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40 mars 2016, Place de la République, Paris

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Nanterre en colère

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En 2017, changeons la politique !

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mardi 17 août 2010

Ce n'est pas le moment de battre en retraite !

Drôle de trêve estivale que ces vacances violées par les propos et les actes violents d’un Etat en démence ! Drôle d’entrée en retraite, avec l’amertume d’être peut-être parmi les derniers des salariés à bénéficier d’une carrière et d’une pension complète pour ses soixante ans, d’être dans deux semaines radié des cadres d’une Education nationale dont les élèves et les personnels vont connaître la pire des rentrées !
Dès le quatre septembre, je suis de ceux qui manifestent !


Je savais depuis le mois de juin que le « privilège » de disposer librement de mon temps commencerait dans la rue. Le 6 septembre, aux côtés de mes collègues en grève, des parents d’élèves, des lycéens, dans la manifestation contre la suppression de dizaines de milliers de postes de professeurs, le démantèlement de la formation professionnelle des enseignants…Le 7 septembre contre la projet de casse de la retraite par répartition, qui obligerait mes collègues à travailler jusqu’à 67 ans pour avoir droit à une pension complète, belle aubaine pour les fonds de pension auxquels ils préfèreraient confier la ruine de leurs économies capitalisées, qui condamnerait les quinquagénaires virés du marché du travail, les femmes victimes du patriarcat, à attendre encore des années de plus une retraite de misère. Comme l’offensive néolibérale ne saurait s’arrêter d’elle-même en chemin, je me préparais à donner de mon temps sur bien d’autres fronts. Celui de la protection sociale, qui est entièrement dans le collimateur- la sécurité sociale, l’hôpital public, les mutuelles-, pour que la santé devienne complètement une marchandise, pour que les profits des multinationales des assurances et du médicament explosent. Celui de la culture, mise à mal entre autres par la réforme des collectivités locales. Celui des luttes avec les sans-papiers, après la première victoire arrachées par ces 6000 travailleurs qui ont obtenu des conditions moins arbitraires pour leur régularisation, ouvrant peut-être une brèche pour une politique d’immigration radicalement nouvelle, humaine, réaliste, conforme aux droits de la personne humaine et à la nécessité de nouvelles solidarités entre les peuples du monde.

Comme s’il fallait que j’use d’avance de mon temps, mon agenda militant était déjà celui d’un fou de liberté, de colères et d’espoir.

Après qu’ils ont plongé la France, l’Europe et le monde dans une crise sans fin, le masque des défenseurs/profiteurs du système n’est-il pas tombé cet été avec les scandales mettant en évidence les liaisons peu vertueuses entre les milliardaires et les politiciens qui prétendaient « moraliser le capitalisme » et continuent d’intensifier leur politique de démantèlement des conquêtes sociales, de « sacrifices » et de souffrances pour les peuples ? La difficulté persiste pour convaincre qu’à gauche on peut faire autre chose que se soumettre aux lois du capitalisme mondialisé, autre chose de beaucoup plus républicain et démocratique que les primaires électoralistes du PS avec le patron du FMI en vedette américaine, d’autrement plus révolutionnaire que l’isolement volontaire d’un Besancenot, de bien plus conséquent pour le devenir de l’humanité que le libéralisme vert de nombre de porte-parole d’Europe –Ecologie. Mais il n’en existe pas moins un besoin, une recherche de projet de société-monde humaine et solidaire, libéré des dogmes du capitalisme, d’alternative politique au sarkozysme ou à ses avatars néolibéraux. Certes, le PCF est affaibli, et on ne peut pas dire que la réactivité politique de ses porte-parole fasse souvent la une des médias. Pourtant, si ce parti reste à transformer, ses initiatives pour amplifier les ripostes à la politique du gouvernement, construire un pacte d’union populaire et un nouvel élan au Front de gauche, peuvent, dès lors qu’elles sont mises en œuvre dans une démarche d’ouverture et de rassemblement, rencontrer des attentes et des aspirations qui existent chez de nombreux citoyens et acteurs des luttes, syndicalistes et associatifs, malgré une défiance largement partagée et populaire des politiques. La fête de l’Humanité s’annonce de ce point de vue comme un moment et un espace particulièrement utile d’actions et de rencontres afin d’ouvrir des perspectives et des possibles : les 11,12 et 13 septembre sont marquées de la couleur de l’espoir dans mon agenda militant.

Mais en ce mois d’août nous avons subi un traumatisme, comparable à la présence de Le Pen au deuxième tour des présidentielles en 2002. Et cette fois c’est un président, ce sont des ministres, qui sont au pouvoir et qui font du Le Pen, qui tiennent le discours et appliquent la politique de l’extrême droite.
pour avoir collé cette affiche
cet été, trois jeunes communistes
de l'Isère ont été traduits
en justice et ont été relaxés

En 2006, perplexe en écoutant et en voyant s’agiter en vue des présidentielles le petit avocat d’affaire de Neuilly, au style vulgaire et populiste, je me demandais si c’était vraiment ça, le type de personnel politique dont le grand capital avait besoin. Il a depuis fait la preuve de sa détermination à détruire tout ce qu’il reste des acquis sociaux, démocratiques et solidaires des luttes populaires du siècle dernier. Evidemment, sa popularité a fondu en un demi –mandat. La peur d’une nouvelle « Nuit du quatre août » s’est emparée du petit monde des grandes fortunes. Quand la grande bourgeoisie et son personnel politique ont peur, cela donne le discours du 30 juillet. L’appel à l’union sacrée à gauche et à droite, aux riches et aux pauvres, pour faire la guerre à l’Ennemi de tous les Français. Un ennemi de l’intérieur, proche de chez vous. Mais venu de l’étranger et occupant des « zones de non droit » que seraient les cités populaires ou les camps de nomades : Rroms et gens du voyage, migrants « clandestins » et immigrés et enfants d’immigrés, jeune paumé et dealer-braqueur-assassin… Tous dans le même sac, tous inintégrables, tous « présumés coupables », à l’image de cet épouvantail de bouc émissaire qui hante les journaux, présumé fraudeur, polygame et violent, complice d’une dangereuse automobiliste en burqa !
Avec lui, on n'est jamais sûr
de ne pas tomber plus bas

Tel est le venin que Sarkozy a craché à Grenoble, avant d’aller jouer au touriste- président -proche –du- peuple pendant deux semaines chez les riches du Cap-Nègre. A la meute de ses ministres de continuer à remuer la fange. Pourront-ils vraiment retirer la nationalité française pour des délits de droit commun ? Il faudrait réformer la Constitution républicaine et revenir sur son principe fondamental d’égalité. Peu importe : le but est d’ancrer l’idée que le danger vient de l’étranger fourbe qui se déguise en français sans mériter de l’être. Pourront-ils vraiment mettre à l’amende les maires qui refusent des mesures « sécuritaires » aussi ridicules que la mise en place de caméras de surveillance, quand les postes de policiers sont supprimés par milliers ? Peu importe : le but est de désigner les élus de proximité non sarkozystes comme coupables de négligence, de tenter de faire oublier la responsabilité de la politique néolibérale dans la montée des violences et de l’insécurité. Aujourd’hui, les victimes principales sont les plus démunis, comme ces Roms expulsés violemment de leurs abris précaires, sans aucune perspective de logement décent. Ce sera toujours et encore plus les migrants et les demandeurs d’asile, que la loi Besson, débattue en septembre, permettra d’expulser pratiquement sans recours devant la justice.

Ce n’est pas la première fois que, dans une période de crise, un homme à la tête d’un Etat joue avec la peur, avec le racisme, avec la xénophobie pour que sa classe ou son clan, pour que lui-même, restent au pouvoir.

D’autres font de même en Europe, où la montée des extrêmes droites est inquiétante. Cela ne peut pas manquer de rappeler les pires moments de notre histoire commune. Il est vrai que les discours se ressemblent et que la mémoire des années trente reste heureusement vivante. L’est-elle suffisamment, vivante, cette mémoire, sont-elles suffisamment approfondies, les leçons de l’Histoire, pour qu’il n’y ait pas de danger à laisser Nicolas Sarkozy tenir ce discours et poursuivre cette politique ? Au contraire, mobilisons-nous, car il est hélas moins fou de penser que « le ventre est toujours fécond, comme l’écrivait Brecht, d’où a surgi la bête immonde », et d’agir en conséquence.

Nous rassembler samedi 4 septembre, avec toutes les organisations signataires de l’appel à défendre les valeurs de la République, contre la xénophobie d’Etat, est un devoir de citoyen. Loin de nous détourner des luttes sociales, de la défense de nos retraites ou de la mobilisation pour l’école – un des buts évidents de la monstrueuse « diversion » de Sarkozy et de ses complices – cette mobilisation, pourvu qu’elle soit assez puissante, n’en rendra que plus urgent et possible la construction d’ un changement radical de politique dans tous les domaines.

A lire : le billet de Richard Moyon, professeur en banlieue et militant du Réseau Education Sans Frontières, publié sur le site Médiapart.

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