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40 mars 2016, Place de la République, Paris

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dimanche 18 janvier 2009

Nanterre: semaine décisive pour les « Oubliés de Saint-Paul »

Un délégué du collectif des "Oublié-e-s de Saint Paul", intervenant dans le débat "Avec les travaillers sans papiers en lutte, pour la régulaisation de tous", dans l'espace Hauts-de-Seine de la fête de l'Humanité 2008.







Appel est lancé à tous les soutiens qui le peuvent pour qu'ils viennent dès 9 heures mardi à la préfecture accompagner les cinquante six sans-papiers qui devraient avoir une réponse à leur demande de régularisation. Le lendemain, mercredi 21 janvier, une assemblée générale est convoquée pour décider des suites de l'action (rendez-vous à partir de 18h au siège de la LDH, 27 rue Sadi Carnot) en fonction des résultats de l'examen des dossiers que le préfet s'est engagé à faire « loyalement ».



Qui aurait pensé cet été que les 58 personnes laissées pour compte dans les locaux paroissiaux de l'église Saint-Paul de Nanterre verraient un jour leurs dossiers examinés « avec bienveillance » par la préfecture des Hauts-de-Seine ? Ils avaient tout perdu, leurs emplois non officiels, et même, pour trente cinq d'entre eux, leurs hébergements précaires. Certains, venus d'autres départements à l'appel des délégués du CSP 92 pour une occupation démarrée en avril avec l'objectif d'obtenir la régularisation de tous, se trouvaient particulièrement vulnérables, menacés de connaître rapidement les pires des sorts : sans papiers et à la rue, ou expulsés de force du territoire. Car les mois d'occupation, la grève de la faim prolongée de sept personnes, avaient abouti seulement en juillet à un engagement du préfet à examiner soixante dossiers, sur les quatre-cent cinquante occupants recensés par le CSP. En fait, à ce jour, suite à cette lutte, la préfecture a lâché une trentaine de régularisations, et envoyé quelques dizaines d'Obligation à Quitter le Territoire Français.



Dans le même temps, les grèves et occupations d'entreprises par des travailleurs sans papiers engagées dans la région parisienne accaparaient les médias et l'opinion, mobilisaient la CGT et tout un réseau de solidarité populaire, permettaient d'importants succès. Dans le 92, après ceux de la restauration à Neuilly, Colombes, ou Issy-les- Moulineaux, les travailleurs du bâtiment victimes du patron voyou de BMS à Nanterre obtenaient la régularisation d'une quarantaine d'entre eux, et la lutte continue pour les sept déboutés arbitrairement. Travailleurs isolés ou demandeurs d'emplois, les oublié-e-s de Saint-Paul ne disposent pas de l'arme de la grève, et pour la préfecture leur sort était réglé d'avance. En octobre, seule une poignée de dossiers étaient jugés « examinables », les OQTF tombaient, la pression montait pour l'évacuation des locaux paroissiaux demandée par l'Evêque.



Pourtant, les sans papiers qui ont élu des délégués expérimentés, le comité de soutien qui ne cesse de s'élargir depuis la rentrée de septembre, sont parvenus à faire bouger le rapport des forces. L'affaire est devenue départementale, avec un parrainage républicain devant les grilles de la préfecture qui a mobilisé tout le tissu associatif des soutiens, les forces de gauche, les élu-e-s communistes, socialistes, Verts, LCR des Hauts-de-Seine. Le mur du silence de la « grande » presse (1) s'est lézardé fin novembre, après une « auto-évacuation » des locaux, pour obéir à l'injonction du préfet qui en faisait une condition pour « un examen bienveillant de tous les dossiers », après l'installation d'abris de fortune devant l'église, juste avant la vague de grand froid. Enfin, une conférence de presse, suivie d'une impressionnante marche sur la préfecture, a rassemblé en décembre des artistes comme Josiane Balasko, Valérie Lang, Joê Starr, des dirigeants nationaux et des élu-e-s de toute la gauche.



Depuis le 6 janvier, les sans papiers de Saint-Paul sont toutes et tous reçus individuellement en préfecture pour remettre leur dossier, accompagnés de leurs délégués, de leurs parrains, du comité de soutien. Les trente cinq sans domicile sont hébergés par des services sociaux jusqu'au 26 janvier . Deux ont déjà été régularisés. Les cinquante six autres sont tous convoqué mardi 20 janvier à 9h30, sans qu'à ce jour personne ne semble savoir quelle réponse sera faite à leurs demandes.



Le comité de soutien et les délégués, le conseil national de surveillance composé des personnalités qui ont animé la conférence de presse et dont une délégation avait rencontré le préfet, le comité des parrains, ne relâchent pas la pression. La très grande majorité de ces sans papiers sont des célibataires : la seule voie de régularisation pour eux est celle de la carte de salarié. Mais l'exigence que tous présentent tout de suite, avec une promesse d'embauche, le chèque d'un employeur payant la taxe pour l'emploi d'un étranger, n'est pas réaliste. C'est d'autant plus irréalisable que la préfecture, pour l'instant, continue de refuser des autorisations provisoires de séjour qui permettraient de terminer les démarches dans de bonnes conditions pour les employeurs comme pour ceux qu'ils embaucheront.



La question est politique. M. Florian de Bousquet, avant son départ pour le Calaisis, aura-t-il l'élégance du beau geste que serait une régularisation massive ? Le nouveau ministre de l'immigration a déclaré vouloir privilégier le volet « intégration » plutôt que le volet « expulsion ». Voudra-t-il montrer, sur ce dossier, que ses discours ne sont pas des mots creux ?



Personne ne se fait d'illusion, chacun est préparé à une lutte qui sera sans doute encore longue, jusqu'à la régularisation de tous.




  1. A noter que L'Humanité et des journalistes des pages locales du Parisien, par exemple, ainsi que l'AFP, avaient publié des articles sur les Oubliés de Saint Paul avant cette conférence de presse









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