L’espoir des parents et
des enseignants, créé par la fin du règne de Sarkozy, aura duré à peine plus
que le temps d’une année scolaire.
La politique
d’austérité contredit les promesses gouvernementales d’agir contre les échecs
et les inégalités sociales, qui s'accroissent.
La droite reprend
l’offensive, pour plus de sélection des élèves, pour faire la part encore plus belle au
privé.
Les forces les plus
réactionnaires font la une de la plupart des médias, envahissent les réseaux
sociaux, avec des relais dans les quartiers populaires, pour semer la peur, les
plus folles rumeurs, pour que des parents retirent leurs enfants de l’école.
Ces trois fronts
ouverts contre l’école publique le montrent : les questions économiques, sociales
et sociétales s’entremêlent. Elles sont à considérer les unes et les autres
avec autant d’importance et sans hiérarchie
des priorités. Tous les fronts de lutte sont essentiels, car c’est dans tous
les domaines que la crise de civilisation que nous vivons rend nécessaires et
possibles une mobilisation, une « révolution citoyenne », et urgente l’invention
de réponses nouvelles, d’alternative politique à gauche crédible, qui leur donne sens et perspective.
C’est en se mobilisant du
local et du particulier à l’universel,
donc à partir aussi de la ville, de ses quartiers, qu’on gagnera ces batailles.
En multipliant les contacts de proximité, à la rencontre des parents d’élèves
et des enseignants, dans l’action solidaire à leurs côtés, par des initiatives
d’éducation et de mobilisation populaires, au porte à porte, à des points de
rencontre, dans des centres sociaux et culturels, des associations…
L’importance de
reconstruire des collectifs communistes de quartier , réactifs, inventifs et
rassembleurs, comme de faire campagne aux municipales pour avoir des élus
communistes proches des habitants, et de travailler avec d’autres forces
politiques et citoyennes qui partagent nos valeurs, de gauche et humanistes, n’en
est que plus évidente.
lire la suite :
Un mouvement
exemplaire pour défendre l’éducation prioritaire et améliorer partout le service
public d’éducation nationale
La publication des moyens prévus
dans l’enseignement secondaire pour la prochaine rentrée dans les
Hauts-de-Seine a soulevé la colère. Grèves et manifestations se succèdent, les
parents d’élèves FCPE sont solidaires et mobilisés. Des établissements en zone
d’éducation prioritaire se voyaient supprimer chacun des dizaines d’heures
d’enseignement, d’aide aux élèves en difficulté. Si cette action a déjà permis
de récupérer en partie ces moyens, c’est en puisant 600 heures dans la réserve
de la Direction académique, destinée à répondre aux besoins d’ajustement indispensables
en août et septembre. Et ça ne fait pas le compte : selon les syndicats,
c’est 2000 heures qui manquent dans le département pour répondre à
l’augmentation, pourtant prévisible, du nombre de collégiens et de lycéens à
accueillir ! Les assemblées générales de grévistes refusent la pénurie
généralisée et les tentatives de l’administration de jouer la concurrence entre
les établissements. Le mouvement, uni et solidaire, s’étend désormais au-delà du
département. Et ce n’est pas que dans
les ZEP, que les conditions de travail sont difficiles pour les élèves et les
personnels : le ras-le-bol des classes surchargées et des suppressions
d’options se manifeste partout.
Comment croire aux paroles du
ministre sur l’éducation prioritaire, quand il prétend réformer à moyens
constants ? Ce sont des dizaines de milliers de professeurs qu’il faut
recruter, bien former, en rendant le métier accessible aux étudiants de toutes
origines sociales par des pérecrutements, en le revaloriser pour qu’il redevienne
attractif.
Dans les écoles élémentaires et
maternelles, où la carte scolaire ne sera connue qu’après les élections
municipales, l’inquiétude grandit. Et la vigilance, pour que, sous prétexte de
réformer d’en haut les rythmes
scolaires, des apprentissages nécessitant la compétence des professeurs ne
soient pas transférés hors du temps scolaire, à la charge de la commune, elle-
même contrainte à participer à la diminution de 65 milliards des dépenses
publiques, programmée jusqu’en 2017...
La droite
veut encore plus sélectionner et privatiser.
Un exemple entre mille : le
programme électoral de l’UMP pour l’élection municipale à Nanterre propose de confier
au privé la mise en place d’un établissement d’ « excellence »
dans la ville.
Pas pour tous, évidemment, pour les
« méritants » seulement : sélectionnés par qui ? au nom de
quoi ? Et que deviendraient tous les autres ? Et comment la commune
aiderait-elle cette lucrative entreprise ? en cédant des terrains
publics ? en finançant son fonctionnement, les salaires de ses personnels ?
Encore des transferts de charges de l’Etat sur la commune, à payer avec les
impôts locaux de tous ses habitants ! De
ce point de vue, ça rappelle un peu le scandale de la fac privée «
Pasqua » : même la majorité UMP du Conseil général a dû se résoudre
enfin à ne plus l’entretenir avec
l’argent public.
Des établissements privés, il y
en a pourtant déjà, à Nanterre, et surtout dans les villes voisines. Certains
n’accueillent et ne gardent que les « meilleurs », d’autres sont
moins exigeants, pourvu que les parents paient. Aucun n’est gratuit, ni
vraiment laïc. La réussite de tous les jeunes du district, ce n’est pas leur
problème.
En réalité le but de l’UMP est
double : prôner l’idéologie égoïste du chacun pour soi, et dénigrer le
service public, soupçonné d’être par nature incapable de répondre aux besoins de tous.
Rumeurs
et mensonges : les nouvelles armes de l’offensive réactionnaire contre
l’école de la République.
La droite et l’extrême droite,
les forces les plus réactionnaires, viennent d’expérimenter de nouvelles armes
dans leur guerre contre l’école publique. Celles des rumeurs, celles des
théories du complot, celles des phobies et des peurs. Leurs cibles de
choix : des parents, de préférence ceux des quartiers populaires, qu’il
s’agit de faire paniquer pour qu’ils retirent leurs enfants de l’école. Sans
hésiter à recourir à l’intimidation et à la violence, contre ceux qui résistent
à la manipulation mentale, contre des associations de parents d’élèves, contre
des personnels.
Le prétexte : un projet
pédagogique pour éduquer à l’égalité entre les garçons et les filles, dans les
études, dans le choix du métier, dans le sport, la culture, dans la société…
Aussitôt, les SMS et les pancartes les plus loufoques, largement mis en vedette
dans les médias, ont appelé à la croisade contre une imaginaire « théorie
du genre », que la gauche, voudrait sournoisement diffuser afin de pervertir l’identité sexuelle des enfants. Peu
importent les mises au point de scientifiques – ni les démentis de journalistes honnêtes - qui montrent qu’une telle « théorie du
genre » n’existe pas. Peu importe
la réalité du projet pédagogique, ABCD-l’égalité, que chacun peut consulter sur
le site du Centre National de Recherche Pédagogique.
Pourquoi,
maintenant, cette irruption de haine contre l’égalité ?
On pouvait croire que les valeurs
de liberté, d’égalité et de fraternité, et après tant d’années de combat
féministe, le principe de l’égalité entre les hommes et les femmes, étaient
devenus des acquis de civilisation dont l’universalisation pourrait ne plus
être une utopie. Comme l’égalité entre tous les êtres humains, quels que soient
la couleur de leur peau, leur origine géographique, leur religion ou leur
athéisme, leur orientation sexuelle.
Mais en Europe, et dans d’autres parties du monde, le racisme, le
sexisme, les extrêmes-droites ressurgissent. En France, le pouvoir, se
réclamant de la gauche, fait une politique économique et sociale de droite,
reniant ses engagements et ses valeurs, désespérant son camp. Il ouvre ainsi un espace pour les droites
extrêmes, qui instrumentalisent et mobilisent les courants le plus rétrogrades
de la société.
Pourquoi
l’école est-elle une cible facile ?
Sa crise dure depuis longtemps, sa
contradiction éclate : à la fois un rôle émancipateur et un rôle de
reproduction des inégalités et des dominations de classe qui caractérisent le système capitaliste. Ce qui rend la situation insupportable, c’est que les inégalités sociales ont progressé de manière exponentielle, et que les
probabilités d’ « ascenseur social » grâce à l’école ont
régressé, pour les milieux populaires, en moins d’une génération.
Les ZEP avaient perdu rapidement de
leur potentiel transformateur initial, dès 1984, avec le « tournant de la
rigueur », en même temps que la bataille pour un grand service public
d’Education nationale était déclarée perdue face aux manifs de droite pour le
privé. Construire l’école de l’égalité pour tous jusqu’à 18 ans, cela exige en
effet des moyens et une grande ambition politique.
Des mouvements pédagogiques, des
travaux de recherche proposent des changements radicaux dans les pratiques
professionnelles, les rapports aux familles, dans l’organisation du système,
pour réellement en finir avec la ségrégation et la sélection sociales. Au
contraire, ce sont les idéologies d’exclusion et de répression qui ont marqué les
esprits dans les années Sarkozy. Par
exemple le rapport Bénisti qui proposait d’éradiquer toute anomalie dans les
comportements dès la maternelle, comme
menace pour la société. Ou la loi
permettant d’exclure des filles qui, pour des raisons diverses, en pleine crise
d’adolescence, voulaient garder un
foulard sur la tête. Tout ce bricolage irresponsable a fait des ravages. Surtout
qu’en ce qui concerne la loi sur le foulard, elle tombait en même temps que se banalisaient des thèses racistes
prétendant apporter des explications ethniques et/ou religieuses aux inégalités
et violences sociales dont les jeunes
des quartiers populaires sont les victimes principales.
Pourquoi
les bobards ont-ils été écoutés ?
Le lien de confiance est fragilisé entre l’école et beaucoup de
familles, à la fois culpabilisées par le discours institutionnel, humiliées
et révoltées, quand leur espoir le plus
cher - que leurs enfants puissent avoir une vie meilleure que la leur, en réussissant à l’école - est ruiné.
Un des pires méfaits des
politiques de droite, c’est d’aller vers un
rabougrissement « utilitariste » du
champ et des finalités de l’école dans les quartiers populaires : le
« lire, écrire, compter »,
un savoir commun minimum, au lieu d’une culture commune pour tous ambitieuse.
D’une part une succession de réformes réactionnaires ont pu créer l’illusion confuse d’un retour à une école du passé mythifiée, où la réussite à des évaluations de savoir- faire pratiques et de mémorisation serait suffisante : mais dans ce cas la sélection sociale n’est, au mieux, que reportée.
D’autre part, elles ont banalisé l’idée que l’école pour le peuple n’aurait qu’un rôle d’apprentissage de savoirs basiques et neutres. Son seul rôle éducatif légitime serait d’assurer assez de tranquillité dans l’établissement pour les acquérir, assez de « civilité » dans le quartier pour la tranquillité du voisinage, et une présentation correcte, une soumission à l’idéologie et à l’autorité des dominants, pour être accepté en apprentissage avant 16 ans, pour réussir précocement des entretiens d’embauche.
L’essentiel de l’éducation, les valeurs culturelles, le sens de l’existence humaine et du vivre ensemble, l’esprit critique, ou la soumission à des dogmes, cela incomberait dans ce cas aux familles, et à elles seules, ce serait affaires seulement de croyances religieuses et de choix privés, de traditions domestiques, d’appartenances communautaires. Notamment pour ce qui concerne la place et les droits respectifs, égalitaires ou pas, des filles et des garçons.
D’une part une succession de réformes réactionnaires ont pu créer l’illusion confuse d’un retour à une école du passé mythifiée, où la réussite à des évaluations de savoir- faire pratiques et de mémorisation serait suffisante : mais dans ce cas la sélection sociale n’est, au mieux, que reportée.
D’autre part, elles ont banalisé l’idée que l’école pour le peuple n’aurait qu’un rôle d’apprentissage de savoirs basiques et neutres. Son seul rôle éducatif légitime serait d’assurer assez de tranquillité dans l’établissement pour les acquérir, assez de « civilité » dans le quartier pour la tranquillité du voisinage, et une présentation correcte, une soumission à l’idéologie et à l’autorité des dominants, pour être accepté en apprentissage avant 16 ans, pour réussir précocement des entretiens d’embauche.
L’essentiel de l’éducation, les valeurs culturelles, le sens de l’existence humaine et du vivre ensemble, l’esprit critique, ou la soumission à des dogmes, cela incomberait dans ce cas aux familles, et à elles seules, ce serait affaires seulement de croyances religieuses et de choix privés, de traditions domestiques, d’appartenances communautaires. Notamment pour ce qui concerne la place et les droits respectifs, égalitaires ou pas, des filles et des garçons.
C’est un retour à la toute-puissance,
privée et sans partage, de la cellule familiale patriarcale sur l’enfant qui
lui « appartient », que
demandent des manifestants, dans les mouvements, type « manif pour tous », « printemps
français » ou « jour de colère », qui sont fédérateurs de divers
courants réactionnaires, face auxquels le Président de la République et le
gouvernement cèdent dangereusement du terrain.
C’est tout le contraire de la conception républicaine
de l’éducation nationale que nous défendons, c’est tout le contraire de l’école
de l’égalité, publique, gratuite, laïque
et émancipatrice, porteuse de valeurs
communes pour vivre et agir ensemble, c’est tout le contraire de l’école pour
tous que nous voulons construire.
André
Landrain
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