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40 mars 2016, Place de la République, Paris

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Nanterre en colère

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vendredi 3 septembre 2010

Retour sur Seignosse 1. Eloge de la lenteur

"Pourvu qu'ils me laissent le temps"
Boris Vian, L'évadé

Rendre compte de ce que chacun d’entre nous, qui avons fait le voyage de Seignosse, avons vu, entendu et dit à l’université d’été du PCF : facile de s’engager, plus ardu de tenir ses promesses dans un temps raisonnable quand la journée militante semble si courte en ce temps de toutes les mobilisations. Pourtant il faut s’y mettre, il faut le remettre, le nez dans les notes prises à la hâte, sans attendre que les idées s’envolent.

Yves Tanguy : Jour de lenteur

Ce serait être de bien mauvaise foi que de prendre le plaidoyer pour la lenteur de Patrice Bessac comme la justification d’attendre la Saint Glinglin en bayant aux corneilles ; « l’éloge de la lenteur dans les relations humaines et politiques, qui prend le temps de penser lentement pour penser vraiment », qui s’oppose au populisme, à la « vulgarité de l’exercice politique dans la société du spectacle », c’est tout le contraire d’un nouveau droit à la paresse. C’est « aller à la rencontre, sans préjugés, sans esprit de domination, de notre propre pensée et de toutes celles qui existent dans le mouvement critique, progressiste, communiste, transformateur » : rien que ça !

Justement, j’avais lu en juillet Hémisphère gauche, une cartographie des nouvelles pensées critiques, un livre des plus déstabilisants, de Razmig Keucheyan, que je vous recommande. Bien sûr, on peut le prendre en paresseux : puisqu’il extrait la substantifique moelle de nouvelles pensées critiques nées dans le « grand cauchemar » des années 1980, et qu’il dépoussière certains de leurs plus anciens géniteurs, y’aurait qu’à pomper un boulot tout fait. On peut encore plus facilement le prendre de haut, s’indigner que le docteur en sociologie n’ait rien vu de nouveau naître du côté des travaux officiels du PCF pendant ces dernières trente années, alors qu’on a passé tant de temps à nous creuser les méninges : on peut juger indigne de sortir de l’Université un ouvrage qui, nous mésestimant, jette forcément des beaux bébés avec l’eau du bain. Mais ce n’est sans doute pas comme ça que le nouveau mariage, que l’auteur appelle de ses vœux, entre le mouvement social , les organisations qui ambitionnent d’ouvrir de nouveaux horizons, et les intellectuels qui élaborent de la pensée critique (c'est donc un ménage à trois, ce qui simplifie rarement la vie), pourront faire de beaux enfants. Je me disais donc qu’en ce qui concerne les rencontres à ne plus rater, ça prendrait pas mal de temps pour trouver des âmes sœurs, alors que le communisme du XXIème siècle, c’est pas la décennie qu’on vient de se prendre qui pourrait nous faire croire qu’il a l’éternité devant lui, pour jouer les Phénix et renaître de ses cendres. Tiens, on aurait pu inviter Razmig Keucheyan, à Seignosse, ce sera peut-être pour l’année prochaine… En attendant, si vous trouvez Hémisphère gauche au village du livre de la fête de l’Huma, n’hésitez pas à prendre le temps de le lire.
Pourquoi je vous tiens la jambe avec cette lecture d’avant l’Université d’été ? Je ne me suis pas engagé à vous bassiner avec toutes mes lectures de vacances ! Vous voyez bien que quand on commence à prendre son temps on ne sait jamais quand ça finit, et qu’alors c’est dur de rendre compte dans un temps raisonnable des ateliers et séances plénières de l’Université d’été du PCF, auxquels j’ai assisté, et auxquels des invité-e-s non encarté-e-s au PCF ont à mon avis enrichi notre réflexion, du moins la mienne. Il fallait bien avant que je prenne le temps de comprendre ce que ça voulait dire, l’ « éloge de la lenteur » pour Patrice Bessac, parce que cette formule me trottait dans la tête depuis mercredi. Je n’avais en effet pas écouté son discours d’accueil, vendredi dernier, ayant mis trop de temps à faire la route, et c’est dans « Communiste », au milieu de l’Huma, que je l’ai trouvée, cette formule. Depuis, j’avais peur d’aller trop vite. Maintenant, ça va mieux, parce que je crois que ça veut dire quelque chose du côté de l’Hémisphère gauche. Et je m’aperçois que je n’ai peut être perdu ni mon temps ni le vôtre, parce qu’en croyant battre la campagne, je me demande si je ne me suis pas retrouvé au beau milieu du commencement du devoir de rentrée que je me suis engagé à rendre sans tarder.

Mais vous voyez quel temps ça prend ? Pas étonnant que les journalistes qui étaient pressés, parce que leur TGV n’allait pas les attendre, n’aient rien vu ni rien entendu : c’est qu’on n’était pas dans « la vulgarité de l’exercice politique dans la société du spectacle », on n’était pas là pour obéir à « l’injonction du capitalisme au mouvement perpétuel, au changement qui ne change rien ».

Vous verrez cependant que je vais aller sans doute plus vite, après une pause, dans mes comptes rendus à venir, bien que je sache qu’il ferait encore bon à lézarder du côté de l’Hémisphère gauche.

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