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40 mars 2016, Place de la République, Paris

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Nanterre en colère

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mercredi 19 octobre 2011

Assises régionales de la santé en Ile de France : on veut des suites

Suite à l’appel public de cinquante praticiens et usagers,  d’une délibération votée par le Conseil Régional d’Ile-de-France à l’initiative des élu-e-s du Front de gauche, des assises départementales de la santé se sont tenues au printemps. Elles ont rassemblé 600 participants, dont 200 professionnels.
Mardi 18 octobre, des Assises régionales de la santé d’Ile de France en rendaient compte, devant de nombreux citoyens, personnels et usagers, engagés dans l’action pour défendre et développer le service public. Le besoin de débattre et d’agir ensemble, de donner des suites à ces assises, sous-estimé par la présidence, s’est fait entendre avec force.

Dès 9 heures, l’hémicycle est bien rempli.
Jean-Paul Huchon présente des axes du rapport cadre sur la santé qui sera présenté en novembre au  Conseil Régional. « Lutter contre les inégalités », sociales et territoriales, faire face aux « endémies de la misère », au « krach sanitaire » que dénonce Médecins du monde,  développer « une médecine de qualité pour tous », rendre effectif « un droit à la santé qui n’est pas négociable », conquérir une « démocratie sanitaire »…ces objectifs sont déclinées en actions concrètes, certaines déjà engagées, quelques unes en projet.
   Des subventions pour développer des réseaux, centres et maisons de santé pluridisciplinaires, vont augmenter : elles pourraient tripler, précisera plus tard Laure Lechatellier dans ses conclusions. Pour lutter contre la « désertification » de zones rurales et de cités populaires, JP Huchon propose que le Conseil Régional finance les études médicales de professionnels, qui s’engageraient, en contrepartie, à ouvrir des cabinets localisés en fonction des besoins. Pour faire reculer les renoncements aux soins, aux vaccinations, aux dépistages, la prévention est prioritaire. Malgré l’aide de 100 euros par étudiant versé à leur mutuelle, 10 à 15 % de ces jeunes n’ont plus de couverture sociale. Le « Pass-contraception » proposé aux adolescent-e-s scolarisé-e-s est une piste qui ne suffit pas à combler un manque général d’information.
   « Nous sommes disponibles », affirme le président du Conseil régional, pour soutenir les actions visant à « rénover, moderniser, humaniser les services d’urgence » et les « efforts pour améliorer la productivité, l’efficacité » du secteur hospitalier. Il déplore que les « désaccords » du Conseil régional avec les décisions de l’ARS (1) et de l’APHP (2) qui conduisent à des « démantèlements » ne soient pas entendus. Il souhaite que le Plan régional de santé soit « un outil co-construit avec tous les acteurs ».
   Mais ensuite, ce sont encore des conseillers régionaux qui exposent, pour chaque département, « les préoccupations spécifiques des acteurs de la santé sur les territoires franciliens ». Pour les Hauts-de-Seine, David Mbanza évoque les inégalités, le manque de médecins, d’infirmier-e-s, de kinésithérapeutes dans les quartiers populaires, de centres de santé. Le choix du salariat et non de la pratique libérale, comme les dépassements d’honoraires, sont dus, selon lui, au coût de l’immobilier. Il critique le manque de dialogue avec l’ARS, et aborde enfin le « démantèlement d’hôpitaux », « sans concertation », au nom d’ « une gestion technocratique et comptable », d’une logique de « centralisme parisien », citant Ambroise Paré et surtout Antoine Béclère.

 Il est presque 11 heures, des « experts » doivent encore « éclairer » les enjeux avant que la parole soit donnée à la salle. Les personnels, les syndicalistes, les usagers en lutte pour défendre leur hôpital public ou leur centre de santé sont à bout de patience, et le font savoir. Ils attendent autre chose qu’un bilan qu’ils connaissent déjà, ils veulent que ces assises soient utiles pour construire  des actions communes au niveau régional. Des médecins de l’ « Appel des cinquante », des élu-e-s Front de gauche, Gabriel Massou et Marjolaine Roze, les soutiennent ; ils sont à l’origine des assises, mais n’ont pas visiblement été entendu-e-s pour son organisation, qui ne prévoit que trois petits quarts d’heures, à la fin,  de « débat avec la salle ». Les réponses de la tribune agacent. D’abord, pour des raisons de compte de campagne électorale qui serait ouverte ( ?), on n’aurait pas le droit de faire de la politique. Donc, pas question de demander l’abrogation de la loi HPST (3) , par exemple ? On devrait discuter uniquement de ce qui relève de la compétence du Conseil régional, de quelques subventions ? Dès lors, le malentendu est total, on entend des élu-e-s socialistes sur la défensive : « Nous comprenons votre colère, mais ne vous trompez pas de cible, la santé ne relève pas de la Région », ou « On fait des efforts, mais on ne peut pas tout subventionner ». Cette timidité d’élu-e-s devant des acteurs du mouvement social est préoccupante.
Finalement, on a réussi quand même à avoir une bonne heure de débat « avec la salle ». Espérons que la demande quasi unanime des invité-e-s venu-e-s pour construire, avec les élu-e-s de la région, des suites à ces assises, n’aura pas été tout à fait vaine.

(1)    Agence Régionale de Santé. Créées par la loi HSTP de 2009 (voir note 3) , les ARS, en particulier leurs présidents,  ont tous les pouvoirs pour mettre en place des plans régionaux dans le cadre de cette loi. En Ile de France, l’ARS est présidé par Claude Evin, ancien ministre socialiste.

(2)    Assistance Publique Hôpitaux de Paris, dont dépendent la plupart des hôpitaux publics des Hauts-de-Seine : Ambroise Paré, Antoine Béclère, Beaujon, Corentin Celton, Louis Mourier, Raymond Poincaré. Le Centre d’Accueil et de Soins Hospitalier (CASH) Max Fourestier de Nanterre dépend de la Préfecture de Paris. L’Hôpital Foch de Suresnes, dont le statut est privé, est un établissement Participant au Service Public Hospitalier (PSPH). L’établissement de santé mentale  du Château à Rueil-Malmaison appartient à la MGEN. Les autres lieux d’hospitalisation sont des établissements privés à but lucratif.

(3)    Loi du 21 juillet 2009 portant réforme de l’Hôpital et relative aux Patients, à la Santé et aux Territoires , votée par les parlementaires UMP et Nouveau Centre. Entre autres dispositions vivement combattues par les collectifs de défense des hôpitaux, elle introduit et généralise des critères de rentabilité financière, notamment avec la rémunération à l’acte (T2A), dans la gestion financière des hôpitaux, valorise le secteur privé, missionne les ARS pour décider des regroupements d’établissements et des suppressions de services de proximité.

manifestation le 7 mai 2011 devant l' hôpital de Nanterre

Ce que j’ai dit :
Je suis usager, mutualiste, citoyen membre du comité de défense et de modernisation de l’hôpital de Nanterre, qui vient de se créer. J’interviens dans le même sens que les orateurs précédents, pour demander un débat utile, des suites à ces assises,  pour confronter nos expériences et agir ensemble.
 Dans des quartiers des Hauts-de-Seine dans lesquels l’ARS elle-même reconnaît que tous les signaux sont au rouge (paupérisation, renoncements aux soins, désertification médicale…), l’hôpital Max Fourestier joue un rôle essentiel. Le départ de la chirurgie, des urgences de nuit, de la réanimation pour Louis Mourier, établissement déjà saturé, ce serait à terme sa disparition. En rencontrant des personnels, nous commençons à élaborer ensemble des propositions alternatives : par exemple un pôle mère-enfant, avec chirurgie infantile, service qui manque dans le secteur, à Louis Mourier, la chirurgie adulte restant à Nanterre. Autre exemple : les personnels du CASH de Nanterre sont porteurs d’une riche expérience pour l’accès aux soins des plus démunis, de personnes sans couverture sociale, ce qui est une question sensible dans notre région. Ils travaillent avec une conception de la santé convergente avec des analyses faites à la tribune : le social, le culturel, inséparable de l’accès aux plateaux techniques d’excellence.
J’ai participé aux assises à Clamart, avec la présidente de la section MGEN 92, qui avait exprimé son souhait d’être invitée pour la suite et nous avions laissé nos coordonnées. Nous n’avions appris l’existence de ces assises départementales que grâce à des élu-e-s Front de gauche qui en avaient informé, tardivement, mais largement. La même chose s’est produite, exactement, pour ces Régionales. Pourtant, des intervenants ont dénoncé le doublement de la taxation sur les mutuelles, qui va avoir pour conséquence l’augmentation des cotisations, le renoncement aux soins pour ceux qui ne pourront plus payer une couverture suffisante. Une pétition circule (1). Personne, ici, ne pense, comme la droite, que les mutualistes sont des gestionnaires d’un matelas d’argent où on pourrait puiser, que ce serait un moyen de sauver et développer notre protection sociale solidaire ? Cette question, comme celle de l’hôpital,  est d’ailleurs  de celles qui seront débattues samedi 22 octobre, de 15h à 18h, au colloque régional organisé par la MFP 92 et ouvert à tous,  à l’Université Paris Descartes. Son intitulé : « Liberté, égalité, santé : l’heure des choix ! ». Cela, j’espère ne paraîtra à personne trop dangereusement politique, avant les élections, malgré ce que j’ai entendu…Vous voyez, même des mutualistes s’en mêlent, ce qui devrait encourager nos élus de la région à en faire, et de bonne manière, de la politique.
(1)    Pétition : non à la taxation sur la santé qui dégrade l’accès aux soins des Français, qu’on peut signer et faire signer en ligne
Il serait paradoxal que les élues soient plus timides que les mutualistes dans le débat politique sur la santé !
 cliquer sur l'invitation pour la télécharger.


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