Lundi 20 juin a commencé l’audience de la dix-septième chambre du
tribunal correctionnel de Nanterre devant lequel 16 syndicalistes de La Poste,
organisés à SUD ou à la CGT, comparaissent. Ils sont poursuivis pour « séquestration »
et « entrave à la liberté du travail ». Ils encourent une peine
maximale de cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende.
Le 20 mai 2010, une quarantaine de salariés en grève depuis
le 26 avril avaient occupé les locaux de la direction départementale de La
Poste à Nanterre pour être reçus par le directeur départemental afin d’ouvrir
enfin des négociations. Après six heures d’attente, pendant lesquelles des
représentants syndicaux s’étaient rassemblés dans le hall donnant accès aux
bureaux de la direction, les postiers étaient ressortis avec l’assurance d’une
audience pour le lendemain matin.
Mais un mois plus tard, treize salariés, en majorité des
cadres responsables de la gestion des ressources humaines, déposaient plainte
contre seize postiers parmi ceux qui
étaient présents ce jour là. « Traumatisés »,
« pris en otages », réduits à survivre « avec un peu de nourriture et d’eau »…la citation
accumule les accusations les plus graves. Le représentant départemental du
syndicat SUD a une tout autre version
des faits : « Ils se sont auto-séquestrés.
Ils n’ont pas utilisé leur badge pour prendre une autre sortie, nous n’avons
séquestré personne », a-t-il affirmé à la presse. Olivier Besancenot, leader
du NPA, dont la présence au tribunal parmi les accusés a sans doute contribué à
la présence de nombreux journalistes, a déclaré à l’AFP : « On est vraiment face à un grand piège
visant à criminaliser 16 travailleurs dont le seul crime est de ne pas avoir
courbé l’échine ».
La CGT exige, comme
SUD, la relaxe pour tous les postiers du
92. « La poste, précise le
syndicat, maintes fois condamnée par les
tribunaux concernant les conditions de travail et les conditions de
négociations devrait commencer par respecter les droits des personnels et des
organisations syndicales ». Répressions et sanctions pleuvent en effet
dans un contexte où l’entreprise privatisée impose des restructurations avec « la
volonté de supprimer des emplois au détriment des conditions de travail et du
service rendu aux usagers. » Le recours aux tribunaux est devenu
courant pour casser les résistances des salariés, comme en témoignaient les
postiers d’autres départements et les travailleurs d’autres entreprises venus soutenir ceux des
Hauts-de-Seine.
De nombreuses personnalités ont participé au rassemblement
en début d’après midi : Pierre
Laurent (PCF), Pascale Lenoueannic (PG),
Benoît Hamon (PS), Arlette Laguiller (Lutte Ouvrière), Nicolas Hulot (EE-Les
Verts), Monseigneur Gaillot, Annick Coupé (Solidaires), aux côtés de
syndicalistes SUD, CGT, FSU du département, d’élu-e-s, dont la sénatrice des
Hauts-de-Seine Brigitte Gonthier-Maurin, Nadine Garcia, conseillère générale,
des élus municipaux de Nanterre, des militants de toutes les forces de gauche
et de nombreux salariés.
Les prises de parole ont été suivies d’un concert, ouvert
par HK et un musicien des Saltimbanks.
Le procès est fixé
sur quatre jours et va continuer les 21,22 et 27 juin. La pétition
unitaire de soutien aux 16 postiers des Hauts-de-Seine est toujours d’actualité.
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