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40 mars 2016, Place de la République, Paris

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Nanterre en colère

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En 2017, changeons la politique !

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mardi 28 août 2012

Une rentrée normale ?


Ce matin j’ai reçu le numéro de septembre du Monde Diplomatique. En lisant l’éditorial de Serge Halimi, Tentation du pire, je n’ai pas pu m’empêcher de remplacer Romney et Ryan par Sarko et Le Pen, Obama par Hollande, ce qui, j’avoue, est flatteur pour notre président et prématuré pour les prochaines présidentielles en France. Et je n’avais vraiment pas besoin de ça pour l’avoir amère, cette rentrée, que vous trouvez « normale », vous ?
Dessin de SONDRON paru dans L'Avenir, Namur

Un peu plus de trois mois, le cap des cents jours, comme disent les médias, largement franchi, où sont nos espoirs ? Où sont les espoirs de toutes celles et de tous ceux qui, comme moi, ont fait campagne à gauche pour chasser Sarkozy, pour en finir avec son système, pour ouvrir une perspective de sortie de la crise, pour libérer la démocratie de la chape de plomb que constituent  en France les institutions de la cinquième République et en Europe les traités qui imposent aux peuples de se soumettre à une politique austéritaire,  dont les conséquences catastrophiques se traduisent partout par d’avantage de chômage, de misère, de désespérance ?
Certes, quelques mesures sociales ont été prises par le gouvernement et la majorité parlementaire, quelques réformes  fiscales sarkozystes des plus injustes ont été abolies, quelques riches paieront un peu plus d’impôt, mais cela ne suffit pas pour changer le système, pour changer la vie. Cela ne suffit pas non plus pour rallier l’opinion au social-libéralisme : la cote de popularité du Président de la République et du premier ministre est déjà en chute libre. Comment s’en étonner ?

Alertes estivales

L’annonce de suppressions massives d’emplois dans l’industrie dès cet été met en évidence l’incapacité du Parti Socialiste, qui a tous les pouvoirs politiques, à résister aux décisions du grand patronat. La création d’un « ministère du redressement économique » sans réel pouvoir, puisqu’une loi contre les « licenciements boursiers » n’a pas été présentée au Parlement en juillet, ne sert qu’à piéger un ministre issu d’un courant censé représenter la gauche du PS, réduit à de vains effets oratoires.
La flambée de violences dans des quartiers populaires, où l’abstention massive aux élections législatives, une fois Sarkozy battu, montre combien la rupture avec l’ « offre politique » est profonde, constitue aussi une alerte. Certes, vandalisme, trafics de drogue, agressions contre les « forces de l’ordre » sont des délits à réprimer, le droit à la sécurité de tous – y compris et  sans doute principalement celle des jeunes – est une mission essentielle de l’Etat, qui doit remettre en place une véritable police de proximité. Mais ne soyons pas naïfs : sans ouvrir des perspectives d’avenir individuel et collectif, il ne peut y avoir de cité paisible. Par exemple, à quelques jours de la rentrée scolaire, ni le saupoudrage de postes d’enseignants, ni une énième réforme des rythmes scolaires, ni l’augmentation de la prime de rentée scolaire,  ne suffiront à donner un signe que l’on s’attaque vraiment aux causes qui font que le système scolaire, de la maternelle à l’Université, est profondément inégalitaire et en crise. Une nouvelle carte des quartiers prioritaires risque de priver des municipalités et des associations, à Nanterre, Gennevilliers ou Bagneux, de moyens nécessaires pour la rénovation de cités, l’action sociale, l’aide à la scolarité… 150 000 emplois aidés pour des jeunes en difficulté ne résoudront pas leur  chômage massif, et peuvent avoir l’effet pervers, dans l’Education Nationale par exemple, de se substituer à la création nécessaire d’emplois qualifiés dans la fonction publique.

Empêcherons-nous le vote de la loi organique de mal gouvernance ?

Mais le plus grave, c’est la façon autoritaire et sournoise qu’emploie la majorité des responsables du gouvernement et du Parti socialiste pour tenter de faire voter par le Parlement le Pacte Sarkozy-Merkel dès la rentrée. Avec machiavélisme, l’accord du Conseil constitutionnel a été obtenu, en pleine période de vacances, pour éviter une réforme constitutionnelle. Les députés et les sénateurs de la majorité présidentielle sont maintenant sommés de voter une loi organique qui les priverait de toute souveraineté pour décider du budget de la nation. Celui-ci serait soumis au contrôle préalable et à d’éventuelles sanctions et redressements par des instances européennes non élues. La règle d’or instituerait comme seule possible la stratégie d’austérité budgétaire, celle- la même qui, avec le dogme patronal de baisse du coup du travail, cause récession économique, chômage et reculs sociaux partout en Europe. Les destructions d’emplois de ces derniers mois, les prévisions de nouvelles baisses de la croissance dans notre pays, montrent que la prétention affichée par François Hollande de renégocier un tel traité avec Angéla Merkel, pour une priorité à l’emploi et à la croissance, n’a été qu’une pantalonnade.
L’exigence d’un référendum, portée par le Front de gauche, par des associations comme ATTAC, par certains dirigeants des Verts, est approuvée par 72 % de l’opinion, selon un sondage publié par l’Humanité. Des parlementaires socialistes expriment leur détermination à « voter contre en l’état du traité ». Comme la Confédération Européenne des Syndicats, CGT et FO sont hostiles au traité. Le Président socialiste osera-t-il passer en force pour imposer ce que Patrick Le Hyaric, député européen Front de gauche, qualifie de « coup d’Etat à froid ? ». Ce serait une décision extrêmement grave, alors que le Parti Socialiste veut donner une image de lui-même ouverte au dialogue et à la concertation, comme l’a montré en juillet la conférence tenue avec les partenaires sociaux, et qu’il aura besoin bientôt à nouveau de cette apparente volonté de consensus sur des dossiers aussi lourds que par exemple celui de la sécurité sociale (un dossier sur lequel je reviendrai). Mais la social démocratie européenne a hélas déjà montré plus d’une fois qu’elle était capable du pire des autismes.

Ne laissons pas perdre nos voix

Comme celles des quatre millions d’électeurs du Front de gauche, ma voix à l’élection présidentielle a été indispensable à François Hollande pour être élu. Je ne regrette pas mon vote, il fallait battre Sarkozy, la droite, l’extrême droite.  Depuis juin 2011, la campagne du Front de gauche, son programme l’Humain d’abord a montré qu’une autre politique était possible à gauche. Aujourd’hui, le PS voudrait faire comme si ces propositions n’existaient pas, comme s’il représentait à lui seul toute la diversité des forces de gauche, qui ne pourraient que suivre l’avis de ses experts, de ses énarques porteurs des dogmes de la pensée libérale.  Dans leur monde, dans leur conception de la politique, tout doit tourner rond, toute aspérité dérange. Les communistes, Jean Luc Mélenchon ? ils ont perdu aux législatives, on leur a même piqué des sièges, ils n’ont qu’à se taire. Les Verts ? ils ont gagné des sièges de députés, et même des ministres, en se ralliant au PS : qu’ils avalent  sans broncher des provocations sur le nucléaire !

J’ai voté Mélenchon, j’ai voté Hollande, je veux que la gauche réussisse. Le front de gauche continue. On fait signer la pétition et on va manifester pour exiger un référendum sur le taité merkozy, à peine camouflé par Hollande. Cela évitera-t-il le pire ? La droite et l’extrême droite attendent leur heure, que la gauche se plante, déçoive. Ce qui risque hélas d’avoir déjà commencé.



Les socialistes, l’Europe et les Roms

Pourvu que la question de ce traité européen, dont on hérite, qu’on (1)  veut relooker, banaliser, qu’on veut faire voter sans trop de vagues, ne fasse pas toute la une de l’actualité, que ça ne fasse pas comme en 2005 avec le TCE, même au PS le non a fait des ravages… Alors, si on relançait l’affaire des Roms ? couverture de presse assurée, discussions dans les foyers et au bureau, réflexe d’ordre, d’hygiène et de sécurité garanti dans les crânes : pas de meilleurs boucs émissaires, de meilleurs dérivatifs que les Roms.  Manuel Valls est l’homme de la situation, mais pas question de faire comme Sarko : Hollande ne dira rien. On expulse, et puis on reçoit les associations, on promet d’assouplir un peu l’accès à l’emploi, et puis on expulse, la ministre écologiste du logement fait un article très humaniste dans Libé, et on expulse, on expulse… Pas de danger que ça s’arrête de sitôt, même si on n’en a que 15 000, sous la main, de Roms : quand on renvoie des Roms en Roumanie, ils reviennent, quand on détruit un camp, comme il n’y a pas de solution de relogement, ils en font d’autres, encore plus miséreux, donc plus expulsables...
La situation des Roms, c’est  aussi une question européenne, que le PS contribue à résoudre, à sa manière.
(1)     Ce on est fictif, je ne connais pas de socialistes qui diraient ça…

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