Baptiser Jean-Luc Mélenchon du nom de la marionnette lyonnaise, Gnafron, populaire cordonnier devenu compagnon de Guignol, c’est sans doute une manière de laisser sa trace vaniteuse dans les archives du quotidien, sous forme d’un jeu de mots assez pourri pour qu’on en ricane, à droite et à gôche, entre deux bouchées de caviar. Mais c’est aussi déposer une fiente pour borner le territoire idéologique et politique de Libération. A gauche, il n’y aurait pas de salut en dehors de l’orthodoxie incarnée par le patron du FMI ; ceux qui veulent, comme Jean-Luc Mélenchon, et beaucoup d’autres élu-e-s et militant-e-s du Front de gauche, s’affranchir du dogme de la pensée unique, seraient de dangereux gnafrons qui mettraient en péril la victoire annoncée du néo-libéral socialiste Strauss-Kahn contre le néo-libéral de droite Sarkozy.
Pourtant, même dans Libération, le discours de Jean-Luc Mélenchon n’est pas toujours présenté ainsi. Dans ce quotidien qui a les moyens d’être présent sur tous les fronts, dans tous les espaces où l’ordre du monde est contesté, dans lequel écrivent des journalistes de talents, on trouve par exemple des dossiers sur la révolution du peuple tunisien, et tout récemment un blog sur les manifestations en Egypte, dans lesquels visiblement la langue de bois de l’éditorialiste n’est pas la langue unique. « Ne pas laisser voler au peuple sa révolution », « en finir avec la dictature », « justice sociale », « des emplois pour les jeunes diplômés », « assemblée constituante » : des cris du peuple qui ont un écho universel, qui en France évoquent à la fois 1789, des revendications des manifestants de novembre-décembre, des mesures avancées pour un programme populaire partagé dans les forums-ateliers ouverts par le Front de gauche. Les dictateurs, considérés comme les meilleurs élèves du FMI, des remparts de la civilisation occidentale, enrichie en France par le capitalisme moralisé par la bande du Fouquet's, il y a quelques semaines encore, par Strauss-Kahn comme par la droite sarkozyste qui nous "gouverne", ont peur de la « contagion » de l’espoir créé par le courage et la clairvoyance politique du peuple tunisien (excusez les méandres de cette phrase : nous vivons une époque complexe).
Je ne sais pas si le remplacement de Laurent Joffrin par Nicolas Demorand, choisi par le principal actionnaire de Libération, Edouard de Rothschild, libérera la ligne éditoriale de ses préjugés. ou si ceux qui veulent en faire un matériel de campagne pour le patron du FMI l’emporteront. Il reste encore un peu de liberté de la presse dans notre pays, qui n’est pas encore tout à fait un pays totalitaire. Pour savoir ce qui se construit du côté du Front de gauche, on trouve encore l’Humanité dans la plupart des kiosques…
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| Mamoufles Guignol et Gendarme, en vente sur le site http://www.pouce-et-compagnie.com/ qui les recommande dès le plus jeune âge pour "apprendre à reconnaître la droite et la gauche" |
Laurent Joffrin quitte Libération, pour rejoindre Le Nouvel Observateur. Il n’aura pas à changer de ligne éditoriale : le Nouvel Obs’, comme Libé, n’attend pas la fin des primaires du Parti socialiste pour soutenir la candidature de Strauss-Kahn aux Présidentielles. Ce qui est leur droit. Mais libre au citoyen fervent lecteur de la presse écrite que je suis, de juger peu ragoûtant l’édito signé le 26 janvier par le (bientôt ex) petit maître à penser de Libération. Le rôle du Gendarme de la garde du patron du FMI, dans des controverses, qui n'ont rien de guignolades, n'est sans doute pas le meilleur à endosser, pour un quotidien voulant passer pour "de gauche", au moment où l'espoir de révolution populaire et démocratique renait autour de la Méditerranée.
Baptiser Jean-Luc Mélenchon du nom de la marionnette lyonnaise, Gnafron, populaire cordonnier devenu compagnon de Guignol, c’est sans doute une manière de laisser sa trace vaniteuse dans les archives du quotidien, sous forme d’un jeu de mots assez pourri pour qu’on en ricane, à droite et à gôche, entre deux bouchées de caviar. Mais c’est aussi déposer une fiente pour borner le territoire idéologique et politique de Libération. A gauche, il n’y aurait pas de salut en dehors de l’orthodoxie incarnée par le patron du FMI ; ceux qui veulent, comme Jean-Luc Mélenchon, et beaucoup d’autres élu-e-s et militant-e-s du Front de gauche, s’affranchir du dogme de la pensée unique, seraient de dangereux gnafrons qui mettraient en péril la victoire annoncée du néo-libéral socialiste Strauss-Kahn contre le néo-libéral de droite Sarkozy.
Pourtant, même dans Libération, le discours de Jean-Luc Mélenchon n’est pas toujours présenté ainsi. Dans ce quotidien qui a les moyens d’être présent sur tous les fronts, dans tous les espaces où l’ordre du monde est contesté, dans lequel écrivent des journalistes de talents, on trouve par exemple des dossiers sur la révolution du peuple tunisien, et tout récemment un blog sur les manifestations en Egypte, dans lesquels visiblement la langue de bois de l’éditorialiste n’est pas la langue unique. « Ne pas laisser voler au peuple sa révolution », « en finir avec la dictature », « justice sociale », « des emplois pour les jeunes diplômés », « assemblée constituante » : des cris du peuple qui ont un écho universel, qui en France évoquent à la fois 1789, des revendications des manifestants de novembre-décembre, des mesures avancées pour un programme populaire partagé dans les forums-ateliers ouverts par le Front de gauche. Les dictateurs, considérés comme les meilleurs élèves du FMI, des remparts de la civilisation occidentale, enrichie en France par le capitalisme moralisé par la bande du Fouquet's, il y a quelques semaines encore, par Strauss-Kahn comme par la droite sarkozyste qui nous "gouverne", ont peur de la « contagion » de l’espoir créé par le courage et la clairvoyance politique du peuple tunisien (excusez les méandres de cette phrase : nous vivons une époque complexe).
Je ne sais pas si le remplacement de Laurent Joffrin par Nicolas Demorand, choisi par le principal actionnaire de Libération, Edouard de Rothschild, libérera la ligne éditoriale de ses préjugés. ou si ceux qui veulent en faire un matériel de campagne pour le patron du FMI l’emporteront. Il reste encore un peu de liberté de la presse dans notre pays, qui n’est pas encore tout à fait un pays totalitaire. Pour savoir ce qui se construit du côté du Front de gauche, on trouve encore l’Humanité dans la plupart des kiosques…
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