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Les
enseignants et les parents en lutte dans le 92 ne lâchent rien. Mardi 28
janvier, rue de Bellechasse, à deux pas du Ministère de l’Education nationale,
ils étaient plus nombreux que la semaine dernière devant la Direction Académique
des Hauts-de-Seine. Une tentative pour éteindre la flambée de colère jaillie à
l’annonce de la réduction des heures d’enseignement dans la majorité des
établissements classés éducation prioritaire a échoué.
600 heures prises
dans les moyens d’ajustement pour la rentrée 2014 dans le département, non seulement c’est
l’annonce de nouveaux conflits, mais en plus c’est loin de répondre aux
besoins : c’est 2000 heures qui manquent dans le département pour répondre aux
revendications ! Et pas question de déshabiller Pierre pour habiller
Jacques.
Plus solidaires que
jamais
Une enseignante du collège Evariste Galois de Nanterre m’a expliqué que certes les moyens sont presque rétablis pour la rentrée pour un statut quo, mais qu’il faudra probablement ouvrir une classe de sixième de plus pour que les effectifs ne dépassent pas les 23/24 élèves par classe. Et que surtout il faut rester solidaires des autres établissements. Comme d’autres, les prof de Galois sont fiers de porter un Tee- Shirt aux couleurs de leur bahut. Il y a trois ans, je me désespérais du recul de l’engagement dans les luttes collectives : peut-être que je m’y prenais mal (21 ans de ZEP, ça use), peut-être qu’il fallait la dure expérience des espoirs déçus et des promesses trahies pour reconstruire les luttes ? Et puis la grande majorité des professeurs dans l’action sont nouveaux, à Nanterre (même si plus aucun prof de Galois n’y habite, je crois que quelque chose de fort se passe avec les parents d’élèves), et dans le métier. Quel espoir que cette jeunesse dans la rue ! « J’ai vu comme tu avais l’air heureux » m’a écrit, sur un réseau social, Nadia, une copine de la LDH de Clichy, venue en citoyenne soutenir l’éducation prioritaire dans sa ville, et qui m’a offert des photos-souvenir.
Côté ministère, on
feint de ne rien comprendre
Des collègues de
Paul Eluard, l’autre collège du quartier du Parc de Nanterre, sont aussi
déterminés. La grande banderole du collège Doucet, du quartier du Chemin de
l’Île, « C’est nous qui Peillon ! », continue de donner le ton. Le lycée Joliot
Curie aussi a décidé d’affirmer sa présence. Au siècle dernier, un certain
Vincent Peillon y enseigna. Mais aujourd’hui il n’était pas dans son ministère
pour accueillir ses ex-collègues. Une délégation a bien fini, non sans mal, par
être reçue. Sans résultat autre que l’engagement de faire part au ministre des
doléances, pourtant publiquement connues depuis une semaine. Bien fou pourtant qui ferait le pari que le mouvement s’enraye ! Au contraire, les luttes s’étendent. Les établissements de Gennevilliers, de Colombes, de Clichy, de Villeneuve-la-Garenne, de Nanterre sont toujours là, et en plus grand nombre. De nouvelles banderoles, de nouvelles pancartes apparaissent : Suresnes, Asnières, Châtenay-Malabry… et on sait qu’ailleurs, comme à Bagneux, parents et enseignants se font entendre. Et l’inquiétude grandit aussi dans le premier degré, où l’annonce des fermetures de classes est reportée à après les municipales….
Du nouveau est
peut-être en train de naître
Ce sont les assemblées où parents FCPE, personnels
syndiqués ou pas, responsables syndicaux discutent et décident ensemble, qui sont souveraines. C’est ce qui
fait la force de la lutte. Ainsi, mardi matin, 250 personnes, 19 établissements
représentés, ont anticipé sur le prévisible mépris du ministère : grève jeudi,
et manifestation au Rectorat de Versailles.Le principal syndicat, le SNES FSU, s’appuie sur cette dynamique, et le front syndical – avec SUD-éducation, CGT Educ-Action, UNSA, FO -, parait sans faille, la FCPE 92 est pleinement engagée.
Quelque chose de nouveau se dessine peut-être dans ce refus de l’austérité, dans ce refus de sacrifier l’enseignement prioritaire, dans ce refus de nouveaux coups portés au métier, mis à mal depuis déjà trop d’années, dans ce refus de sacrifier encore l’avenir de la jeunesse, celle des quartiers populaires, l'avenir de toute la jeunesse, qui sera créatrice des richesses de demain. Quel réveil du mouvement social pourrait ainsi s’annoncer, comme un défi, au cœur encore populaire d’un département encore considéré hier comme un fief du sarkozysme ? Quelle portée politique- au sens fort, noble et citoyen du terme - pourra avoir une telle révolte, qui nait alors que le PS assume et accentue son « tournant libéral », le gouvernement sa politique austéritaire, et une grande partie de la droite sa dérive vers un FN banalisé ?
Photo prise par Nadia Métallaoui |
Il est
évidemment trop tôt pour faire des pronostics, et c’est toujours un vain
exercice. Mais il n’est certainement pas
trop tôt pour ne pas rester spectateur. Alors, oui, c’est vrai, ce 28 janvier,
j’étais heureux, c’était visible. Parce que je suis d’un optimisme raisonné.
Parce que je suis fier aussi, fier d’être un retraité syndiqué et solidaire de
jeunes collègues en lutte, fier d’être un militant communiste du Front de
gauche, dans mon quartier populaire, en éducation
prioritaire.
Lire ici le communiqué intersyndical unitaire sur le site
du SNES.
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