Le nom proposé par le maire UMP de la Garenne-Colombes, et vice-président du Conseil général, pour le nouveau collège construit dans sa ville, soulève la révolte jusque dans les rangs de la droite. Ainsi, Christophe Conway, Conseiller municipal MODEM, a envoyé une lettre ouverte aux Conseillers Généraux des Hauts-de-Seine, dans laquelle il écrit :
« Vous allez prochainement être amenés à vous prononcer sur le nom du nouveau collège de La Garenne-Colombes. Le Conseil municipal de notre ville avait émis, le 28 janvier dernier, un voeu consistant à demander que ce nouveau collège soit baptisé du nom de Kléber Haedens, journaliste, critique et écrivain décédé en 1976. Ce voeu faisait suite a une proposition de monsieur Philippe Juvin, Maire de La Garenne-Colombes et Vice-président du Conseil Général qui souhaitait « que la Garenne-Colombes, ainsi que le Conseil Général, fassent oeuvre de souvenir en ramenant à la surface un auteur important de la littérature française »(cf. journal officiel de La Garenne-Colombes n°54). Il est d'ailleurs d'ores et déjà envisagé que l'ouvrage le plus connu de Kleber Haedens, « Une histoire de la littérature française », décrit par monsieur Philippe Juvin comme une oeuvre « critique et pleine d'intelligence », soit offert a tous les futurs collégiens de sixième comme "leur premier livre critique".(…)
En janvier 2008, cette proposition avait été rejetée par certains conseillers municipaux de l'époque. (…)Dès que l'on s'intéresse à l'histoire de Kleber Haedens, absolument toutes les recherches convergent immanquablement vers des écrits qui témoignent que Kleber Haedens a collaboré étroitement à la rédaction de journaux comme l'Action Française, Idées, Combat, l'Insurgé, Compagnons, Aspects de La France et le Nouveau Candide qui ont tous la particularité d'avoir véhiculé les idées du "nationalisme intégral" en même temps que le projet monarchiste de l'Action Française. On constate aussi que Kléber Haedens était proche de gens comme Charles Maurras, Michel Déon, Roger Nimier, Léon Daudet (qu'il admirait) ou Antoine Blondin et qu'il eut après-guerre pour directeur de publication un certain Xavier Vallat, le Commissaire aux questions juives de Vichy, qui fut l'instigateur de la politique antisémite de Vichy et condamné en 1947 à l'indignité nationale à vie.(…) »
Sur le site du MODEM de La Garenne-Colombes, on trouve une véritable enquête sur cet obscur plumitif de l'extrême droite antirépublicaine :
« Kléber Haedens, ce vieux briscard de l'Action française, figure emblématique de la Réaction entretenu dans une bulle d'alcool », disait de lui Jacques Lecarme (Les Hussards, Presses Sorbonne Nouvelle, 2000)(…)
Pendant la guerre, il collabore à une publication Vichyste, Compagnons, chargée de diffuser (en particulier auprès des jeunes) l'esprit et la morale de la Révolution Nationale de Philippe Pétain.
(…)En 1962, Kleber Haedens collabore au Nouveau Candide, un hebdomadaire destiné à promouvoir l'Algérie Française et dont un des autres chroniqueurs, Jean-Francois Steiner, deviendra l'animateur du comite de défense de Maurice Papon.
Quant à Une Histoire de La Littérature Française, le seul ouvrage connu de Kleber Haedens, il faut aussi savoir que (…) l'auteur s'y évertue à minimiser le talent et l'influence des philosophes des Lumières qui ont inspire la Révolution Francaise. (…)En 1998, l'Académicien Jean d'Ormesson, disait : « Il y a eu des histoires de la littérature française qui étaient des pamphlets. Je pense par exemple à celle de Kleber Haedens qui était amusante mais très à droite. C'était un ouvrage de combat »
On pouvait donc penser que la cause était entendue, et qu'un consensus républicain allait se faire autour d'un nom qui ne fasse pas polémique. Pourquoi pas, comme le propose le MODEM, celui de Jacques Tati , voire une appellation bucolique qui rappellerait le passé champêtre de la localité ? Mais c'était mal connaître les proches de Nicolas Sarkozy que sont les Balkany , Devedjian et autres Juvin. Des documents de travail portaient déjà, par anticipation, le nom maudit pour désigner le nouveau collège !
Que croyez-vous qu'allaient faire les Conseillers généraux UMP , largement majoritaires au Conseil général ?
L'an dernier, ils s'étaient opposés à ce que le nouveau collège de Nanterre porte le nom du grand sociologue algérien Abdelmalek Sayad, dont les travaux sur l'émigration sont largement consacrés à l'étude de la population des bidonvilles des années soixante à Nanterre. Malgré la demande des élus de la Municipalité et de nombreuses associations de la ville. Le prétexte ? ce nom aurait risqué…de faire polémique !
Ont-ils osé injurier une nouvelle fois notre mémoire commune en donnant à un collège de la République Française le nom d'un antirépublicain, malgré la polémique, qu'heureusement, une telle proposition déchaîne ?
La réponse est malheureusement oui.
Fallait-il donc encore prouver le profond mépris qu'en Sarkoland on manifeste pour la République, son école, ses professeurs, ses élèves et leurs parents ?
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