Combien croyez-vous que pèsent six
douzaines de salariés d’une usine située
dans un lieu dit de l’Yonne, Frangey, près d’Avallon, face à une entreprise de
la dimension de Lafarge ? Moins que des grains de sable, moins que des
poussières de ciment ?
« Leader mondial des matériaux de construction, Lafarge occupe une position de premier plan dans chacune de ses activités : Ciments, Granulats et Bétons, Plâtres...». Ainsi se présente fièrement le géant dont les multiples bras s’étendent sur tous les continents. Son site est aussi froid que la pierre. Presque un siècle de travail humain y semble comme englouti dans les matériaux , ingéré dans les technologies, aussi tabou que les dividendes qu’il rapporte aux actionnaires. Mais en réalité ce sont ces actionnaires qui font la loi, qui font leur règle d’or, celle qui estime plus profitable, donc fatal, de rayer Frangey de la carte, d’ aller surexploiter sous d’autres cieux des travailleurs plus pauvres. Face à cette règle d’or, les poussières, fussent-elles d’étoiles, que sont les êtres humains, n’ont jamais pesé bien lourd.
« Leader mondial des matériaux de construction, Lafarge occupe une position de premier plan dans chacune de ses activités : Ciments, Granulats et Bétons, Plâtres...». Ainsi se présente fièrement le géant dont les multiples bras s’étendent sur tous les continents. Son site est aussi froid que la pierre. Presque un siècle de travail humain y semble comme englouti dans les matériaux , ingéré dans les technologies, aussi tabou que les dividendes qu’il rapporte aux actionnaires. Mais en réalité ce sont ces actionnaires qui font la loi, qui font leur règle d’or, celle qui estime plus profitable, donc fatal, de rayer Frangey de la carte, d’ aller surexploiter sous d’autres cieux des travailleurs plus pauvres. Face à cette règle d’or, les poussières, fussent-elles d’étoiles, que sont les êtres humains, n’ont jamais pesé bien lourd.
Oui mais,
c’est parfois plus résistants qu’on ne croit, les hommes, les travailleurs. A
voir la mine des représentants de la direction vendredi midi, ils ne s’attendaient
pas à ça : douze salariés venus de Frangey planter tentes et lits,
drapeaux orange et rouges, pour faire la
grève de la faim devant le vaste siège gris béton de Lafarge à Saint-Cloud. C’est
pire que douze grains de sable, pour
enrayer la machine à casser l’industrie du pays ! Et avec ça, Monsieur Galaud, ce maire de Lézinnes, un maire de village
comme il y en a tant, qui n’a rien d’un gauchiste, est venu jeûner avec eux, et FR3 se mêle de faire son travail
d’information ! Quatre jours déjà que ça dure, et la plupart n’ont même
pas l’air fatigués, certains ont encore la force de se lancer des blagues :
à tel point que là haut, dans les bureaux de la direction, quelqu’un a trouvé
malin de les accuser de « boire de l’eau sucrée ». Mais Il a dû vite
gribouiller quatre lignes de démenti : quelle honte ! Et puis la
sénatrice communiste Brigitte Gonthier Maurin a interpellé jeudi le ministre Besson (1) , elle est
revenue vendredi, avec des militants, des conseillers municipaux, des députés
communistes, Front de gauche, Rolland Muzeau et Jacqueline Fraysse, avec des
conseillers généraux, Patrice Leclerc et Pascal Buchet, qui est aussi maire et
secrétaire de la fédération du Parti Socialiste, avec des Verts-Europe-Ecologie, André Gattolin
, Julien Sage…
Les gens vont se demander ce qui a bien pu
pousser cette douzaine de travailleurs à mettre leur santé, voire leur vie, en
danger en faisant la grève de la faim, forme extrême de lutte que personne ne
recommanderait à quiconque de choisir ; ils vont chercher sur le site internet
de la CGT, par exemple, ils vont découvrir comment Lafarge les a méprisés, depuis des mois et des mois, comment les
dirigeants de la communauté européenne ont fait la sourde oreille en juin quand
Patrick Le Hyaric est intervenu au Parlement Européen ; ils
vont signer en masse la pétition qui demande à la
direction de Lafarge d’abréger la grève de la faim des salariés et de leur
maire, déterminés à « aller jusqu’au bout », en retirant son projet
de fermeture de leur usine.
(1) Le 22 septembre,
Brigitte Gonthier-Maurin, sénatrice des Hauts-de-Seine a alerté le ministre de
l'Industrie Eric Besson sur la situation très préoccupante des grévistes et
pour demander une reprise des négociations avec la direction de Lafarge :
"Depuis presque trois jours,
douze salariés de cette cimenterie sont en grève de la faim devant le siège
social du groupe à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) pour exiger le retrait
définitif du projet de fermeture de leur usine.Je les ai rencontrés aujourd'hui : ce sont des hommes, des salariés, déterminés à se battre jusqu'au bout pour sauver leurs emplois, conscients des risques graves encourus pour leur santé. A ce jour, ils ne sont d'ailleurs toujours pas pris en charge par un encadrement médical et psychologique adapté, et cela malgré les engagements de la direction.
Par la fermeture de cette cimenterie, ce sont 74 emplois qui sont directement menacés. Ce sont aussi près de 500 emplois indirects qui seront impactés, comme le dénonce Monsieur Jean-Claude Galaud, maire de la commune de Frangey et président de la communauté de communes, engagé lui aussi aux côtés des salariés de cette cimenterie."
Texte à
disposition des passants, devant le siège social de Lafarge, 5bd Loucheur,
à Saint-Cloud, dans les Hauts-de-Seine :
"GREVE DE LA FAIM
Avec des bénéfices record, même en période de
crise, Lafarge Ciments a décidé de fermer notre usine de Francey dans l’Yonne.
« En surcapacité dans un
marché local de petite taille et qui peut difficilement s’adapter à l’évolution
des besoins en nouveaux ciments à faible empreinte environnementale ».
Voilà, la messe est dite. Langage technocratique, voix du pouvoir et de la
force. La direction de Lafarge Ciments a communiqué !
Tous les élus locaux et départementaux, les syndicats ainsi que les
représentants du personnel ont travaillé dur et ont sacrifié leur vie de
famille afin de prouver que les raisons annoncées par la direction du groupe ne
sont pas fondées. Aujourd’hui, c’est chose faite ! Malgré cela, la direction
ne veut pas approfondir et continue à imposer son plan de fermeture.
Nous sommes contre la délocalisation de l’industrie française et la
destruction de nos emplois au bénéfice d’investissements à l’étranger et au
seul profit des actionnaires. De plus nous dénonçons une réorganisation des
marchés par les cimentiers français.
Notre usine est exemplaire en matière de sécurité, elle est une des plus
fiables au monde, elle est propre (norme iso 14001 récemment), novatrice
(Frangey est la seule usine au monde à avoir produit le clinker du futur :
Aether*) et surtout elle est, et restera rentable dans le futur. Elle ne
demande qu’à faire vivre de nombreuses familles et toute une région bien
sinistrée.
Jusqu’à maintenant, nous avons toujours été pacifiques dans nos
démarches, même quand Lafarge nous a, sans aucune raison, envoyé les CRS !
A présent, nous sommes prêts à aller jusqu’au bout pour une chose et une seule :
Nous pensons que vous trouverez dans ce
geste la logique, le bon sens et l’humanisme nécessaires à son approbation.
Votre soutien nous est précieux :
http://petitionpublique.fr/PeticaoVer.aspx?pi=P2011N14397 Le 20 septembre 2011,
Les grévistes de la faim de Frangey"
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