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40 mars 2016, Place de la République, Paris

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Nanterre en colère

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En 2017, changeons la politique !

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dimanche 5 octobre 2008

Une belle occasion manquée

Le deuxième forum des quartiers populaires a-t-il répondu aux attentes, aux espoirs des centaines de participants qui sont passés ce week-end un moment au stade Jean Guimier de Nanterre ? L'impression est mitigée. Qu'ils soient venus de loin, Lyon, Avignon ou Marseilles, de Paris ou de sa banlieue, beaucoup, dimanche après midi, s'en retournaient dans leurs quartiers avec le sentiment que tout restait à faire. Le débat récurrent sur l'identité du fsqp , sur ses rapports avec une gauche systématiquement accusée de tous les maux, n'avait guère progressé en trois jours d'ateliers et de « grands débats ». Certes, des thèmes intéressants ont été lancés ou approfondis, comme l'idée de créer des médias de quartier pour changer l'image de la jeunesse des cités et faire entendre ses revendications. Les contacts pris, les échanges ont été utiles, à propos de la cause palestinienne, des rapports entre les jeunes et la police, du statut de la femme musulmane et ou encore des luttes des sans papiers. ..Mais malgré la cinquantaine d'associations qui appelaient au rassemblement et au débat, il semble que le petit collectif d'organisateurs n'ait pas su ou pas voulu créer les conditions d'un véritable élargissement du mouvement dont il est à l'initiative.

L'occasion pourtant était belle. Un contexte social caractérisé par la montée de fronts communs sur la question des salaires, des emplois, de la défense et de la démocratisation des services publics, sur fond de crise du modèle sakozien néolibéral et du capitalisme mondialisé, questions qui touchent évidemment la vie quotidienne dans les quartiers. De premières luttes victorieuses des travailleurs sans papiers, qui peuvent rendre populaires toutes les luttes pour les droits de tous les « immigrés », contre toutes les discriminations sociales et politiques. Ou encore les luttes pour le droit au logement, le droit à l'éducation de tous. Un quartier où habite Nordine Asnani, dirigeant du MIB et conseiller municipal. Une ville populaire, à la population métissée, à la vie associative très riche, comme le maire, Patrick Jarry ,l'a rappelé.

Mais faute d'invitations , avec seulement une poignée d'affiches et un stand il y a quinze jours au Forum des associations, ainsi qu'un étrange petit mot dans des boites à lettres s'excusant par avance du dérangement éventuel que le fsqp causerait ( !), très peu de Nanterriens se sont déplacés. Aucun syndicat, aucune force politique de gauche n'était à ma connaissance conviés en tant que tels.

Ce manque s'est senti particulièrement le samedi soir, lors du débat sur « mouvement des banlieues et gauche sociale ». Les organisateurs avaient annoncé José Bové, Patrick Braouzec. Olivier Besancenot, invités, et eux seuls, personnellement. Les deux premiers ne sont pas venus, le dernier s'est contenté d'une brève et muette apparition le lendemain matin ! Résultat : Annick Coupé, secrétaire de Solidaires, seule syndicaliste invitée, a dû se défendre de représenter à elle seule « la gauche sociale », et son idée de construire ensemble des espaces de proximité pour défendre les services publics n'a guère rencontré d'écho. J'ai eu à peine le temps de dire de la salle en tant que militant du PCF qu'en effet l'ouverture de tels espaces me paraissait à l'ordre du jour, qu'il fallait riposter sans attendre car les gens des quartiers souffrent, et que pour construire une gauche qui ne nous déçoive plus , il fallait que les habitants s'emparent des questions politiques, qu'ils soient ou non adhérents d'un parti. Une militante de province, après avoir rappelé sa défiance à l'égard de « tous les partis de gauche, et d' extrême gauche », a appelé à « organiser les gens pour qu'ils changent leur vie, pour changer le visage de la gauche et redonner de l'espoir ». Mais aux yeux de quinquagénaires, anciens de la marche pour l'égalité de 1984, qui tenaient le débat en main, nous étions manifestement hors sujet. Sur un ton souvent comminatoire, ils ont imposé le préalable de « régler les comptes avec la gauche », sur des questions comme la double peine, les violences policières, le colonialisme , ou le droit de vote des étrangers résidents non gagné sous Mitterrand et Jospin, tous les partis , tous les élus, étant mis dans le même sac. Ils ont laissé affirmer sans réagir des idées comme : « dans les quartiers il n'y a que des noirs et des arabes », ce qui rendrait complètement dépassée toute conception de la société se référant à la « lutte de classe  marxiste ». Cette ethnicisation à outrance des questions sociales répond sans doute à une montée des racismes et des exclusions, à la prégnance de l'idéologie sarkozienne. Elle risque sûrement de condamner le fsqp à la marginalisation, au regard des luttes sociales réelles qui se construisent aujourd'hui , mais qu'apparemment ses principaux dirigeants ne veulent pas mettre à l'ordre du jour.

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