Contribution personnelle au débat des communistes avant leur vote pour désigner leur candidat aux présidentielles.
La légitime volonté
de respecter la diversité réelle des sensibilités des adhérents et de
travailler à valoriser ce qui les rassemble, dès que l’on s’est vu confier
quelque responsabilité pour animer l’activité des communistes, nous font souvent apparaître comme les
locuteurs d’une langue de bois, disciplinés mais peu audibles au-delà d’un
cercle de militants initiés, et soucieux du seul intérêt à court terme de leur
Parti. Nous l’avons durement payé en 2007. Même si je ne regrette pas tous les
efforts sincères que j’ai faits pour convaincre que Marie-George Buffet était la
plus capable de rassembler les collectifs « antilibéraux » pour les présidentielles,
les résultats électoraux et les déchirements, les départs, qui ont affaibli
encore le PCF, doivent nous conduire, comme nous l’avons dit en congrès, à
changer profondément notre parti, notre façon de raisonner et d’agir. Ce que nous avons
commencé à faire, avec quelque succès lors d’élections locales.
Pierre Laurent a exprimé devant un conseil national son
opinion personnelle argumentée sur le choix possible de Jean Luc Mélenchon
comme candidat du Front de gauche aux présidentielles, choix inséparable de la
juste place des candidatures communistes aux législatives, du caractère
collectif des campagnes électorales et du programme populaire partagé dont tous
les candidats seront porteurs. Je crois
qu’il est bon que chacun rende publique, si elle est arrêtée, son opinion, sans
attendre que la Conférence nationale ait établi le bulletin de vote sur lequel
les adhérents au PCF voteront.
D’ailleurs, des communistes qui ne partagent pas l’opinion
personnelle de Pierre Laurent ne se privent pas de faire campagne pour un candidat issu des
rangs du PCF aux présidentielles, seule garantie à leurs yeux de l’existence du
PCF. Pourtant, depuis la fin des Trente glorieuses, la présence ou non d’un
candidat du PCF aux présidentielles, ce n’est pas ce qui a empêché l’offensive
néo libérale de remodeler la société, à l’exception peut-être des courtes
années 1981-1982 , ni l’affaiblissement du PCF.
L’envahissement médiatique par l’affaire DSK, et le réel
désarroi qu’elle provoque, que celui-ci soit innocent ou coupable, montrent
combien les institutions quasi dictatoriales de la 5ème République, la
personnalisation de l’élection d’un président omnipotent, dans lesquelles se
moule le PS, sont faites pour pérenniser l’ordre et la politique de classe. Changer
cette constitution antidémocratique, élire une assemblée constituante, donner
des pouvoirs nouveaux aux parlementaires, aux salariés et aux citoyens, sont
des propositions du Front de gauche qui peuvent être entendues dans les
mois qui viennent. Tout dépend de notre capacité à confirmer le choix que nous
avons fait de la construction de ce Front
de gauche, pour battre Sarkozy, toute la droite et l’extrême droite, pour faire
bouger toute la gauche. Nous avons la
possibilité de lancer en grand une telle campagne dès le mois de juin, d’élargir
le Front de gauche, alors que le PS sera loin d’en avoir fini avec les
difficultés de ses primaires. Pas plus
qu’à la majorité du NPA son repli sectaire, celles et ceux qui cherchent une
alternative au social libéralisme ne pardonneraient au PCF de retarder, encore
moins de compromettre, ce qui commence à se construire de neuf à gauche. Et
cette construction a commencé à prendre la forme médiatique de candidatures
communes probables du Front de gauche en 2012, dont celle de Jean-Luc Mélenchon pour la
présidentielle.
Pour toutes ces
raisons, je me prononce personnellement pour
que Jean-Luc Mélenchon soit le candidat du Front de gauche aux présidentielles.
Dans les conditions de l’accord entre les partenaires actuels du Front de
gauche. Dans la perspective d’un élargissement, d’un ancrage citoyen et
populaire du Front de gauche. Avec un travail, loin d’être achevé, de
construction du programme partagé, en y associant les acteurs des mouvements
sociaux, le plus grand nombre possible de citoyen-ne-s et de salarié-e-s, avec
toutes celles et tous ceux qui veulent travailler à une nouvelle façon de faire
de la politique à gauche, sans pour autant vouloir devenir adhérent-e-s
d’une des organisations politiques qui composent le Front de gauche aujourd’hui .
Loin de « liquider » le PCF, une
telle mobilisation nous donnera les meilleures conditions pour non seulement
renforcer notre groupe de député-e-s, mais pour déployer et accroître notre
force militante, pour faire vivre notre identité communiste de manière utile.
Il s’agit de nous engager clairement, de toutes nos forces et sans réserve,
avec toutes nos valeurs et nos convictions communistes, pour un rassemblement crédible, pour créer, en
quelques mois, un espoir, une mobilisation politique, une dynamique populaires.
Si nous n’y parvenions pas, si rien ne bougeait à gauche, si un parti comme le
nôtre se montrait décidément inapte à faire une force de la diversité de ceux
qui veulent s’attaquer ensemble au système capitaliste, à contribuer à les rassembler, alors la profonde crise de la politique que nous
vivons ne pourrait déboucher que sur une catastrophe sans doute encore pire que
le sarkozysme actuel.
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