Western-sur-Seine ?

Sous le titre sans équivoque :
"Levallois et Rueil dégainent le Taser",
on pouvait lire dans les pages
Hauts-de-Seine du Parisien de ce matin :

"D'ici peu, une nouvelle arme devrait alourdir les ceinturons des policiers municipaux de Levallois : le Taser X26, le célèbre et controversé pistolet à impulsion électrique (PIE). Une fois de plus, la ville de Patrick Balkany se veut en pointe en matière de sécurité. Ici, difficile de distinguer rapidement un policier municipal d'un national.

Créée dès 1983, la police municipale est désormais sur le pont 24 h sur 24, sept jours par semaine ! « Avec le Taser, nous renforçons leur équipement, se réjouit le député-maire UMP de Levallois. C'est une arme intermédiaire. Nos policiers ont déjà la panoplie complète ! » De fait, avec leurs tenues spéciales, leur tonfa (bâton de défense) , leurs bombes lacrymogènes, le gilet pare-balles et même une arme de poing calibre 38, les 80 policiers municipaux de Levallois ont de quoi faire des envieux parmi les forces de l'ordre. Sans oublier le dispositif de vidéosurveillance, qui figure parmi les premiers créés en Ile-de-France. (…)

La ville de Rueil-Malmaison a également décidé de s'équiper du pistolet électrique. La demande d'autorisation sera faite « très rapidement », assure Denis Gabriel, adjoint au maire de Rueil-Malmaison, une ville où la PM compte une soixantaine de membres. « Actuellement, nos policiers sont équipés de tonfas et de bombes lacrymogènes. Et la brigade de nuit est aidée d'un maître-chien », poursuit l'élu."(1)

. "Controversé" est un qualificatif soft pour le taser, arme dont le caractère non létal n'est pas toujours garanti.

Mais surtout, je ne peux m'empêcher de faire un rapprochement avec le débat passionnant que nous avons eu avec des psychologues d'une association dépendante du Conseil général dans le cadre de la pré-rentrée, à propos des conduites à risque et des passages à l'acte violent comme caractéristiques de l'adolescence. Si personne ne contestait l'analyse générale des souffrances de l'adolescence, qui est tout sauf le plus bel âge de la vie, certains d'entre nous avons compliqué un peu les choses en avançant l'idée que l'adolescence se vivait différemment selon que l'on est ou pas en situation d'échec scolaire, que l'orientation possible est choisie ou s'impose par défaut, que l'image de soi, de sa famille, de son quartier est valorisée ou vilipendée.

Me serait-il possible d'enseigner dans un quartier comme le mien si des Rambo municipaux, équipés d'armes plus ou moins létales, y représentaient l'ordre social dans lequel devraient s'intégrer les citoyens de demain que sont les élèves ? Quelles conséquences cela aurait-il sur leur personnalité en construction et sur leur comportement immédiat ?

Heureusement, malgré les pressions récurrentes du lobby des "beaufs", actif à Nanterre comme partout, la municipalité refuse de mettre le doigt dans l'engrenage d'une police municipale.

Quant aux maires et leurs adjoints de Levallois ou Rueil, disciples du néo-libéralisme façon Sarkozy, leur modèle de société tient des mauvais westerns qui ont sans doute formé leur imaginaire : des milices de gardiens de vaches dégainant à tire-larigot pour protéger les bons Yankees et leurs vastes ranches contre les pauvres chapardeurs, les indigènes pillards, et autres dangereux bandits. Pensent-ils vraiment, en jouant ainsi eux-mêmes les adolescents attardés, plus provocateurs et violents que les pires « sauvageons », empêcher que dans les banlieues les citoyens trouvent le chemin des rassemblements efficaces pour une vraie alternative à l'offensive anti sociale de la droite qu'ils représentent, principale cause de la mal-vie dans les cités ?

(1) Cet été, le maire de Rueil avait déjà eu les honneurs du Parisien en faisant construire un mur pour entourer la cité populaire de La Fouilleuse