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40 mars 2016, Place de la République, Paris

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Nanterre en colère

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En 2017, changeons la politique !

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jeudi 13 novembre 2008

Comment rompre le silence de communistes et le silence autour des communistes ?


A quelques semaines du congrès national, au moment où commencent les assemblées statutaires qui vont remettre en chantier le texte devenu point de départ commun à nos débats, puis élire les animateurs du PCF dans les villes et les départements, il ne me paraît pas trop tard pour créer les conditions pour un débat et des décisions extraordinaires.


Nous avons fort à faire pour y parvenir. Comment rompre le silence de communistes, de cette moitié des cotisants qui ne se sont pas exprimés par leur vote à l'occasion du choix de la base commune de discussion ; comment entendre les adhérents, toujours plus nombreux, qui ne cotisent plus ? Comment rompre le silence sur le PCF, le silence des médias, et, encore plus préoccupant, celui de milliers d'homme et de femmes, qui, comme nous, qui sommes adhérents et cotisants de ce parti, sont acteurs de luttes à visées émancipatrices et sont en recherche de constructions politiques nouvelles ?

Il y a florilège de textes, individuels ou collectifs. Certains m'inquiètent, parce qu'ils proposent de refaire ce qui a historiquement échoué : un parti d'avant garde qui aurait des solutions toutes faites, auxquelles les autres forces vives n'auraient qu'à se rallier pour en finir avec le capitalisme. D'autres, tout aussi radicaux dans leurs critiques et leurs propositions, considèrent que ce congrès n'est pas le leur, se posant d'avance en excommuniés. Ils confortent ainsi la méfiance et l'anathème de communistes viscéralement attachés à la forme parti d'organisation, que ce courant de pensée voudrait dépasser en cohérence avec une conception nouvelle des luttes de classes et des dynamiques populaires, des rassemblements politiques à construire.

Je suis de ceux qui, ne se reconnaissant pleinement dans aucun des textes en circulation, avaient proposé que le texte soumis au travail des communistes intègre sur des points cruciaux des choix alternatifs, des fenêtres, afin que majoritaires ou minoritaires, toutes les idées soient sincèrement argumentées et poussées jusqu'au bout de leurs logiques et de leurs conséquences pratiques, choisies ou repoussées en toute clarté, et que de bout en bout le débat et les votes restent l'affaire de tous.


Mais désormais, nous avons une base commune, qui, et c'est heureux, n'a rien d'un plus petit dénominateur commun, puisqu'elle tranche, qu'elle oriente l'ensemble du congrès, sur des sujets cruciaux, en fonction de ce qu' une majorité du Conseil national retient comme constituant, à cette étape, l'opinion dominante des communistes telle qu'elle s'est exprimée depuis le choc des présidentielles. J'ai voté ce texte en toute conscience de ses insuffisances, des dangers de compromis qui le rendent frileux sur bien des questions, de sa tendance à mettre des mots nouveaux et ronflants sur des propositions de constructions politiques, des formes d'organisations du PCF dont nous avons déjà débattu et que nous avons déjà expérimentées. J'ai voté ce texte parce que, des trois proposés, il est cependant le seul qui ne cherche pas seulement dans un passé caricaturé des recettes pour être force utile, pour participer à changer le monde réel du XXI ème siècle.


Le contexte dans lequel se déroulent nos travaux est extraordinaire; l'électrochoc produit à l'échelle du monde par la crise historique du système capitaliste, des politiques et des idéologies néolibérales ; l'élection d'un président métis aux Etats-Unis d'Amérique et les barbaries des guerres, des crimes racistes, xénophobes, intégristes, dont les femmes sont parmi les première victimes; l'émergence de nouvelles puissances et l'accélération des périls mortels dûs au mépris des enjeux écologiques ; les luttes porteuses d'espoir en Amérique latine et la mise à mort des peuples d'Afrique...

Alors, de quoi allons nous discuter à notre congrès ? Surtout de l'avenir de notre parti, ou de celui du monde ? N'est-il pas urgent de redonner tout son sens au communisme, comme mouvement réel qui change l'état actuel des choses pour l'émancipation de la personne humaine, individuellement et collectivement ? N'y a-t-il pas, par exemple, du communisme au sens où nous le définissons depuis plusieurs congrès, dans les luttes animées par le collectif « des Ponts pas des Murs », même si ses animateurs principaux en Europe et dans le monde sont loin d'associer comme nous le faisons désormais le mot communisme à la chute des murs ?

La nécessaire mise à jour du texte doit bien sûr porter sur nos propositions économiques et sociales, à rendre compréhensibles et populaires, assez précises et concrètes pour en faire des objectifs réalistes pour les luttes et la construction de fronts populaires d'aujourd'hui. Ne sous-estimons pas l'importance des autres fronts tout aussi nécessaires, des autres batailles politiques et idéologiques à mener dans la perspective d'un dépassement du capitalisme mondialisé. Par exemple, les questions des migrations, des droits des migrants, de la régularisation des sans papiers, sujets de luttes du local au mondial, méritent sans doute plus qu'une lapidaire et timide référence aux travailleurs sans papiers.

Mais enrichir notre texte à partir de nos expériences diverses dans les luttes de résistances et des propositions que nous y portons, cela changera-t-il en soi le fait que dans cette crise systémique du capitalisme, pour l'instant, c'est celui dont toute la politique vise à sauver ce système en sacrifiant la vie des travailleurs et des générations futures, c'est Sarkozy, qui semble incarner le courage en politique ? Beaucoup a été dit de très attristant sur l'incapacité de la gauche d'offrir une alternative crédible, sur les conséquences pesantes de la dérive sociale- libérale des principaux courants du Parti socialiste et d'une majorité de Verts, sur le refus d'une majorité de la LCR-NPA de dépasser les formules faciles de la simple contestation et de travailler avec les partis de gauche qui ont participé à des gouvernements qui ont déçu.


La manière dont nous abordons la campagne des élections européennes peut enfin nous faire dépasser ce désespérant constat d'impuissance. La proposition est faite à toute la gauche qui ne se reconnaît pas dans la résignation façon social démocratie européenne d'accompagner la « révolution » réactionnaire de Sarkozy, à toutes les forces associatives, syndicales, citoyennes qui le veulent de se rassembler pour que des élu-e-s au Parlement européens soient porteurs de leurs luttes et de leurs propositions, autour d'un clair projet pour reconstruire l'Union européenne sur d'autres bases que celle des traités rejetés par l'opinion. Tout est à débattre, à co-élaborer, à égalité, jusqu'aux têtes de listes, avec la volonté de donner une dimension européenne, altermondialiste à la campagne. Le désarroi et les ruptures au Parti socialiste et à la LCR-NPA montrent que cette proposition arrive à un moment où nous ne sommes pas les seuls à vouloir du nouveau à gauche.


La base commune de discussion reflète-t-elle pour le moment un tel positionnement ? Certes, des formules peuvent y conduire. Mais mon sentiment est que nous buttons encore sur la peur que, mises vraiment en débat puis en commun, nos propositions transformatrices perdent de leur caractère « révolutionnaire », que nos partenaires soient par essence des traîtres en puissance. Mon expérience de militant du réseau Migrations-citoyenneté me porte à penser tout le contraire. Et puis l'expérience des élections locales montre bien que les élu-e-s communistes, quelles que soient leurs opinions sur le PCF tel qu'il est aujourd'hui, n'ont guère perdu leur âme en pratiquant depuis plusieurs années, et de plus en plus, des formes nouvelles de rassemblements et de démocratie, de travail d'équipe pluralistes. On peut d'ailleurs se demander si, sans ce travail, le PCF existerait encore comme force politique. N'est-ce pas un reste de notre matrice « marxiste léniniste » du début du siècle dernier qui est à mettre en cause dans notre manière souvent quelque peu vaniteuse de nous présenter à priori comme ceux qui, parce qu'ils sont militants du PCF, donc l'avant-garde éclairée, savent bien mieux que les autres ? Confronté à la réalité du « socialisme » façon soviétique du siècle dernier et à notre déroute électorale de ces dernières années, cela n'est sans doute pas pour rien dans l'image du passé qui nous colle à la peau et dont voudrions tant nous débarrasser . Bien sûr qu'il faut continuer à produire des idées, des propositions, en tous domaines. C'est un des rôles d'un parti politique. Et convaincre le plus grand nombre possible de gens de leur pertinence, faire un travail d'éducation populaire. Mais si on reste hésitants sur la réflexion, d'importance théorique au moins aussi grande, portant sur la nécessité de changer notre façon de faire de la politique pour rendre possibles leur mise en oeuvre, nous resterons, dans le meilleur des cas, perçus comme de sympathiques utopistes qu'on ne « calcule » guère quand on veut voter « efficace » aux présidentielles.


Un fil rouge à tirer dans notre travail sur la base commune pourrait donc être celui-ci : soyons des communistes actifs, utiles et modestes, qui créent l'événement en proposant à tous ceux et toutes celles qui le veulent de tout co-élaborer ensemble et à égalité pour constituer ensemble un front ( une force) à gauche, ayant l'ambition de créer une dynamique populaire pour dépasser le capitalisme en crise comme objectif, et la ferme volonté de battre la droite le plus vite possible.

Serait-ce l'engloutissement du parti des communistes, jusqu'alors souverains, dans une nuée, une multitude, qui se précipiterait pour s' accaparer leurs dépouilles ? Je ne le crois pas du tout. En revanche une chose me paraît sûre : le renouveau du PCF, même qualifié de « métamorphose », tel que la base commune nous le présente, manque sacrément de hardiesse pour aller dans ce sens. Plutôt qu'un énième appel aux hommes et aux femmes qui viennent d'autres horizons et cultures que nous (Ah bon, parce que nous on est nés tout armés communistes?) à reconnaître dans le PCF leur parti, interrogeons nous sérieusement sur comment et sous quelle forme, à tous les niveaux, une organisation communiste peut être vraiment utile comme acteur avec d'autres de la force ( du front, des fronts) de gauche à construire.


Des communistes, dans une récente contribution collective (1) qui a le mérite de cibler des débats de fond à mener à partir de la base commune, relancent aussi la réflexion sur le nom du parti. Je partage le souci qui est le leur de montrer ainsi, en accolant un nouveau qualificatif, encore à trouver, à communiste, de donner un signe de changement fort. Je crains que cela ne focalise à nouveau une partie du débat sur ce point qui à mes yeux n'est pas essentiel, au détriment des autres questions qu'ils soulèvent, notamment en nommant les enjeux de notre temps, pour favoriser l'appropriation de la discussion de congrès par tous les communistes.

Je pense qu'une nouvelle épithète ne changerait pas grand chose dans la perception que les gens ont de nous si elle ne correspondait pas à une vraie « métamorphose » de ce qu'est le PCF. Mais je sais qu'elles et ils, pour ce qui est de celles et ceux que je connais, y travaillent, et c'est l'essentiel..


En effet, pour risquer une mauvaise paraphrase d'une vieille citation : la philosophie a jusqu'à présent nommé (interprété) le monde, il s'agit maintenant de le transformer.


(1) http://www.humanite.fr/2008-11-10_Tribune-libre_Nommer-clairement-ce-que-nous-voulons

André Landrain, Nanterre, Hauts-de-Seine

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