« Tous les enfants, quelles que soient leurs origines familiales, sociales, ethniques,
ont un droit égal au développement maximum que leur personnalité comporte »
(premier principe du plan Langevin-Wallon,1947)
L'année scolaire passée a été marquée par les luttes convergentes des personnels, des parents, des étudiants, des lycéens. Contre les suppressions de postes de personnels titulaires : plus de 40 000 depuis 2008, 16 000 prévues en 2010. Contre un empilement de réformes : suppression de la carte scolaire, réforme des programmes, suppression des RASED, réduction d'un an de la préparation au baccalauréat professionnel, mise en extinction de l'école maternelle, aides à l'enseignement privé, réforme des lycées, statut des enseignants chercheurs, formation des enseignants, nouveau contrat doctoral…L'ampleur du mouvement a conduit Sarkozy et le gouvernement à opérer quelques reculs (maintien de postes RASED, report de la réforme du lycée…). Mais l'offensive néo-libérale n'en continue pas moins, pour une refonte de l'école et de l'Université, telle que définie par Sarkozy dans sa lettre aux éducateurs.
Un refus partagé du démantèlement du service public
Peu à peu, les réseaux des acteurs des luttes de résistances aux réformes réactionnaires en ont débusqué les finalités communes. Que l'éducation ne soit pas une mission collective, mais un contrat individualisé, déconnectant le diplôme des conventions collectives et faisant, encore plus qu'aujourd'hui, de l'échec scolaire un échec personnel culpabilisant. Que l'école ne soit pas un espace d'émancipation humaine, mais serve à une reproduction d'élite pour un petit nombre et à une formation de salarié flexible pour le plus grand nombre. Que dans une Europe, voulue économie de la connaissance la plus compétitive du monde par le traité de Lisbonne, le maximum de plus value marchande soit tirée de ce secteur. En France, en Italie, en Grèce, en Belgique, en Allemagne, au Danemark, en Espagne…les systèmes éducatifs sont réformés pour s'adapter à la libéralisation des marchés et à la dé- réglementation du travail, à la mise en concurrence. Notre pays où l'opinion est attachée aux principes et aux valeurs de l'Ecole de la République, est un de ceux dans lesquels une telle refondation passe le plus mal. Qui a participé aux AG et aux manifs ne peut ignorer que les communistes sont loin d'être les seul-e-s à en refuser non seulement les conséquences, mais aussi l'idéologie dont elle procède, quand elle est mise à nu.
Tous ensemble pour aller où ?
Ne sous- estimons pas la capacité et l'habileté de Sarkozy et de son équipe : fausses concertations, manœuvres de divisions, répression d'enseignants et de jeunes contestataires, « service minimum » imposé aux communes en cas de grève dans les écoles, jeux liberticides sur les peurs et les violences générées par la violence du système capitaliste lui-même (décidément impossible à humaniser ni à moraliser !), voire sur une opportune pandémie grippale…Mais ne nous cachons pas que les causes essentielles des découragements et des essoufflements après les très fortes manifestations du printemps ne sont pas dans la finesse tactique de l'adversaire. Ni dans les indéniables difficultés de l'action syndicale, d'autant plus grandes que le nécessaire et populaire, autant que fragile, « tous ensemble » ne saurait masquer des divergences réelles. La vérité est qu'un projet progressiste commun, face au projet réactionnaire de Sarkozy, fait actuellement défaut. Or, la défense du statut quo, chacun en est conscient, à commencer par les professionnels et les militants engagés sur le terrain de la lutte contre l'échec scolaire, ne peut pas constituer l'objectif d'un front de gauche pour l'école.
L'urgence d'un projet alternatif
L'école en effet, de la maternelle à l'Université, est en crise, et cette crise ne date pas de l'élection de Nicolas Sarkozy. Au regard des finalités du plan Langevin-Wallon, rédigé il y a deux générations, l'évaluation de l'action émancipatrice du service public d'Education Nationale ne saurait être plus élogieuse qu'un insatisfaisant « pourrait-beaucoup- mieux faire ». Certes, le nombre de bacheliers a considérablement progressé, mais il stagne depuis des années, et le taux d'échec très élevé en premier cycle universitaire est une consternante réalité. Pire : 150 000 jeunes, près de 20%, quittent l'école sans aucun diplôme. Ils vivent dans nos cités populaires, pas dans les résidences de Neuilly. Le pourcentage d'enfants d'ouvriers et d'employés admis dans les filières débouchant sur des métiers de cadres supérieurs régresse. Autrement dit : l'arrivée massive de jeunes de familles populaires, porteuses de légitimes exigences de réussite, ne s'est pas traduite par une réelle démocratisation de l'école de la République. Bien d'autres causes – telles que les suppressions d'emploi et le chômage, toutes les formes de misère et de discriminations – expliquent les souffrances des banlieues, mais l'échec de l'école en est une aussi.
Des propositions pour éradiquer l'échec scolaire, pour que tous les jeunes, quelle que soit leur origine sociale, culturelle, géographique, puissent accéder à une culture commune de haut niveau, sont avancées par des organisations syndicales, politiques, des chercheurs, par des associations, des réseaux, des militants pour une pédagogie nouvelle… Pour sa part, le PCF a déposé un projet de loi en 2005 (2), enrichi par les travaux du Réseau pour réussir une transformation progressiste de l'école. Il s'agit de mettre en débat ces propositions, dans ce qu'elles ont de commun et dans leurs divergences , pour construire une alternative réellement transformatrice de l'école. Il s'agit d'en finir avec la séparation du politique d'un côté, du social de l'autre, et de se retrouver ensemble, citoyens, syndicalistes, politiques, associatifs, pour élaborer un projet partagé, le faire vivre dans la rue, dans les urnes, dans les institutions. A l'initiative de l'ANECR, un riche colloque dans cet esprit s'est tenu en mars (3). la fête de l'Humanité sera l' occasion, après les élections européennes, de poursuivre la construction d'un front de gauche , populaire et citoyen, pour l'école.
- Débat national, fête de l'Humanité, espace Hauts-de-Seine, samedi 12 septembre à 16h30, avec notamment Brigitte Gonthier-Morin, sénatrice communiste, Gérard Aschieri (FSU), Patrick Gonthier (UNSA)...
- www.pcf.fr
initiative locale : le Collectif Alternatif Nanterrien annonce le lancement de "rencontres transversales sur l'école" le jeudi 17 septembre ( http://www.can92.fr/ )

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