Suite à l’appel public de
cinquante praticiens et usagers, d’une
délibération votée par le Conseil Régional d’Ile-de-France à l’initiative des
élu-e-s du Front de gauche, des assises départementales de la santé se sont
tenues au printemps. Elles ont rassemblé 600 participants, dont 200
professionnels.
Mardi 18 octobre, des Assises régionales de la santé d’Ile de France en rendaient compte, devant de nombreux citoyens, personnels et usagers, engagés dans l’action pour défendre et développer le service public. Le besoin de débattre et d’agir ensemble, de donner des suites à ces assises, sous-estimé par la présidence, s’est fait entendre avec force.
Des subventions pour développer des réseaux, centres et maisons de santé pluridisciplinaires, vont augmenter : elles pourraient tripler, précisera plus tard Laure Lechatellier dans ses conclusions. Pour lutter contre la « désertification » de zones rurales et de cités populaires, JP Huchon propose que le Conseil Régional finance les études médicales de professionnels, qui s’engageraient, en contrepartie, à ouvrir des cabinets localisés en fonction des besoins. Pour faire reculer les renoncements aux soins, aux vaccinations, aux dépistages, la prévention est prioritaire. Malgré l’aide de 100 euros par étudiant versé à leur mutuelle, 10 à 15 % de ces jeunes n’ont plus de couverture sociale. Le « Pass-contraception » proposé aux adolescent-e-s scolarisé-e-s est une piste qui ne suffit pas à combler un manque général d’information.
« Nous sommes disponibles », affirme le président du Conseil régional, pour soutenir les actions visant à « rénover, moderniser, humaniser les services d’urgence » et les « efforts pour améliorer la productivité, l’efficacité » du secteur hospitalier. Il déplore que les « désaccords » du Conseil régional avec les décisions de l’ARS (1) et de l’APHP (2) qui conduisent à des « démantèlements » ne soient pas entendus. Il souhaite que le Plan régional de santé soit « un outil co-construit avec tous les acteurs ».
Mais ensuite, ce sont encore des conseillers régionaux qui exposent, pour chaque département, « les préoccupations spécifiques des acteurs de la santé sur les territoires franciliens ». Pour les Hauts-de-Seine, David Mbanza évoque les inégalités, le manque de médecins, d’infirmier-e-s, de kinésithérapeutes dans les quartiers populaires, de centres de santé. Le choix du salariat et non de la pratique libérale, comme les dépassements d’honoraires, sont dus, selon lui, au coût de l’immobilier. Il critique le manque de dialogue avec l’ARS, et aborde enfin le « démantèlement d’hôpitaux », « sans concertation », au nom d’ « une gestion technocratique et comptable », d’une logique de « centralisme parisien », citant Ambroise Paré et surtout Antoine Béclère.
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Mardi 18 octobre, des Assises régionales de la santé d’Ile de France en rendaient compte, devant de nombreux citoyens, personnels et usagers, engagés dans l’action pour défendre et développer le service public. Le besoin de débattre et d’agir ensemble, de donner des suites à ces assises, sous-estimé par la présidence, s’est fait entendre avec force.
Dès 9 heures, l’hémicycle est bien rempli.
Jean-Paul Huchon présente des axes du rapport cadre sur la
santé qui sera présenté en novembre au Conseil Régional. « Lutter contre les
inégalités », sociales et territoriales, faire face aux « endémies
de la misère », au « krach sanitaire » que dénonce Médecins du
monde, développer « une médecine de
qualité pour tous », rendre effectif « un droit à la santé qui n’est
pas négociable », conquérir une « démocratie sanitaire »…ces
objectifs sont déclinées en actions concrètes, certaines déjà engagées,
quelques unes en projet. Des subventions pour développer des réseaux, centres et maisons de santé pluridisciplinaires, vont augmenter : elles pourraient tripler, précisera plus tard Laure Lechatellier dans ses conclusions. Pour lutter contre la « désertification » de zones rurales et de cités populaires, JP Huchon propose que le Conseil Régional finance les études médicales de professionnels, qui s’engageraient, en contrepartie, à ouvrir des cabinets localisés en fonction des besoins. Pour faire reculer les renoncements aux soins, aux vaccinations, aux dépistages, la prévention est prioritaire. Malgré l’aide de 100 euros par étudiant versé à leur mutuelle, 10 à 15 % de ces jeunes n’ont plus de couverture sociale. Le « Pass-contraception » proposé aux adolescent-e-s scolarisé-e-s est une piste qui ne suffit pas à combler un manque général d’information.
« Nous sommes disponibles », affirme le président du Conseil régional, pour soutenir les actions visant à « rénover, moderniser, humaniser les services d’urgence » et les « efforts pour améliorer la productivité, l’efficacité » du secteur hospitalier. Il déplore que les « désaccords » du Conseil régional avec les décisions de l’ARS (1) et de l’APHP (2) qui conduisent à des « démantèlements » ne soient pas entendus. Il souhaite que le Plan régional de santé soit « un outil co-construit avec tous les acteurs ».
Mais ensuite, ce sont encore des conseillers régionaux qui exposent, pour chaque département, « les préoccupations spécifiques des acteurs de la santé sur les territoires franciliens ». Pour les Hauts-de-Seine, David Mbanza évoque les inégalités, le manque de médecins, d’infirmier-e-s, de kinésithérapeutes dans les quartiers populaires, de centres de santé. Le choix du salariat et non de la pratique libérale, comme les dépassements d’honoraires, sont dus, selon lui, au coût de l’immobilier. Il critique le manque de dialogue avec l’ARS, et aborde enfin le « démantèlement d’hôpitaux », « sans concertation », au nom d’ « une gestion technocratique et comptable », d’une logique de « centralisme parisien », citant Ambroise Paré et surtout Antoine Béclère.
Il est presque 11
heures, des « experts » doivent encore « éclairer » les
enjeux avant que la parole soit donnée à la salle. Les personnels, les
syndicalistes, les usagers en lutte pour défendre leur hôpital public ou leur
centre de santé sont à bout de patience, et le font savoir. Ils attendent autre
chose qu’un bilan qu’ils connaissent déjà, ils veulent que ces assises soient
utiles pour construire des actions
communes au niveau régional. Des médecins de l’ « Appel des cinquante »,
des élu-e-s Front de gauche, Gabriel Massou et Marjolaine Roze, les soutiennent ;
ils sont à l’origine des assises, mais n’ont pas visiblement été entendu-e-s
pour son organisation, qui ne prévoit que trois petits quarts d’heures, à la
fin, de « débat avec la salle ».
Les réponses de la tribune agacent. D’abord, pour des raisons de compte de
campagne électorale qui serait ouverte ( ?), on n’aurait pas le droit de
faire de la politique. Donc, pas question de demander l’abrogation de la loi
HPST (3) , par exemple ? On devrait discuter uniquement de ce qui relève
de la compétence du Conseil régional, de quelques subventions ? Dès lors,
le malentendu est total, on entend des élu-e-s socialistes sur la défensive :
« Nous comprenons votre colère, mais ne vous trompez pas de cible, la
santé ne relève pas de la Région », ou « On fait des efforts, mais on
ne peut pas tout subventionner ». Cette timidité d’élu-e-s devant des
acteurs du mouvement social est préoccupante.
Finalement, on a réussi quand même à avoir une bonne heure
de débat « avec la salle ». Espérons que la demande quasi unanime des
invité-e-s venu-e-s pour construire, avec les élu-e-s de la région, des suites
à ces assises, n’aura pas été tout à fait vaine.
(1)
Agence
Régionale de Santé. Créées par la loi HSTP de 2009 (voir note 3) , les ARS,
en particulier leurs présidents, ont
tous les pouvoirs pour mettre en place des plans régionaux dans le cadre de
cette loi. En Ile de France, l’ARS est présidé par Claude Evin, ancien ministre
socialiste.
(2)
Assistance Publique
Hôpitaux de Paris, dont dépendent la plupart des hôpitaux publics des
Hauts-de-Seine : Ambroise Paré, Antoine Béclère, Beaujon, Corentin Celton,
Louis Mourier, Raymond Poincaré. Le Centre d’Accueil et de Soins Hospitalier
(CASH) Max Fourestier de Nanterre dépend de la Préfecture de Paris. L’Hôpital
Foch de Suresnes, dont le statut est privé, est un établissement Participant au
Service Public Hospitalier (PSPH). L’établissement de santé mentale du Château à Rueil-Malmaison appartient à la
MGEN. Les autres lieux d’hospitalisation sont des établissements privés à but
lucratif.
(3)
Loi
du 21 juillet 2009 portant réforme de l’Hôpital et relative aux Patients, à
la Santé et aux Territoires , votée par les parlementaires UMP et Nouveau
Centre. Entre autres dispositions vivement combattues par les collectifs de
défense des hôpitaux, elle introduit et généralise des critères de rentabilité
financière, notamment avec la rémunération à l’acte (T2A), dans la gestion
financière des hôpitaux, valorise le secteur privé, missionne les ARS pour décider
des regroupements d’établissements et des suppressions de services de
proximité.
manifestation le 7 mai 2011 devant l' hôpital de Nanterre |
Ce que j’ai dit :
Je suis usager, mutualiste, citoyen membre du comité de
défense et de modernisation de l’hôpital de Nanterre, qui vient de se créer. J’interviens
dans le même sens que les orateurs précédents, pour demander un débat utile,
des suites à ces assises, pour
confronter nos expériences et agir ensemble.
Dans des quartiers
des Hauts-de-Seine dans lesquels l’ARS elle-même reconnaît que tous les signaux
sont au rouge (paupérisation, renoncements aux soins, désertification médicale…),
l’hôpital Max Fourestier joue un rôle essentiel. Le départ de la chirurgie, des
urgences de nuit, de la réanimation pour Louis Mourier, établissement déjà
saturé, ce serait à terme sa disparition. En rencontrant des personnels, nous
commençons à élaborer ensemble des propositions alternatives : par exemple
un pôle mère-enfant, avec chirurgie infantile, service qui manque dans le
secteur, à Louis Mourier, la chirurgie adulte restant à Nanterre. Autre exemple :
les personnels du CASH de Nanterre sont porteurs d’une riche expérience pour l’accès
aux soins des plus démunis, de personnes sans couverture sociale, ce qui est
une question sensible dans notre région. Ils travaillent avec une conception de
la santé convergente avec des analyses faites à la tribune : le social, le
culturel, inséparable de l’accès aux plateaux techniques d’excellence.
J’ai participé aux assises à Clamart, avec la présidente de
la section MGEN 92, qui avait exprimé son souhait d’être invitée pour la suite
et nous avions laissé nos coordonnées. Nous n’avions appris l’existence de ces
assises départementales que grâce à des élu-e-s Front de gauche qui en avaient
informé, tardivement, mais largement. La même chose s’est produite, exactement,
pour ces Régionales. Pourtant, des intervenants ont dénoncé le doublement de la
taxation sur les mutuelles, qui va avoir pour conséquence l’augmentation des
cotisations, le renoncement aux soins pour ceux qui ne pourront plus payer une
couverture suffisante. Une pétition circule (1). Personne, ici, ne pense, comme
la droite, que les mutualistes sont des gestionnaires d’un matelas d’argent où
on pourrait puiser, que ce serait un moyen de sauver et développer notre
protection sociale solidaire ? Cette question, comme celle de l’hôpital, est d’ailleurs de celles qui seront débattues samedi 22
octobre, de 15h à 18h, au colloque régional organisé par la MFP 92 et ouvert à
tous, à l’Université Paris Descartes. Son
intitulé : « Liberté, égalité, santé : l’heure des choix ! ».
Cela, j’espère ne paraîtra à personne trop dangereusement politique, avant les
élections, malgré ce que j’ai entendu…Vous voyez, même des mutualistes s’en mêlent,
ce qui devrait encourager nos élus de la région à en faire, et de bonne
manière, de la politique.
(1)
Pétition : non à la taxation sur la santé
qui dégrade l’accès aux soins des Français, qu’on peut signer
et faire signer en ligne
Il serait paradoxal que les élues soient plus timides que les mutualistes dans le débat politique sur la santé ! |
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