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40 mars 2016, Place de la République, Paris

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Nanterre en colère

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dimanche 18 janvier 2009

Non à la répression, oui à l’éducation





Dans le cortège des Hauts-de-Seine, samedi, la banderole du lycée Joliot Curie de Nanterre rappelait que la crise est loin d'être finie dans cet établissement. Suite à un conseil de discipline qui a voté l'exclusion pour absentéisme d'un élève par ailleurs actif dans l'action contre la réforme Darcos, des lycéennes ont manifesté leur désapprobation avec des mots que Mme le Proviseur a jugés menaçants pour sa personne et pour l'établissement. Suite à la plainte déposée par le chef d'établissement, les lycéennes ont subi une garde à vue traumatisante au commissariat, et passeront devant un juge. Cette répression a été estimée tellement disproportionnée que des enseignants ont tenté de convaincre, sans succès, Mme le proviseur de retirer sa plainte. L'Inspecteur d'Académie a garanti qu'il n'y aurait pas de conseil de discipline pour les lycéennes, mais que la plainte suivrait son cours. A l'initiative de la Ligue des droits de l'Homme de Nanterre, un comité de soutien s'est constitué lundi 5 janvier, réunissant notamment des enseignants et des élèves du lycée, des élu-e-s , des partis de gauche, des syndicats et des associations qui dénoncent la répression qui frappe la jeunesse lycéenne. La discussion avait convaincu tous les participants de chercher à renouer le dialogue dans l'établissement. Mais le lendemain matin, une intervention policière dispersait une « chaîne humaine » devant le lycée, blessant un enseignant qui a porté plainte au commissariat de Nanterre, en présence de représentants du comité de soutien. Si les cours ont repris au lycée Joliot Curie, on le doit donc aux personnels enseignants, syndiqués et non syndiqués, qui ont malgré tout réussi à établir un dialogue constructif avec les élèves, sans pour autant cesser de demander le retrait de la plainte. L'attitude de l'administration n'est au contraire pas de nature à apaiser les esprits : le Recteur répond au SNES qu'il approuve la mise en examen des élèves, tandis que le syndicat des chefs d'établissements s'en prend avec des termes sévères aux organisations constituant le comité de soutien aux lycéennes.







De nouvelles actions s'organisent



Les manifestations de samedi 17 janvier n'avaient certes pas l'ampleur de celles du premier trimestre. Celles-ci, avec l'entrée en lutte des lycéens, avec les grèves de plus en plus suivies, avaient apparemment mis quelques grains de sable dans la machine à casser le service public d'éducation nationale. Le pilote avait ordonné depuis l'Elysée à son mécanicien en chef Darcos de lever un peu le pied. Annonce avait donc été faite du report de la réforme des lycées. On feint encore une fois de croire que la jeunesse est une classe dangereuse au bord de l'émeute parce qu'elle ne comprend pas le sens des réformes réactionnaires qu'on lui concocte, alors on nomme le directeur de Sciences Po pour les expliquer jusqu'à la rentrée 2010. Le ton de l'injure, aux professeurs des écoles maternelles en particulier, qui seraient selon leur ministre payé-e-s à changer les couches, semble remplacé par des semblants d'écoutes de la colère qui gronde, par des semblants de modération quant au nombre par exemple de postes d'enseignants spécialisés à supprimer dans le cadre de la destruction des Réseaux d'Aide et de Soutien aux Elèves en Difficulté. Le discours de bonne année du Président aux personnels de l'Education est un des plus creux et des plus obstiné à poursuivre une politique envers et contre tous qu'on ait entendu depuis 1968. Tout cela ne trompe personne, et si samedi parents, enseignants, lycéens et étudiants avaient l'air de marquer leur présence symboliquement plutôt que de vivre une action décisive, cela ne signifie en rien que leurs consciences seraient endormies.

Tombées le même jour, les annonces des Dotations Globales d'Heures d'enseignements calculées pour la prochaine rentrée par les Inspections Académiques pour les collèges et les Rectorats pour les lycées pourraient très vite mettre le feu aux poudres : encore plus d'heures supplémentaires, encore moins de postes d'enseignants dans nombre d'établissements. Quant aux enseignants des écoles, c'est sur eux que tombe cette fois la plus grosse part des suppressions de postes, les réformes les plus aberrantes qui prétendent qu'on peut enseigner plus de matières avec moins d'heures de cours, les évaluations sélectives à faire passer, la disparition des moyens réels de remédier à l'échec scolaire, la perspective de voir disparaître les maternelles… Des formes nouvelles d'action communes parents et enseignants s'organisent, comme les « nuits à l'école ».

Au niveau local, des contacts se prennent, le besoin d'agir ensemble, avec les parents, avec les associations elles aussi victimes de graves restrictions budgétaires, avec toute la population, avec des municipalités, avec des forces politiques, devient de plus en plus évident. Alors que l'échec scolaire fait des ravages, en particulier dans les quartiers populaires, l'idée qu'il faut tous ensemble faire front pour s'opposer à la politique qui aggrave cette situation, mais aussi pour construire une transformation progressiste, démocratique de l'école n'est plus une utopie : c'est devenu une nécessité.



La journée de grève et de manifestation du 29 janvier, qui rassemblera les salariés du privé et du public, est attendue, pas comme un grand soir qui réglerait d'un coup son compte au sarkozysme, mais comme le point de départ d'une nouvelle dynamique dont le rythme et les suites sont à imaginer et à construire.

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