Solidarité avec le peuple haïtien : l'appel de Gérald Bloncourt

Devant le nouveau malheur qui frappe le peuple d’Haïti, comment ne pas penser à Gérald Bloncourt ?
Je me rappelle l’accueil toujours chaleureux de ce fidèle lecteur de l’Humanité-Dimanche, que j’avais la chance de rencontrer dans ma « tournée » de l’avenue du Bois de Verrières à Antony. Je me rappelle ces moments exceptionnels où ce poète, ce photographe, ce peintre, nous faisait découvrir ses créations. Nous aimions ses conversations où nous nous efforcions de puiser un peu de sa lucidité et son courage. Exilé à 20 ans en 1946, ce militant de Port au Prince ne put revoir Haïti qu’en 1986, après le départ de Duvalier, un des pires dictateurs, et de ses « tontons macoutes », qui voulaient l’assassiner. La famille Bloncourt a aussi des racines en France, comme en témoigne la sépulture au cimetière d’Antony de son frère Tony, jeune résistant fusillé à 20 ans au mont Valérien. Les ami-e-s d’Antony Hebdo ont joint Gérald, et ils citent cette semaine son appel à la solidarité,qu'il a lancé dans l'Humanité du 15 janvier :

« J’ai quatre-vingt-quatre ans et de l’expérience, mais je le dis en toute humilité, mercredi, je me suis effondré. J’ai eu quatre crises de larmes. La fatigue, la tension (…) Depuis toujours, Haïti est mon cri de colère. C’est un pays sur lequel on fait de grands discours. Nicolas Sarkozy se permet à la télévision de parler des liens qui unissent Haïti et la France. Mais on oublie de dire qu’on a formé des officiers macoutes. La France et Haïti sont liées, c’est vrai, mais ce lien repose surtout sur les peuples français et Haïtiens. Je vis depuis les évènements très douloureusement. C’est une catastrophe énorme. Je ressens beaucoup de colère mais je vis également les évènements avec la même volonté de lutte. Nous avons d’ailleurs créé un comité de solidarité sous le haut patronage de l’ambassade d’Haïti en France. Il réunit quatorze personnes, toutes tendances politiques confondues. Cet acte politique, car nous sommes très divers, témoigne de l’émotion. Il est très important dans les jours à venir de préserver la dignité et la qualité du peuple haïtien. C’est un peuple courageux et fantastique qui a été réprimé par les dictatures. Il a été spolié. C’est une population abîmée mais fabuleuse. Un creuset culturel. C’est un pays de créateurs, d’intellectuels, d’écrivains. Il faut l’aider à survivre parce que c’est une catastrophe démentielle. Je ne sais comment, matériellement, nous allons pouvoir régler les problèmes. Mais il faut soutenir ce peuple par tous les moyens ; il faut aider tous les organismes qui peuvent donner un peu. La solidarité ne doit pas s’arrêter aux évènements. Elle doit se poursuivre. Nous allons en avoir besoin. Parce que le peuple haïtien, peuple assassiné, est magnifique. »
extrait d’Antony Hebdo du 22 janvier 2010 ( vente militante et abonnements : 69 rue Mirabeau, 92160 Antony ; 01 46 68 16 16)

Le blog et le site de Gérald Bloncourt sont d’une grande richesse, sur ses engagements, son œuvre, et sur Haïti (cliquer sur le titre du billet)