédagogiques, des travaux de recherche proposent des changements radicaux dans les pratiques professionnelles, les rapports aux familles, dans l’organisation du système, pour réellement en finir avec la ségrégation et la sélection sociales. Au contraire, ce sont les idéologies d’exclusion et de répression qui ont marqué les esprits dans les années Sarkozy.  Par exemple le rapport Bénisti qui proposait d’éradiquer toute anomalie dans les comportements dès la maternelle,  comme menace pour la société.  Ou la loi permettant d’exclure des filles qui, pour des raisons diverses, en pleine crise d’adolescence, voulaient garder  un foulard sur la tête. Tout ce bricolage irresponsable a fait des ravages. Surtout qu’en ce qui concerne la loi sur le foulard, elle tombait en même temps que se banalisaient des thèses racistes prétendant apporter des explications ethniques et/ou religieuses aux inégalités et violences sociales  dont les jeunes des quartiers populaires sont les victimes principales.

Pourquoi les bobards ont-ils été écoutés ?

Le lien de confiance est fragilisé entre l’école et beaucoup de familles, à la fois culpabilisées par le discours institutionnel, humiliées et révoltées, quand  leur espoir le plus cher - que leurs enfants puissent avoir une vie meilleure que la leur,  en réussissant à l’école - est ruiné.

Un des pires méfaits des politiques de droite, c’est d’aller vers un   rabougrissement « utilitariste » du champ et des finalités de l’école dans les quartiers populaires : le « lire, écrire, compter », un savoir commun minimum, au lieu d’une culture commune pour tous ambitieuse.

D’une part une succession de réformes  réactionnaires ont pu créer l’illusion confuse d’un retour à une école du passé mythifiée, où la réussite à des évaluations de savoir- faire pratiques  et de mémorisation  serait suffisante : mais dans ce cas  la sélection sociale n’est, au mieux,  que reportée.

D’autre part, elles ont banalisé  l’idée que l’école pour le peuple n’aurait qu’un rôle d’apprentissage de savoirs basiques et neutres. Son seul rôle éducatif légitime serait d’assurer assez de tranquillité dans l’établissement pour les acquérir, assez de « civilité » dans le quartier pour la tranquillité du voisinage, et une présentation correcte, une soumission à l’idéologie et à l’autorité des dominants,  pour être accepté en apprentissage avant 16 ans,  pour réussir précocement des  entretiens d’embauche.

L’essentiel de l’éducation, les valeurs culturelles, le sens de l’existence humaine et du vivre ensemble, l’esprit critique, ou la soumission à des dogmes, cela incomberait dans ce cas aux familles, et à elles seules, ce serait affaires seulement de croyances religieuses et de choix  privés, de traditions domestiques, d’appartenances communautaires. Notamment pour ce qui concerne la place et les droits respectifs, égalitaires ou pas,  des filles et des garçons.

C’est un retour à la toute-puissance, privée et sans partage, de la cellule familiale patriarcale sur l’enfant qui lui « appartient »,  que demandent des manifestants, dans les mouvements,  type « manif pour tous », « printemps français » ou « jour de colère », qui sont fédérateurs de divers courants réactionnaires, face auxquels le Président de la République et le gouvernement cèdent dangereusement du terrain.

C’est  tout le contraire de la conception républicaine de l’éducation nationale que nous défendons, c’est tout le contraire de l’école de l’égalité, publique, gratuite,  laïque et émancipatrice,  porteuse de valeurs communes pour vivre et agir ensemble, c’est tout le contraire de l’école pour tous que nous voulons construire.

  André Landrain



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