Lucien Ducastel, au centre de la photo, lors d'une rencontre avec des jeunes et des enseignants de Nanterre sur la Résistance et la Déportation, en 2009 |
C’est devant une classe de collégiens que j’ai rencontré
Lucien Ducastel le plus souvent. Chaque fois, d’emblée le courant passait, la
classe était un modèle d’attention, de respect et de confiance. Parce que
Lucien Ducastel incarnait la Résistance, la force du peuple, de l’homme, qu’aucune
répression, aucune prison, aucun camp ne brisera jamais. « Bientôt, nous,
les Déportés, les Résistants, nous ne serons plus là », disait-il chaque
fois aux enseignants, comme une mise en garde, comme un appel à ne pas laisser gommer
ou falsifier les combats et les valeurs essentiels aujourd’hui comme hier.
J’ai retrouvé écrites
sur le site des archives de la Résistance européenne ces paroles qu’il ne
manquait pas de dire chaque fois : « Vous
êtes des jeunes, ne vous battez pas entre vous, soyez fraternels, soyez amis
parce que vous ne savez pas de quoi demain sera fait ». Prononcés par
Lucien Ducastel, ces mots tout simples prennent tout leur sens, et touchent
justes. Ecoutez-le : http://www.resistance-archive. org/fr/node/502
Le message de
Jean-Vincent Koster, secrétaire de la section de Nanterre et membre du Conseil
national du PCF :C’est avec une profonde émotion que nous avons appris le décès de notre camarade Lucien Ducastel, survenu jeudi 16 février, à l’âge de 91 ans.
Alors jeune ouvrier en usine, Lucien participe aux grèves de 1936 dans la région de Rouen : il décide à cette occasion de rejoindre la Jeunesse Communiste puis le Parti Communiste – dont il était toujours adhérent. C’est d’ailleurs en raison de ses activités politiques au sein du PCF – à l’époque interdit – qu’il fut arrêté à Petit-Quevilly le 21 octobre 1941. Déporté de Compiègne avec d’autres opposants politiques le 6 juillet 1942 (dit aussi plus tard le « convoi des 45.000 ») pour Auschwitz-Birkenau, il est libéré en 1945. Il poursuit par la suite son engagement syndical et politique, notamment au Comité Central auprès de Gaston Plissonnier.
Aussi éprouvant que pouvait être ce travail de témoignage, Lucien était néanmoins particulièrement investi auprès des associations de mémoire de la résistance et de la déportation intervenant auprès des collégiens et lycéens, afin de porter « un message de fraternité entre tous les hommes et les femmes, quelque soit leur origine », pour reprendre ses mots. Un combat qui est, hélas, toujours d’actualité.
Dans ce moment difficile, nos pensées les plus fraternelles vont à Yvette, sa femme, à sa famille et à ses proches.
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