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40 mars 2016, Place de la République, Paris

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mardi 20 décembre 2016

Dimanche, résidents et soutiens, rassemblés au foyer COALLIA de Boulogne-Billancourt, ont appelé à une grande manifestation le 10 janvier


L’entrée du foyer COALLIA, au 29 rue Nationale, à Boulogne-Billancourt, porte les marques du sinistre. Dans la nuit de jeudi 15 à vendredi 16 décembre, l’incendie criminel a coûté la vie à Oussi Traoré, travailleur malien d’une quarantaine d’années, a fait quatre blessés graves, et au moins neuf autres victimes, souffrant de brûlures ou d’intoxication par la fumée.


Sur la façade, une banderole défraîchie rappelle que les résidents sont en grève des loyers, depuis plus de six mois : mais le gestionnaire continue à faire la sourde oreille à leurs revendications, qui touchent à des questions de sécurité…

Une odeur âcre saisit encore la gorge, quand on passe entre les murs calcinés. La porte bleue du gardien, flambant neuve, a été remplacée très vite : sécurité, sans doute, oblige…


 C’est au-dessus de l’extincteur, visiblement tout récemment accroché, dans l’angle, au fond, qu’était depuis peu une caméra de surveillance. Un délégué m’explique qu’elle a été enlevée quelques jours avant l’incendie. 


C’est un des faits troublants, et il y en a d’autres. Pourquoi la porte d’entrée, ouverte jour et nuit à tout venant, était-elle bloquée cette nuit-là ? Pourquoi le gardien avait-t-il enlevé toutes ses affaires du bureau deux ou trois jours avant ? Pourquoi l’alarme n’a-t-elle pas fonctionné ? Pourquoi les pompiers ont-ils mis longtemps à arriver – une heure, affirment des témoins ?

Chercher à qui le crime profite

La demande est unanime qu’un juge d’instruction soit nommé rapidement, pour que les avocats aient accès au dossier, pour que l’enquête soit menée sérieusement. Les résidents, les délégués, les citoyens qui viennent régulièrement au foyer, par exemple pour donner des cours de français, démentent catégoriquement le communiqué calomnieux du Ministère de l’Intérieur, qui, quelques heures seulement après le drame, décrivait ce lieu comme un repère de trafiquants, où rixes et violences seraient fréquentes. L’accusation, venue de la même source, présentant un des résidents blessés comme l’auteur de l’incendie, soulève l’indignation. « Il faut chercher à qui le crime profite », répète-t-on sans cesse, et son ou ses auteurs, ses éventuels commanditaires, doivent être démasqués et jugés. L’hypothèse d’un crime raciste, que le Ministère de l’Intérieur s’est empressé d’écarter, n’a pourtant rien d’invraisemblable, dans le contexte de montée de haine et de violences xénophobes et racistes, anti-immigrés et antimusulmans.


 En attendant, la colère est vive, et elle cible le maire, qui n’est même pas venu présenter ses condoléances ; les autorités municipales et préfectorales qui étaient récemment venus visiter le foyer sans daigner rencontrer les délégués ; le ministère et les médias qui ont relayé sa déclaration odieuse, de nature à alimenter le racisme et la xénophobie ; les promoteurs immobiliers pour qui le foyer fait tâche dans un quartier sur où se construisent des immeubles de standing …Mais c’est surtout COALLIA qui est montré du doigt par tout le monde.

Pourrir la vie des résidents pour les faire partir

Depuis que l’entreprise tentaculaire a fait main basse sur le foyer, en 2011, rien ne va plus. Les délégués, porteurs des revendications des résidents, sont méprisés. Pourtant la loi oblige à tenir des réunions avec eux, surtout quand il s’agit de travaux urgents touchant à la santé et à la sécurité. Mais on met beaucoup de temps à réparer l’électricité, et même à colmater une fuite de gaz, ou à assurer la fermeture de la porte d’entrée... Quant à assainir les murs, à se débarrasser de cafards et de rongeurs, ou à remettre en marche les ascenseurs, si nécessaires pour les retraités les plus âgés, on attend toujours, depuis des mois, des années. Ces très graves négligences, outre le mépris du bien-être des résidents qu’elles dénotent, constituent, surtout après l’incendie meurtrier, pour certaines d’entre elles, des mises en danger de la vie d’autrui.


Elles ont motivé une grève des loyers, observée par tous les résidents, depuis plus de six mois : une durée anormalement longue, car dans ce genre de conflit le gestionnaire accepte habituellement de négocier beaucoup plus rapidement. Une manifestation avait trouvé porte également close à la mairie…
 Après la fermeture par la police, au début de l’été, de la cuisine collective, que les délégués demandaient en vain de mettre « aux normes », sous prétexte, expliquent des résidents, qu’on y aurait trouvé des « sacs de riz dont la date de consommation affichée était dépassée de quelques jours », c’est maintenant la salle de prière, d’autres espaces de vie collective qui sont dans le collimateur. Et puis il y a les descentes de police, la chasse obsessionnelle aux « sans-papiers » jusque dans les couloirs, faute de pouvoir légalement violer le domicile privé qu’est la chambre. D’évidence on veut pourrir la vie de ces travailleurs immigrés, en majorité maliens ou sénégalais, dont certains habitent là depuis trente ou cinquante ans, après une carrière d’ouvriers dans l’ancienne usine Renault-Billancourt. 
Le but semble évident : les faire partir, et transformer – comme dans de nombreux autres endroits dans la région parisienne – ce foyer pour travailleurs migrants, dont tout le monde s’accorde à dire qu’il a besoin d’une réhabilitation, en « résidence sociale », conçue pour entasser des personnes en situation précaire, faute de construction sociale pour les plus démunis. Le maire a dit et écrit qu’il fallait démolir le foyer, et les élus municipaux restent très flous quant à savoir où il pourrait être reconstruit et à qui il serait destiné. Une politique nationale, qui en définitive ne répond de manière satisfaisante aux besoins de personne, dénoncée par le Collectif pour l’avenir des foyers (COPAF), mais qui assure à des gestionnaires comme COALLIA des rentrées juteuses d’argent public.


Un élan grandissant de solidarité

C’est donc pour exiger justice pour Oussi Traoré, pour exprimer solidarité avec toutes les victimes et soutien à toutes les personnes vivant dans le foyer, pour exiger que COALLIA négocie avec les délégués des résidents en lutte, et réalise les travaux d’urgence, pour déjouer les plans de tous ceux qui voudraient détruire le foyer et chasser les immigrés qui y sont logés, que plusieurs centaines de personnes ont répondu, dès dimanche, à un premier appel à la mobilisation lancé par le COPAF.


 L’affluence était telle que la réunion, commencée dans la grande salle commune, a dû se poursuivre dehors, dans la vaste cour.


Elle s’est terminée par un appel commun à une manifestation, qui s’annonce déjà puissante, le mardi 10 janvier (rendez-vous dès 17h au foyer, pour se diriger vers la mairie puis la sous-préfecture)

 Ecouter les prises de parole :




Pierre Gaborit, c.m. socialiste
Me Pascal Winter
4.   COPAF
Geneviève Pétauton, présidente du COPAF
Jean-Baptiste Eyraud
Mamadou Baradji, délégué régional des résidents COALLIA
Vincent Guibert, c.m. PS
Annie Lahmer, Conseillère régionale EELV
Daniéle Simonnet, Conseillèr de Paris, PG
Benoit Martin, secrétaire générale de l'UD CGT Paris

Isabelle Goïtia, PCF
                                                                                                                                                                                     

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