La « semaine anticoloniale»( http://www.anticolonial.net/) est marquée cette année par de multiples luttes qui montrent que le colonialisme n'est pas seulement un des pires fléaux des siècles passés.
On s'est mobilisé ces dernières années pour la construction d'une mémoire commune, contre l'offensive idéologique de la droite sarkozienne, qui prétendait réhabiliter le colonialisme comme facteur de « civilisation», le Président osant même déclarer les peuples d'Afrique étrangers à l'Histoire. Les méfaits et les crimes de la « françafrique » sont révélés depuis plusieurs années avec notamment le courageux travail de l'association « Survie » (http://survie.org/ ). On a éventé le relent de pensée coloniale qui se dégage par exemple du mépris pour les jeunes des banlieues, des discriminations, de l'islamophobie, du refus de donner le droit de vote aux immigrés « non européens ». L a place des luttes des migrants et réfugiés sans papiers dans les luttes pour une nouvelle « mondialité » s'est affirmée avec la constitution d'un collectif international comme « Des ponts, pas des murs ». Le blocus et les massacres à Gaza ont horrifié et mobilisé contre un des pires crimes du colonialisme.
L'actualité vient de donner encore de nouvelles raisons de se rassembler dans cette semaine anticoloniale 2009.
Les luttes en Guadeloupe, à la Martinique, à la Réunion portent comme dans toute la France sur des revendications pour le pouvoir d'achat et l'emploi. Mais qui pourrait nier qu'il y a plus que des séquelles de l'exploitation colonialiste, dans la misère plus grande que leurs compatriotes de la « métropole », dans le racisme, dont souffrent les travailleurs de ces départements d'outre mer ?
Mayotte : assez de crimes en notre nom !
Dans la plus grande discrétion, le gouvernement prépare pour le 29 mars un référendum qui fera de
Mayotte un département d'outre mer. Or, l'occupation de cette île séparée par la force de l'Etat comorien est condamnée depuis plus de trente ans par l'ONU, comme par l'Union Africaine et la Ligue Arabe. Depuis qu'en 1995
Charles Pasqua a institué des visas
pour faire obstacles à la libre circulation des Comoriens originaires des autres îles de l'archipel vers Mayotte, plus d'un quart de ses habitants sont désignés comme des étrangers exploitables et expulsables à merci, aujourd'hui victimes des pires violences , sans aucune protection juridique. Des centaines d'enfants d'expulsés sont livrés à eux-mêmes, ou déportés vers d'autres îles. Des milliers de Comoriens qui tentaient la traversée « clandestine » pour rejoindre Mayotte sont morts noyés. Pourquoi cet acharnement à s'accrocher à cette « poussière d'empire », à 9000 kilomètres de Paris, au prix d'actes condamnables par le droit international ? Mayotte, hier fief des mercenaires de Bob Denard, est aujourd'hui base militaire, en particulier chargée de l'écoute et de la surveillance d'une partie du continent africain et du golfe de Mozambique. Cela saurait-il justifier le silence et les mensonges d'Etat sur cette forme de barbarie coloniale commise au nom de la France, en notre nom, dénoncée à l'Assemblée nationale par le député communiste Jean Paul Lecoq (http://www.groupe-communiste.assemblee-nationale.fr/ ) ? Samedi dernier, première initiative de la semaine, le colloque et le débat suite à la projection du film « Un aller simple pour Maoré » ont fait salle comble à Paris, un collectif s'est constitué contre la tenue du référendum et pour le respect des droits de la personne humaine à Mayotte, pour les droits du peuple comorien (informations à venir sur le site http://www.sos-comores.org/)
Le temps fort de convergence de toutes les luttes est la manifestation anticoloniale qui partira de l'esplanade des Droits de l'Homme, au Trocadéro, samedi 21 février à 14 heures. Un signe que le gouvernement craint que la vérité sur Mayotte soit connue de l'opinion et qui montre que la lutte anticoloniale est encore d'actualité au XXIéme siècle : samedi, la préfecture n'avait pas encore autorisé de manifestation, mais un simple rassemblement !

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