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40 mars 2016, Place de la République, Paris

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samedi 24 septembre 2011

Frangey, Saint-Cloud : le ciment de la solidarité



 Combien croyez-vous que pèsent six douzaines de  salariés d’une usine située dans un lieu dit de l’Yonne, Frangey, près d’Avallon, face à une entreprise de la dimension de Lafarge ? Moins que des grains de sable, moins que des poussières de ciment ?
 « Leader mondial des matériaux de construction, Lafarge occupe une position de premier plan dans chacune de ses activités : Ciments, Granulats et Bétons, Plâtres...». Ainsi se présente fièrement le géant dont les multiples bras s’étendent sur tous les continents. Son site est  aussi froid  que la pierre. Presque un siècle de travail humain y semble comme englouti dans les matériaux , ingéré dans les technologies,  aussi tabou que les dividendes qu’il rapporte aux actionnaires. Mais en réalité ce sont ces actionnaires qui font la loi, qui font leur règle d’or, celle qui estime plus profitable, donc fatal, de rayer Frangey de la carte, d’ aller surexploiter sous d’autres cieux des travailleurs plus pauvres. Face à cette  règle d’or, les poussières, fussent-elles d’étoiles,  que sont les êtres humains,  n’ont jamais pesé bien lourd.
Oui mais, c’est parfois plus résistants qu’on ne croit, les hommes, les travailleurs. A voir la mine des représentants de la direction vendredi midi, ils ne s’attendaient pas à ça : douze salariés venus de Frangey planter tentes et lits, drapeaux orange et rouges,  pour faire la grève de la faim devant le vaste siège gris béton de Lafarge à Saint-Cloud. C’est pire que douze grains de sable,  pour enrayer la machine à casser l’industrie du pays ! Et avec ça, Monsieur  Galaud, ce maire de Lézinnes, un maire de village comme il y en a tant, qui n’a rien d’un gauchiste, est venu  jeûner avec eux, et FR3 se mêle de faire son travail d’information ! Quatre jours déjà que ça dure, et la plupart n’ont même pas l’air fatigués, certains ont encore la force de se lancer des blagues : à tel point que là haut, dans les bureaux de la direction, quelqu’un a trouvé malin de les accuser de « boire de l’eau sucrée ». Mais Il a dû vite gribouiller quatre lignes de démenti : quelle honte ! Et puis la sénatrice communiste Brigitte Gonthier Maurin a interpellé jeudi le ministre Besson (1) , elle est revenue vendredi, avec des militants, des conseillers municipaux, des députés communistes, Front de gauche, Rolland Muzeau et Jacqueline Fraysse, avec des conseillers généraux, Patrice Leclerc et Pascal Buchet, qui est aussi maire et secrétaire de la fédération du Parti Socialiste, avec des Verts-Europe-Ecologie, André Gattolin , Julien Sage…
 Les gens vont se demander ce qui a bien pu pousser cette douzaine de travailleurs à mettre leur santé, voire leur vie, en danger en faisant la grève de la faim,  forme extrême de lutte que personne ne recommanderait à quiconque de choisir ; ils vont chercher sur le site internet de la CGT, par exemple, ils vont découvrir comment Lafarge les a méprisés, depuis des mois et des mois, comment les dirigeants de la communauté européenne ont fait la sourde oreille en juin quand Patrick Le Hyaric est intervenu au Parlement Européen ; ils vont signer en masse la pétition qui demande à la direction de Lafarge d’abréger la grève de la faim des salariés et de leur maire, déterminés à « aller jusqu’au bout », en retirant son projet de fermeture de leur usine.
(1) Le 22 septembre, Brigitte Gonthier-Maurin, sénatrice des Hauts-de-Seine a alerté le ministre de l'Industrie Eric Besson sur la situation très préoccupante des grévistes et pour demander une reprise des négociations avec la direction de Lafarge :
"Depuis presque trois jours, douze salariés de cette cimenterie sont en grève de la faim devant le siège social du groupe à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) pour exiger le retrait définitif du projet de fermeture de leur usine.
Je les ai rencontrés aujourd'hui : ce sont des hommes, des salariés, déterminés à se battre jusqu'au bout pour sauver leurs emplois, conscients des risques graves encourus pour leur santé. A ce jour, ils ne sont d'ailleurs toujours pas pris en charge par un encadrement médical et psychologique adapté, et cela malgré les engagements de la direction.
Par la fermeture de cette cimenterie, ce sont 74 emplois qui sont directement menacés. Ce sont aussi près de 500 emplois indirects qui seront impactés, comme le dénonce Monsieur Jean-Claude Galaud, maire de la commune de Frangey et président de la communauté de communes, engagé lui aussi aux côtés des salariés de cette cimenterie."

Texte à disposition des passants, devant le siège social de Lafarge, 5bd Loucheur,
 à Saint-Cloud, dans les Hauts-de-Seine :
"GREVE DE LA FAIM
   Avec des bénéfices record, même en période de crise, Lafarge Ciments a décidé de fermer notre usine de Francey dans l’Yonne.
  « En surcapacité dans un marché local de petite taille et qui peut difficilement s’adapter à l’évolution des besoins en nouveaux ciments à faible empreinte environnementale ». Voilà, la messe est dite. Langage technocratique, voix du pouvoir et de la force. La direction de Lafarge Ciments a communiqué !
  Tous les élus locaux et départementaux, les syndicats ainsi que les représentants du personnel ont travaillé dur et ont sacrifié leur vie de famille afin de prouver que les raisons annoncées par la direction du groupe ne sont pas fondées. Aujourd’hui, c’est chose faite ! Malgré cela, la direction ne veut pas approfondir et continue à imposer son plan de fermeture.
  Nous sommes contre la délocalisation de l’industrie française et la destruction de nos emplois au bénéfice d’investissements à l’étranger et au seul profit des actionnaires. De plus nous dénonçons une réorganisation des marchés par les cimentiers français.
  Notre usine est exemplaire en matière de sécurité, elle est une des plus fiables au monde, elle est propre (norme iso 14001 récemment), novatrice (Frangey est la seule usine au monde à avoir produit le clinker du futur : Aether*) et surtout elle est, et restera rentable dans le futur. Elle ne demande qu’à faire vivre de nombreuses familles et toute une région bien sinistrée.
  Jusqu’à maintenant, nous avons toujours été pacifiques dans nos démarches, même quand Lafarge nous a, sans aucune raison, envoyé les CRS !
  A présent, nous sommes prêts à aller jusqu’au bout pour une chose et une seule :
 Le retrait définitif du projet de fermeture de notre usine de Frangey !
Nous pensons que vous trouverez dans ce geste la logique, le bon sens et l’humanisme nécessaires à son approbation.
Votre soutien nous est précieux :
http://petitionpublique.fr/PeticaoVer.aspx?pi=P2011N14397               Le 20 septembre 2011,
Les grévistes de la faim de Frangey"

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