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40 mars 2016, Place de la République, Paris

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Nanterre en colère

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dimanche 6 janvier 2013

Vivre et lutter ensemble...


pour la régularisation des grévistes de la faim par picasso92

Lire le reportage de Marie Barbier, journaliste à l'Humanité





Avec Patrice Leclerc, derrière la banderole du Front de gauche, dans la manifestation du 5 janvier à Paris pour la régularisation des grévistes de la faim de Lille (photo prise par Saïd Laayari)
D'autres photos sont en ligne



Solidarité avec les migrant-e-s, régularisation des sans papiers : on ne lâche rien !

Notre engagement pour la régularisation de tous les sans papiers est plus nécessaire que jamais. Les grèves de milliers de travailleurs ont changé la dimension de la lutte pour leur régularisation, avec l’engagement syndical qui en fait une affaire de droit des salariés, mettant en évidence que c’est d’une lutte de classe qu’il s’agit. Le Réseau Education Sans Frontières a réussi à faire de la régularisation des jeunes majeurs scolarisés, des familles d’enfants scolarisés, une grande cause nationale. Notre apport communiste est de montrer, dans les débats qui animent les militants des collectifs de sans papiers, que cela n’en donne que plus de force et de sens aux revendications d’égalité et de conquête de droits de la personne humaine dont cette lutte est porteuse, incluant liberté de circulation, droit à la vie privée et familiale...La circulaire envoyée en novembre aux préfets par le ministre de l’Intérieur tient partiellement compte des revendications portées par des luttes, mais elle est conçue pour ne pas permettre davantage de régularisations que les années précédentes. L’essentiel serait de tenir le rythme d’expulsions du territoire, affichage absurde, d’autant que l’on sait que ce sont les Rroms qui fournissent un gros contingent des expulsés, alors que ressortissants d’Etats européens, ils ont toute liberté de revenir. Laisser l’immigration, comme la sécurité, dans les attributions du Ministre de l’Intérieur, c’est continuer un amalgame insupportable, et une agitation politicienne sans efficacité autre que celle d’alimenter le discours de l’extrême droite.

Le droit d’asile est institué par le droit international pour les personnes victimes de guerres, de tortures, de traitements inhumains. L’OFPRA et sa cour d’appel doivent avoir les moyens d’examiner toutes les demandes, tous les recours, sans ingérence ni pression des autorités de l’Etat, des politiques migratoires des gouvernements. Raccourcir les délais pour accorder ou non le statut de réfugié est nécessaire, il faut pour cela créer des emplois qualifiés. Mais cela ne doit pas réduire les possibilités d’être entendus et écoutés dans les meilleures conditions. Un hébergement, une assistance, des ressources matérielles sont indispensables pour les demandeurs d’asile, qui devraient pouvoir avoir accès à un emploi salarié.

Si l’opposition inventée par Sarkozy entre « immigration subie » et « immigration choisie » n’existe plus dans les mots utilisés par le gouvernement, l’idée de quotas reste présente pour la préparation d’une nouvelle loi sur l’entrée et le séjour des étrangers. Au siècle dernier, l’armée française recrutait en Afrique, de gré ou de force, des soldats pour faire la guerre. Le  patronat organisait l’immigration massive d’une main d’œuvre, supposée docile, depuis les colonies et les ex-colonies. Aujourd’hui, considérer l’immigration comme une variable d’ajustement déshumanisée aux besoins du pays, comme une main d’œuvre jetable, ça devrait indigner tous les citoyens.
Encore plus insupportable : l’édification d’une Europe forteresse, grande ouverte aux marchandises et aux spéculations financières, mais fermée aux migrants ; les milliers de morts dans la Méditerranée ;  le chantage fait à des pays voisins qui hérissent leurs territoires de camps d’enfermement pour les migrants qu’ils capturent, quand ils ne les massacrent pas ; les réseaux mafieux de traite d’humains que ces murs  font vivre…

Un travail de déconstruction des discours « anti-immigrés » est nécessaire.

Non, la France ne risque pas d’accueillir « toute la misère du monde » ; régulariser les sans papiers, ce ne serait pas créer un « appel d’air », une « invasion ». Toutes les études des phénomènes migratoires montrent que leurs courants principaux se font entre pays pauvres, et que les plus pauvres des habitants de la planète restent de fait assignés à résidence. Une récente enquête de l’INSEE montre que la France accueille moins de nouveaux migrants que la moyenne des autres pays riches, en proportion de sa population. La même enquête montre que ce qui pose un réel problème pour la France, c‘est l’inégalité dans l’obtention de diplômes et dans l’accès à l’emploi qui frappe en particulier des garçons classés comme « immigrés de deuxième ou troisième génération »,  dont les familles sont originaires de certaines ex-colonies. Comment expliquer, autrement que par des discriminations dont ils sont victimes, ce qui n’est pas un problème d’immigration, mais une injustice de notre société à combattre ?

Non, ce n’est pas le « coût de l’immigration », pas plus que le « coût du travail », qui explique la crise de notre économie ; ce n’est pas la présence d’étrangers sur notre territoire qui provoque les destructions d’emplois, le chômage. Les immigrés sont des travailleurs qui produisent des richesses, qui cotisent pour la protection sociale, qui paient des impôts. Le vrai scandale, c’est la surexploitation de ceux qui, privés de tout droit, vivent une situation d’ « esclaves modernes ».

Oui, il faut changer l’ordre du monde, coopérer entre les peuples, extirper famines, guerres, dictatures, violences et discriminations ethniques et sexistes, la misère… Oui, cela évitera l’émigration de dernière chance, pour le migrant et les siens au pays, avec lesquels il partage ses maigres revenus. Cela évitera la déchirure de l’exil qui s’impose parce qu’on ne peut plus vivre sur le sol où on est né. Mais ne faisons pas croire que ce serait un moyen d’en finir avec les migrations. Plus d’échanges, plus de solidarités, plus d’ouverture au monde, c’est aussi plus de liberté de circulation et d’installation, de liberté d’aller ailleurs et de revenir, d’amours au-delà des frontières. C’est depuis la nuit des temps une dimension de l’émancipation humaine, c’est avec cette liberté que nos civilisations ont grandi .

Extrait de ma contribution à la préparation du 36 ème congrès du PCF : Vivre et lutter ensemble, riches de nos différences

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