Nombre total de pages vues

40 mars 2016, Place de la République, Paris

40 mars 2016, Place de la République, Paris
cliquer sur l'image pour l'animer

Nanterre en colère

Nanterre en colère
cliquer pour lire les propositions sur le droit du travail JLM 2017

En 2017, changeons la politique !

En 2017, changeons la politique !
cliquer sur la syllabe manquante pour en savoir plus

lundi 2 novembre 2015

Retour sur la marche de la dignité contre le racisme




 La marche de samedi 31 octobre a constitué un événement. Lancée à l'initiative de femmes de quartiers populaires, de femmes « racisées », elle a rassemblé, de Barbès à Bastille, une dizaine de milliers de personnes. Les paroles de ces femmes sont à entendre (enregistrements audio de L'Humanité).


L'appui d'Angela Davis a bien sûr contribué à mobiliser beaucoup de réseaux. Le dixième « anniversaire » de la mort des deux adolescents de Clichy-sous-bois a mobilisé de nombreux collectifs constitués pour la vérité et la justice sur les morts sous les balles ou les coups de policiers : 15 victimes par an ! Mais la prise de conscience va bien au delà des slogans « antiflics » auxquels certains ont voulu limiter leur lecture de l'appel initial. Les cortèges étaient porteurs d'une forte aspiration à s'émanciper des dominations racistes et de classe, des discriminations, des injustices et insécurités que subissent des jeunes et des moins jeunes, femmes ou hommes, stigmatisés et méprisés, révoltés contre le sort qui leur est réservé, en raison de leur quartier d'habitation, de leur physionomie, de leur pauvreté et/ou de leur origine, de leur religion, réelles ou supposées, dans une société de plus en plus inégalitaire et violente.


Leur/notre colère est fraternelle : la place faite aux cortèges de sans-papiers, aux migrants et réfugiés, étaient une vraie leçon , donnée à ceux qui font du racisme et de la xénophobie une arme de destruction massive des solidarités populaires, et les xénophobes racistes ne sont pas qu'à l'extrême droite ! De même que l'expression diverse de la solidarité avec le peuple palestinien constituait une leçon de politique internationaliste, populaire, anticolonialiste et pacifiste, faite aux gouvernants de France et d'Europe.


Même s'ils n'ont pas rassemblé assez de manifestants, il était très important que des syndicats, CGT et SUD, soient présents, ainsi que des « politiques » : Ensemble (signataire de l'appel commun initial) , PG et PCF (qui ont publié leurs propres appels) pour le Front de gauche, Europe-Ecologie-Les-Verts, Mouvement de la Jeunesse Communiste, NPA, Alternative Libertaire , qui propose une analyse intéressante....



Un immense travail reste à faire. L'islamophobie fait des ravages, au point que la bataille pour une vraie laïcité, permettant de vivre et de lutter ensemble, dans le respect et la liberté, qu'on croie au Ciel, de quelque culte que l'on soit, ou qu'on n'y croie pas, de quelque façon dont on se coiffe et ou se vête ...cette laïcité négociée avec l'église catholique, puis votée en 1905, est largement dévoyée vers une conception répressive qui fait la part belle aux délires de l'extrême droite. La peur du « communautarisme » continue de rendre sourd, voire hostile, à l'expression de celles et de ceux qui sont les premières victimes du racisme, et la théorisation de concepts comme ceux de « racisme d'Etat », de « politique de la race », de « racialisation », est à la peine, pour qui est dans le déni du fait que dans notre société, ne pas être noir de peau, ne pas avoir l'air d'un immigré ou d'être d'une famille porteuse de l'histoire de la colonisation, ne pas être Roms, ne pas être (ou seulement paraître !) musulman... c'est avoir une situation « privilégiée » de « blanc », par rapport à beaucoup d'autres. Mais est-ce une fatalité que la couleur de la peau métaphorisée constitue un clivage antagoniste, comme certains textes du PIR pourraient le faire penser, et que la « lutte des races » pourrait se substituer à la lutte des classes, en ruinant tout espoir de vivre et lutter ensemble, de construire des ponts et pas des murs, dans/pour un « Tout monde », au moment crucial où se joue, qu'on le veuille ou non, le destin de notre Terre commune comme espace vivable pour notre espèce humaine, encore à tirer vers le haut de sa « préhistoire »  ? Articuler sexisme, racisme et luttes de classes, valeurs communes, combats , imaginaires et universels vraiments commun, donc encore à construire ensemble et à égalité, c'est une nécessité urgente.

L'absence d'associations comme la LDH ou le MRAP, dans une telle manifestation, montre que ce n'est pas gagné d'avance ! Il est vrai que des divergences existent aussi parmi les militants « racisés » qui habitent et/ou luttent dans les quartiers populaires, et/ou qui prétendent les représenter.

D'autres photos de la marche du 31 octobre :
https://plus.google.com/photos/100667006653185449407/albums/6211915738828875825

Si le Front Uni de l'Immigration et des Quartiers Populaires rassemble dans des villes et des régions une partie d'entre elles et eux, il est révélateur que les marcheurs partis de Villeurbanne pour commémorer la marche pour l'égalité de 1983 aient fait cavaliers seuls, et que leur passage, en tout cas en région parisienne et par exemple à Nanterre, se soit fait sans vraiment essayer de mobiliser les réseaux militants. Je les ai rencontrés place de la Bastille, à la fin de la marche de la dignité contre le racisme, et je tiens fraternellement à les saluer . (Lire le seul article de presse que j'ai trouvé)

Sur l'analyse de la marche du 31 octobre, encore pour l'essentiel à faire, et ses suites, assurément à constuire, quelques articles , comme cet utile décryptage  dans Médiapart et les liens qu'il contient, ainsi que les textes de Saïd Bouamama et de Farid Bennaï (Reprenons l'initiative, FUIQP), celui d'Aminata Traoré et Nathalie M'dela-Mounier publié le 2 novembre par Médiapart,  ou ce reportage à chaud, avec un coup de cœur pour de magnifiques photos d'une partie de la manifestation,(1). Ils ouvrent des pistes et ciblent des obstacles encore à lever pour construire un grand mouvement populaire riche et fort de nos exprériences qui, pour être diversement « situées », ne sont en rien par essence antagonistes, même s'il est vrai que sur ce front des luttes comme sur les autres, l'union est un combat...Et un combat à mener surtout, en l'occurrence, contre nos propres préjugés, dénis ou phobies, pour efficacement déconstruire et démolir tous les pièges des « politiques de la race », qui, à mon avis, servent avant tout à pérenniser des dominations de classe dans un système capitaliste destructeur, du local au mondial, et d'autant plus redoutable que son « abolition », ou son « dépassement », restent à inventer. ..


(1) Dans la presse, autre que l'Humanité et Médiapart, déjà cités :
(extrait de la revue de presse non exaustive diffusée sur la liste militante "politique et islam")
ajoutons le reportage de Politis






Aucun commentaire: